Rendez-vous avec
Élaine
“… if the only
tool you have is a hammer,
to treat everything as if it
were a nail.”
*
Abraham Maslow, 1908-1970
On le sait, le
pouvoir a horreur du vide. C’est
aussi le cas en matière de
développement économique. C’est
pourquoi notre député ministre
madame Élaine Zakaib a
finalement
décidé de prendre le leadership
de la région en la matière,
en appelant la tenue d’un
forum économique régional.
Exit, le concept électoraliste
d’économie forte et réinventée
de Serge Péloquin.
Certes, l’amorce
de la présente campagne
électorale n’est pas étrangère à
ce geste. C’est comme joindre
stratégiquement l’utile à
l’agréable, le nécessaire à
l’électoral. Mais globalement,
nous devons féliciter madame
Zakaib pour cette initiative
visant à secouer nos structures
de développement économique
régional, qui depuis trop
longtemps sont statiques et
ancrées
dans leurs
certitudes.
En ce sens,
Abraham Maslow père de
l’immortel concept de « pyramide
des besoins » nous
ferait une mise en garde,
issue de l’une de ses célèbres
métaphores, celle du « marteau
(hammer) » : « Si ce
forum est noyauté par notre
élite traditionnelle, elle aura
tendance à fournir les mêmes
réponses peu importe les
questions, ne serait-ce que pour
justifier ses actions passées et
ses privilèges. »
Ce qui nous amène
à la première question
fondamentale que doit soulever
l’organisation de ce forum :
la définition de son mandat.
Cet aspect est stratégique. Par
exemple, on sait qu’en matière
de démarche de résolution de
problème, la définition de ce
dernier est une étape cruciale.
Autrement dit, un mandat
adéquatement ciblé et bien
défini, bien compris et partagé
en tant que tel par l’ensemble
des intervenants est un
passeport vers le succès.
Sur cette base,
si l’idée de « forum
économique régional » est
intéressante, elle n’est pas
optimale. Il nous faudra
impérativement élever le niveau
de notre jeu et développer une
vision
holistique de notre région
c.-à-d. une vision d’ensemble
qui sera englobante et porteuse.
Par exemple, il faut aller
au-delà de l’utile, mais
traditionnelle activité de
développement des terrains
industriels pour aussi adresser
des problématiques comme la
réputation difficile de notre
ville et de notre région
comme milieu de vie. Par
exemple, il faudra se
questionner sur la rentabilité
socio-économique de notre modèle
de
développement durable basé
sur l’Agenda 21 local. Une
démarche qui a peu de
signification pour la grande
majorité de nos concitoyens et
qui avec les années,
cherche ses repères.
Je suggère donc
de faire porter le thème de ce
forum sur l’idée
socio-économique d’un « Vivre
ensemble ». Par exemple,
« Vivre ensemble dans la
région de
Saurel », homme et
femmes de toutes générations …
L’un des dangers ici, c’est de
se disperser. Ceci étant, on ne
pourra arriver à un résultat
d’avenir, sans adresser
globalement c.-à-d. de façon
organique,
l’ensemble des défis auxquels
fait face notre ville et notre
région. Cela sera donc le grand
défi de madame Zakaib qui devra
pour l’occasion, se définir
surtout comme députée en
laissant son chapeau partisan de
ministre péquiste au vestiaire.
Elle qui veut
chasser 300 gazelles à la fois,
voyons voir sa capacité à
identifier et atteindre des
cibles dans SA région.
Ce « Vivre
ensemble » ne saurait se
définir sans la maîtrise d’un
ensemble de paramètres, allant
de la connaissance de notre
milieu interne à celle de notre
contexte externe. Dans ce
dernier cas, les fonctionnaires
du gouvernement du Québec qui
nous supporteront dans
l’exercice seront d’une grande
utilité. Cependant, passage
obligé, nous devrons faire sans
complaisance comme ville et
région, un profond diagnostic de
ce nous sommes,
forces et faiblesses
incluses. Parce que c’est le
portrait que nos concurrents
voient, quand ils nous
regardent.
Nous devrons donc
nous regarder dans le miroir,
longtemps et profondément, comme
un adolescent qui cherche des
réponses à l’orée de sa vie
d’adulte. Cet exercice ne doit
pas en être un d’automutilation
sociale. Mais à l’opposé, il ne
doit pas en être laissé à de
jovialistes porteurs de lunettes
roses. Il devra être réalisé de
façon rigoureuse, afin de mettre
le présent en phase et au
service d’un futur que nous
voulons nous dessiner.
Autre grand défi
dans la mise en œuvre de ce « Vivre
ensemble », il faudra comme
le suggère implicitement le « marteau »
de Maslow, solliciter les forces
vives SILENCIEUSES de
notre communauté. Je pense à
ceux et celles qui sont
professionnellement occupés ici
et ailleurs et qui détiennent
des connaissances et un
savoir-faire, qu’ils pourraient
nous partager gracieusement, si
on se donnait la peine de leur
demander formellement.
À l’opposé, de
façon non péjorative, il faudra
éviter de donner un rôle
disproportionné comme c’est
souvent le cas à Sorel-Tracy,
aux représentants des « milieux
de vie » c.-à-d. tous ces
gens bien intentionnés qui
monopolisent régulièrement les
débats à leur profit, en jouant
sur notre sentiment de
culpabilité.
De même, autre
écueil qu’il faudra éviter, les
résultats de type : « Du
Pepsi pour tout le monde ».
C’est dans la nature des choses,
les fonctionnaires du
gouvernement du Québec qui
seront partie prenante de la
démarche, auront tendance à
demeurer à l’intérieur de leur
paradigme. Autrement dit, nous
devons développer une démarche
et ce faisant, une pensée
originale et ne pas nous
laisser imposer une
solution copie collée du type
CLD Argenteuil.
Cette pensée
originale devra s’articuler
autour de ce que pourrait être
demain, notre environnement
socio-économique. Par exemple,
on sait que nous entrons de
plain-pied sans possibilité de
retour, dans l’économie
numérique. Celle-ci aura des
caractéristiques qui nous sont
étrangères pour plusieurs. Par
exemple, il sera de moins en
moins requis que les moyens de
production (ex. : machine-outil
de type fraiseuse) d’une
entreprise soient localisés au
même endroit. La numérisation
délocalise la production des
biens et en dématérialise la
conception. Pourtant, à
Sorel-Tracy, nous en sommes
toujours à nous focaliser sur
l’acquisition traditionnelle de
terrains industriels, comme base
de notre stratégie de
développement économique
(Suggestion d’écoute : entrevue
de madame Caroline Gagnon,
commissaire industrielle,
FM 101,7, 13 février 2014).
Question : y a-t-il au CLD
Pierre-de-Saurel, un responsable
du dossier de l’économie
numérique?
Globalement, la
démarche qui s’amorce est une
occasion de revoir notre modèle
de
développement économique
régional devenu obsolète. Il
ne s’agit pas de jeter le bébé
avec l’eau du bain. Mais de
garder ce qui est porteur (ex. :
écologie industrielle) pour lui
donner un second souffle, une
nouvelle orientation.
De même, cette
réflexion doit nécessairement
porter sur un diagnostic complet
de notre principal outil de
développement économique
régional : le CLD Pierre-de-Saurel.
Nous ne saurions affronter les
défis économiques qui
s’annoncent sans nous
questionner sur les façons de
faire et donc, la performance de
cet organisme. Ne pas le faire
serait une erreur tant
stratégique que de gouvernance.
Il faut que l’outil soit adapté
à la vision.
La réflexion et
l’analyse précèdent toujours
l’action. L’inverse n’est jamais
vrai, sauf sous certaines
conditions exceptionnelles. Il
importe donc de réfléchir
avant d’agir. Une fois cette
réflexion faite, il faut
résolument s’engager dans
l’action, avec une vision et des
moyens partagés par tous.
Jocelyn Daneau
Courriel :
jocelyndaneau@gmail.com
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