Gilles Lemieux : jouer bien à
l’intérieur de nos moyens
Analyser un programme électoral
implique a priori d’en découvrir
la clé de lecture. En ce sens,
comme les politicologues un peu
philosophes que je tente souvent
d’imiter, la première question
qui m’est venue à l’esprit en
lisant le
programme électoral 2013 de
Gilles Lemieux
a été : « Est-ce que
Sorel-Tracy est plus
grande que la somme de
ses citoyens ou est-ce que
Sorel-Tracy est égale
à la somme de ceux-ci ? »
Dans le premier cas, nous nous
retrouvons généralement avec des
gouvernements de centre gauche
qui ont tendance à vouloir se
substituer à la responsabilité
individuelle des citoyens, en
s’insinuant sans cesse dans leur
vie quotidienne (ex. : France,
Québec). Dans le second cas,
c’est la responsabilité de
l’individu qui prime et celui-ci
est réputé être le meilleur juge
de ce qui lui convient (ex. :
États-Unis, Alberta).
Le tout transposé au niveau
municipal, sans gauche/droite,
nous amène à la métaphore du
moteur à gaz pour illustrer deux
types de candidats. Il y a ceux
qui pensent que le moteur
nécessite un « tune-up »
généralisé pour le bien de tous.
Pour eux, le moteur ne doit pas
seulement nous amener à bon
port, il faut qu’il soit aussi
excellent, performant et
gagnant. Pour eux, la ville –
Sorel-Tracy – est plus grande
que la somme de ses citoyens.
C’est un lieu où s’épanouir
(ex. : Régis Lebeaume).
À
l’opposé, il y a ceux qui vont
se contenter de mettre du gaz
dans le moteur, en disant
quelques fois à juste titre que
tout est en ordre. Ils vont donc
simplement suivre le programme
d’entretien du manufacturier.
Pour eux, leur ville n’est que
la somme des citoyens qui la
compose. C’est un lieu pour
vivre et dormir (ex. : Réjean
Dauplaise).
La nature du moteur à utiliser
devient donc une question
hautement stratégique, dans un
monde de plus en plus complexe
et concurrentiel. En ce sens,
dans un contexte de course
mondiale notamment aux
investissements, le choix peut
se résumer de façon simple : un
morne et discret Corolla* ou un
fringant et spacieux RAV4 ?
Manifestement, Gilles Lemieux
nous propose un Corolla pour
nous promener parmi le concert
des villes.
Il veut
simplement faire les séries,
gagner la coupe Stanley n’est
pas son objectif.
On sent que Gilles Lemieux avec
ce programme électoral, essaie
d’en couvrir le plus large
possible sans sortir des
sentiers battus. Ce faisant,
certaines cibles sont ratées ou
atteintes partiellement et
d’autres sont mentionnées
uniquement pour la galerie
(ex. : le développement
durable).
En matière de finance
municipale, il nous indique
vouloir : « Réduire
l’augmentation du compte de
taxes sous l’inflation ».
C’est intéressant. Mais cela ne
nous donnera pas une fiscalité
urbaine concurrentielle avant
longtemps, sachant que la
performance financière de notre
ville est déjà en retrait de
celles des villes de
comparaison.
D’ailleurs, on
retrouve ce manque d’ambition
dans le slogan : « Bâtissons
ensemble notre ville au rythme
de ses citoyens ». Un maire
doit être en avant de la parade,
pas dans celle-ci. On ne peut
pas attirer des (jeunes) gens et
les garder dans notre ville si
on n’a pour elle, qu’une
ambition limitée. En bout de
piste, ce slogan prend un sens
particulier si on considère que
nous avons à Sorel-Tracy, une
population proportionnellement
plus vieille que la moyenne
québécoise.
Trois absences de taille dans ce
programme électoral. Rien sur
notre 375e
anniversaire qui vient et le
problème fondamental de notre
identité collective comme
Saurelois. Rien sur le
développement économique, sauf
la mention d’un projet qui ne se
fera jamais: le prolongement de
la 30 en direction de
Trois-Rivières et ce, à cause de
sa rentabilité économique
douteuse. Un décevant rien ou
presque, sur le dossier
hautement stratégique de
l’amélioration de notre
réputation et de notre image de
marque comme ville.
Les bons coups : une révision en
profondeur de notre appareil
municipal et de nos relations
avec la MRC Pierre-de-Saurel. De
même, une attention particulière
en termes de gouvernance sera
portée aux argents que la ville
attribue aux organismes
communautaires.
Gilles Lemieux nous propose une
section complète sur "La
vision" de notre avenir.
Cependant, l'ensemble manque de
hauteur, de souffle et
d'énergie. C'est comme s'il
s'était senti obligé de se
commettre sur le sujet. C'est
comme s'il jouait pour la "nulle".
Globalement, ce programme
électoral saura satisfaire une
clientèle qui croit que notre
ville est dans une position
correcte, nécessitant quelques
améliorations. Ceux et celles
qui croient qu’une ville, ce
n’est que de la voirie. Ceux et
celles qui veulent que leur
ville soit avant tout, un compte
de taxes et non pas un milieu de
vie dynamique.
En conclusion, ce programme
électoral est recevable comme
carte de visite. Il faut donc
féliciter Gilles Lemieux et ses
collaborateurs pour ce résultat,
eux qui ont fait ces choix
qu’ils nous présentent. En ce
sens, le
Saurel-O-Mètre électoral 2013
a été modifié en conséquence.
Cliquez ici pour
consulter le SOME
Autres
modifications au SOME 2013
Le
SOME 2013
a aussi été modifié pour
madame Corina Bastiani au
niveau du « savoir-faire »,
passant d’une cote de « 4 » à
« 6 ». Effectivement, j’ai
assisté ce vendredi 20 septembre
2013 au lancement de la campagne
du parti d’Aujourd’hui. J’en
profite donc pour souligner
l’excellence et le dynamisme de
l’organisation de campagne mise
en place. C’est une preuve
éloquente que madame Bastiani
est capable d’exercer du
leadership et de l’affirmer dans
la durée.
Pour les volets
« savoir-être » et « vision »
du SOME 2013, c’est cependant le
statu quo.
Lors
de ce lancement, j’ai porté une
attention particulière aux
propos publics de madame
Bastiani c.-à-d. son discours.
Je voulais valider in situ
mon jugement. Moment phare pour
elle, l’ensemble manquait de
limpidité et de maîtrise.
Son discours
était pour moi, comme une
entrevue finale d'embauche en
vue de lui donner une promotion.
Ce ne sera pas pour cette année.
L'ensemble manquait de nouveau
de cette profondeur que seule
amène la maturité. Celle qui
donne de la crédibilité et
inspire confiance.
En ce sens, son
imaginaire de ce qu’est notre
ville n’a pas encore trouvé son
chemin pour devenir une pensée
et une vision cohérentes,
maîtrisées et ancrées dans une
compréhension fine de ce qu’il
convient de faire concrètement.
Seuls le temps et un
accompagnement (« coaching »)
adéquats pourraient en permettre
l’aboutissement.
Idem pour
madame Michèle
Lacombe-Gauthier, le volet
« savoir-faire » passe de
« 5 » à « 6 ». Le tout pour
souligner le fait qu’elle a su
rassembler autour d’elle, une
équipe de candidats
indépendants.
Jocelyn Daneau
Courriel :
jocelyndaneau@gmail.com
Blogue -
Sorel-Tracy dans l’univers
:
http://wp.me/2JVSB
Saurel-O-Mètre
électoral 2013 - SOME 2013
Explications :
http://wp.me/P2JVSB-2S
Grille d’analyse
(résultats) du SOME 2013
– Version 6 (23
septembre 2013)
Voir :
http://wp.me/a2JVSB-cM
*
L’auteur de cette chronique a
possédé des Toyota Corolla à
partir de 1986 avant d’opter
pour un RAV4, en mars 2013. |