Jean Tremblay : Sorel-Tracy, une
marque de commerce
Le « programme électoral »
que présente Jean Tremblay est
surtout un document
d'orientations affirmatif à
saveur idéologique, pour
électeurs situés à droite du
spectre politico-économique. Ce
n’est pas un programme électoral
au sens traditionnel du terme. À
la limite, on pourrait même y
voir l’embryon d’une nouvelle
façon de penser la ville, comme
entité utilitaire pour citoyens
affairistes.
Essentiellement deux dimensions
y sont abordées :
l'entrepreneuriat privé comme
outil privilégié de
développement socio-économique
et un concept bancal, la "gestion
rigoureuse". Stephen Harper
et surtout Maxime Bernier
applaudiraient à tout rompre.
Entrepreneuriat
En matière de développement
économique, Jean Tremblay
privilégie surtout
l'entrepreneuriat privé.
Présentées comme une panacée,
les multiples contraintes
associées à l'implantation d'une
dynamique entrepreneuriale ne
sont pas abordées, en commençant
par la disponibilité en nombre
des entrepreneurs eux-mêmes. De
même, il ne présente pas cette
orientation sous l’angle d’un
profond changement de culture à
Sorel-Tracy et sa collision
prévisible et inévitable avec
notre actuel modèle de
développement économique,
représenté notamment par le CLD
Pierre-de-Saurel. De plus, Jean
Tremblay ignore le fait que le
« dynamisme
entrepreneurial au Québec est en
retrait de celui du Canada »
et que notre population locale
vieillissante n’est pas par
définition, portée sur le
lancement de nouvelles
entreprises.
Jean Tremblay sans réelle
explication, propose d'établir
un incubateur industriel et des
partenariats avec nos (grandes)
entreprises. Ces moyens
recouvrent une multitude de
facettes qu'il serait trop long
d'élaborer. Ceci étant, ces
concepts sont supportés par une
vaste littérature et s’il
s’agissait de recettes miracles,
plusieurs villes y seraient déjà
engagées, dont Sorel-Tracy.
Ce qui est très intéressant dans
le « programme électoral »
de Jean Tremblay, c’est ce qu’il
ne dit pas. Il s’y dégage une
énergie très forte et une
volonté manifeste de vouloir
prendre en main le développement
économique de notre région.
Laquelle a grandement manqué de
leadership en la matière. Il y a
donc une place à prendre qui est
actuellement libre.
Gestion rigoureuse
Jean Tremblay nous présente "Gestion
rigoureuse" comme un
territoire connu, mais il s'y
perd rapidement. Manifestement,
il est en développement pour ce
qui est de gérer et améliorer
les façons de faire dans une
organisation de 228 personnes
comme celle de Sorel-Tracy.
Laquelle est autrement plus
complexe qu’une petite
entreprise.
Par exemple, il pose l'hypothèse
erronée que 85% de dépenses de
notre ville sont
incompressibles. S'il est
raisonnable de penser qu'une
organisation de par sa mission,
renferme des dépenses de ce
type, il est tout aussi erroné
de se cantonner dans ce
paradigme. Les organisations
sont par nature, des bibittes
construites selon des processus
de travail horizontaux. Une fois
compris ce phénomène qui
n’apparait pas dans les
organigrammes, la barrière du "85%"
tombe et tout s’étale sur la
table en termes de
rationalisation des opérations.
Autre orientation discutable,
Jean Tremblay introduit le
concept de "gaspillage zéro"
comme mode gestion de l'appareil
municipal. On sait et la
littérature est abondante sur le
sujet, qu'il s'agit surtout d'un
état d'esprit en matière
d'amélioration continue. Tel que
présenté dans ce « programme
électoral », cette façon de
faire suggère son corollaire, le
"zéro défaut". Ce dernier
induit alors le "zéro risque"
et finalement, le "zéro
mouvement" c.-à-d. des
employés sclérosés par la peur
de faire des erreurs. Ce qui est
le contraire absolu de l'effet
recherché. Prudence.
Par ailleurs, la démarche
d'amélioration continue proposée
pour notre appareil municipal,
si elle intéressante sur le plan
de l’idée et du concept, souffre
elle aussi des mêmes défauts
d’intention. Globalement, une
administration publique complexe
où l'on retrouve une proportion
importante d'ouvriers manuels
multitâches, n'est pas une
chaine de production où l'on
fabrique un seul et unique
produit de façon répétitive.
Prudence.
Lecture suggérée :
La qualité, c’est gratuit,
Phillipe Crosby, Économica,
1999, 313p. Un classique.
Collaboration
Section intéressante, c'est ce
qui s'approche le plus d'un
programme électoral. On sent que
Jean Tremblay veut ici aussi,
résolument
s’engager au lieu de simplement
s’impliquer.
C’est excellent.
On y retrouve notamment une idée
forte : améliorer l’image de
notre ville. Cependant,
l’impression laissée est que la
réputation de notre ville est
finalement un problème mineur,
qui se réduit au spectacle
déplorable des séances
télévisées du conseil
municipal.
Leadership et vision
« Je vois un milieu prospère
qui ne laisse personne en
compte ». Généralement, un
énoncé de vision frappe
l’imagination (ex. : le Maître
chez nous de Jean Lesage). Ce
que nous propose Jean Tremblay
est commun au sens où tous les
politiciens de la Terre
pourraient en revendiquer la
paternité, à gauche comme à
droite. Jean Tremblay devra
développer une pensée plus
originale s’il veut une adhésion
à ses idées.
Conclusion
En introduction de son « programme
électoral », Jean Tremblay
écrit : « Je suis pourtant
convaincu que je suis le seul
qui possède l’expérience, la
crédibilité et la vision qui
fera de Sorel-Tracy la ville
dont nous rêvons tous. »
Donc, apprenons que la ville de
Sorel-Tracy est divisée en
deux : Jean Tremblay et les
autres. Pour un candidat maire
qui dévolue un chapitre complet
de son « programme électoral »
à l’idée de « collaboration »,
cela sonne drôle.
Pour ce qui est de l’expérience
qu’il s’autoproclame posséder,
Jean Tremblay nous démontre
seulement qu’il se gouverne en
fonction d’une idéologie de
droite, basée sur
l’entrepreneuriat et donc,
l’entreprise privée comme
finalité de notre vie
communautaire. Une ville, c’est
beaucoup plus que ça, tout en
sachant (c’est le cliché
classique) que pour distribuer
de la richesse, il faut la
créer.
La crédibilité ne s’attribue
pas. Elle est exclusivement
donnée par nos pairs. Elle est
fragile. Elle prend des années à
se construire et peut nous être
retirée en une fraction de
seconde, en un clic de souris.
La vision d’une prospérité
collective accrue proposée par
Jean Tremblay ne peut que
susciter l’adhésion. Cependant,
sur la maîtrise de celle-ci et
les moyens proposés pour y
arriver, il y a encore
énormément de travail à faire
pour ce candidat maire plein de
volonté.
Note :
J’ai modifié le
Saurel – O – Mètre électoral
2013 en conséquence.
Cette chronique complète donc le
cycle d’analyse des programmes
électoraux des candidats maires
2013 de Sorel-Tracy, à
l’exception de Réjean Dauplaise.
Ces programmes sont
exclusivement les documents
papier disponibles (incluant les
sites internet) des candidats
maires, comme reflet de leur
pensée. J’espère que le tout
vous a été utile.
Important et
fondamental : le 3 novembre
2013, on vote en masse.
Jocelyn Daneau
Courriel :
jocelyndaneau@gmail.com
Blogue - Sorel-Tracy dans
l’univers :
http://wp.me/2JVSB
Saurel-O-Mètre
électoral 2013 - SOME 2013
Explications :
http://wp.me/P2JVSB-2S
Grille d’analyse
(résultats) du SOME 2013
– Version 8 (9 octobre
2013)
Voir :
http://jocelyndaneaudotorg.wordpress.com/?attachment_id=930
Lecture
suggérée :
François Lambert de passage à la
Maison de la musique
La passion des
affaires d’un dragon,
le 2 Rives, 18 octobre 2013. |