Mike Bossy
n’aimait pas affronter les
Éperviers de Sorel
À l’époque où
j’étais annonceur-maison aux
matchs locaux des défunts
Éperviers de Sorel dans la LHJMQ,
je devais rencontrer
l’instructeur adverse avant
chacune des parties pour y
recueillir son alignement. Je me
souviens lorsque le National de
Laval nous rendait
visite.
L’instructeur Jacques Saint-Jean
me voyait venir de loin avec ses
grands yeux. À quelques
reprises, il rayait de
l’alignement son as pointeur,
Mike Bossy. Il me le disait
clairement et sans gêne. « Je ne
suis quand même pas dupe. Je ne
le lancerai pas dans la fosse
aux lions avec le risque qu’il
soit blessé ! ».
J’en avais jasé à quelques
reprises avec Mike dans le temps
et ils abondaient dans le même
sens que son coach. Rares sont
les adversaires qui aimaient se
frotter aux Éperviers, surtout à
domicile. Par conséquent, les
amateurs de hockey locaux, les
vrais, se voyaient privés de
l’un des meilleurs buteurs du
circuit et future étoile de la
LNH.
Samedi dernier, mon confrère
journaliste Marc DeFoy, avec qui
j’ai eu le plaisir de travailler
au journal Sport Illustré, une
publication disparue
aujourd’hui, rapportait dans
l’une de ses chroniques du
Journal de Montréal, les propos
de Mike Bossy, qui prône depuis
longtemps l’abolition des
bagarres chez les
professionnels.
Une vieille rengaine que les
hauts dirigeants ne veulent pas
entendre, de peur de perdre des
gens aux guichets qui
recherchent cet aspect lors des
rencontres.
Bon, disons que les nouveaux
Éperviers de Sorel-Tracy
réalisent que le public sorelois
raffolent des bagarres car avec
la signature récente de Jon
Mirasty, qui n’a certes pas
quitté l’Ouest canadien pour des
peanuts, n’a sûrement pas été
embauché pour ses talents de
marqueur.
Voilà un geste qui démontre
clairement un retour en arrière.
Si les dirigeants de ce circuit
voulaient abolir les bagarres,
ils voteraient un règlement en
ce sens. Force est d’admettre
qu’eux aussi acceptent les
combats en autant que ça
rapporte de l’argent aux
guichets.
Le hockey est l’unique sport où
les bagarres sont acceptées. On
a beau fournir toutes les
raisons pour défendre l’aspect
contraire mais il n’y a rien à
faire. Malheureusement, il
faudra un incident fatal pour
que les règlements tant attendus
fassent leur apparition.
C’est comme partout ailleurs.
Quand des témoins disent qu’une
route est dangereuse, on attend
l’accident meurtrier pour
solutionner le problème. Au Lac
Mégantic, les gens craignaient
depuis belle lurette un désastre
dans leur ville à cause du
chemin de fer. Personne ne
bougeait jusqu’au moment où les
wagons ont explosé.
La nature humaine est ainsi
faite. Toutes les raisons sont
bonnes pour approuver les
bagarres lors des matchs de
hockey jusqu’au jour où on
comprendra que de telles
séquences avaient comme but
essentiel d’apporter de l’argent
dans les poches des décideurs.
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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