7 avril 2014 - On
vote : quelques impressions
La campagne
électorale québécoise arrive à
son terme. Elle sera connue dans
les livres d’histoire comme
celle du « Garrochage de
Bouette » à
l’américaine. Moment charnière
de notre vie d’Hommes et de
Femmes libres dans une
démocratie parlementaire, les
dernières semaines ont surtout
permis à tout un chacun par RDI/LCN
interposé de s’invectiver et de
s’accuser à qui mieux mieux.
Par chance, les
derniers jours ont fait place à
plus de civilités au bénéfice
des citoyens. Mais globalement,
le politique ne sortira pas
grandit de l’exercice même si
dans Richelieu, nos candidats
députés se sont comportés de
façon nettement plus civilisée.
Je vous propose donc un petit
tour des lieux en quelques
impressions, tant au niveau
national que local qui je
l’espère, alimenterons votre
réflexion en vue du vote, si ce
n’est pas déjà fait.
Au niveau
national
Le résultat de
l’élection ne peut s’expliquer
que par le biais du déroulement
de la campagne électorale du
parti Québécois, ce parti au
pouvoir partit favori le 5 mars
2014 pour former un gouvernement
majoritaire. C’est le poing levé
indépendantiste, genre
révolutionnaire gauchiste du
très capitaliste Pierre-Karl
Péladeau qui a été le point de
départ de la descente aux enfers
du PQ, du moins dans les
sondages. Empêtrée dans son
discours contradictoire de
promotion du « NON au
référendum », Pauline Marois
est apparue l’espace de deux
débats comme non
Première-ministrable.
On a bien tenté
de sauver les meubles avec la
Charte de la laïcité en
stimulant le nationalisme
primaire des Québécois de souche
francophones, en criant au loup
invisible, en instrumentalisant
une Jeanette Bertrand aux propos
inappropriés et en lâchant « lousse »
le démagogue en chef du PQ,
Bernard Drainville, pour finir
honteusement en invoquant le
recours à la clause dérogatoire.
Le résultat a été vain, cette
Charte adresse un problème qui,
sauf particularité, n’existe
pas. C’est comme crier au
réchauffement de la planète dans
un hiver qui ne finit pas.
La campagne a
finalement culminé dans la
panique avec des promesses
contre nature péquistes de
baisses d’impôt. Je ne donnerai
pas une bonne note à madame
Marois pour cette campagne
électorale. Mais avouons que les
stratèges du PQ ont été
pitoyables. Peu importe le
résultat ce lundi soir, dans la
Péquisterie d’une longue
tradition de manieurs de
poignard, les comptes se
règleront sans élégance;
implosion à prévoir, PKP n’est
jamais un second violon.
Si le parti
Libéral est porté au
pouvoir, ce sera par défaut.
Philippe Couillard n’a
finalement de crédibilité comme
chef et peut-être comme futur
premier ministre, que son
auréole de médecin. Gagnant du
premier débat, il s’est enfargé
dans le second, notamment sur la
question de la langue et de son
intégrité.
Dans une société
normale, les Libéraux devraient
encore être sanctionnés pour
leurs écarts de l’ère Charest,
surtout que le cœur de l’équipe
Libéral est toujours le même. Ce
parti politique ne s’est pas
renouvelé. Nommez-moi une idée
originale Libérale qui n’a pas
été volée aux autres. Les
Libéraux ont seulement prouvé
une chose au cours du dernier
mois, si besoin était, c’est
qu’il est toujours vrai que l’on
est fort de la faiblesse des
autres.
La Coalition
Avenir Québec a eu un 18
mois difficile comme parti
d’opposition. Donné comme mort
en début de campagne ainsi que
François Legault, ce parti
renait graduellement de ses
cendres. La grande force de la
CAQ et de son chef? Ils sont
restés fidèles à ce qu’ils ont
toujours été. La grande
faiblesse de la CAQ? Trop
promettre trop vite au pays du
rigide modèle Québécois. Il
serait surprenant qu’il nous
refasse le coup de Jack Layton
en émergeant comme gouvernement.
Ceci étant, le Québec serait
peut-être dû pour une bonne dose
de réalisme Caquiste.
Je vous confie un
secret, Françoise David de
Québec Solidaire, c’est mon
fantasme. Elle dit OUI à tout,
tout le temps, dans un monde de
gratuité. Avec Françoise, tout
coule, aucune retenue, il n’y a
jamais de maux de tête...
financiers. Ce sont toujours les
autres qui payent. Québec
Solidaire, c’est la pensée
magique. Dehors les fourmis,
c’est le règne de la cigale
Françoise.
Au niveau local
L’enjeu majeur de
la campagne électorale dans
Richelieu n’a pas été l’emploi,
l’intégrité, le développement
économique, le référendum ou je
ne sais quoi. Ce sont des
artifices, tous nos candidats
députés s’y sont accrochés.
L’enjeu majeur
chez nous comme probablement
dans plusieurs comtés a
simplement été la vertu.
Considérant
qu’une grande partie des
électeurs votent en fonction des
chefs et des partis nationaux,
que reste-t-il pour différencier
les candidats députés?
Considérant aussi que les
électeurs font souvent peu de
différence entre les notions
politiques de gauche et de
droite et qu’une fois élue, les
gouvernements se gouvernent au
centre, comment faire la
différence d’un candidat député
à l’autre? Considérant que les
candidats députés ont peu de
moyens médiatiques pour se
différencier auprès des
électeurs et que les politiciens
ont souvent mauvaise presse
auprès d’une grande partie de
ceux-ci, comment séparer le bon
grain de l’ivraie? En fait, il
ne reste que la
vertu c.-à-d. les
dispositions d’un être humain à
accomplir moralement une tâche.
Voter pour Élaine
Zakaib, c’est acheter
fondamentalement un savoir-faire
économico-technocratique
confirmée. Son grand défi sur le
plan du rôle sera de développer
un esprit « Richelieu »
de nature stratégique, qui a
quelques fois fait défaut au
cours des 18 derniers mois.
Voter pour Alain
Plante, c’est surtout choisir un
bon monsieur, une bonne
personne. C’est choisir un homme
qui comprend intuitivement les
enjeux du comté de Richelieu.
Son grand défi sera d’être
capable de restituer cette
compréhension sous la forme
d’une vision cohérente de notre
devenir avec les moyens et
surtout, les gestes afférents.
Voter pour Martin
Baller, fondamentalement un
inconnu, c’est choisir avant
tout un homme de savoir-être.
C’est choisir celui qui pourrait
être un formidable commis
voyageur pour la région. Son
grand défi sera de rapidement
connaître l’esprit et la lettre
de « Richelieu », ses
codes, ses faiblesses et ses
forces pour transposer
rapidement le tout en actions
concrètes, porteuses et
réalistes, parce que la
concurrence ne nous attendra
pas.
Voter ce lundi 7
avril 2014, c’est surtout
prendre ses responsabilités de
citoyen.
Voter, c’est
comprendre que nous vivons sur
une terre magnifique malgré les
turpitudes de la vie.
Voter, c’est
affirmer sa confiance dans nos
institutions et dans l’avenir de
notre société distincte, sise
sur l’unique terre française en
Amérique, un héritage que nous
devons préserver sans compromis
et faire rayonner.
Jocelyn Daneau
jocelyndaneau@gmail.com
Dans Le Devoir,
un intéressant bilan de campagne
avec une grille des principaux
enjeux :
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/404680/bilan-de-campagne?utm_source=infolettre-2014-04-05&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne |