Dominic
Arpin m’a servi une grande leçon
de vie
Quand il a ouvert
la porte de sa maison, il s’est
écrasé sur la première chaise
qui se pointait devant lui. Il a
laissé échapper un grand soupir
et m’a regardé droit dans les
yeux. Il m’a alors dit : « Hey
Dan, tu te rends compte, il y a
cinq mois, j’étais sur la table
d’opération à l’hôpital ! ». Une
petite phrase mais combien
lourde de signification.

On sait tous ce qu’il a dû
traverser. Dominic Arpin est un
ami de longue date. Il aura fait
preuve d’un courage hors du
commun, d’une immense
détermination et d’une ténacité
exceptionnelle. Oui, il a
souffert, beaucoup même. Vers la
fin, il ressenti une grande
douleur au dos. Je me suis
vraiment inquiété. Après un
court arrêt, il est reparti sans
ne plus jamais s’arrêter.
Son exemple en a inspiré
plusieurs. Je l’ai vu et entendu
le long du parcours, j’ai pu le
constater sur les réseaux
sociaux. Abasourdi, je n’en
revenais tout simplement pas de
sa grande démonstration. Lorsque
nous avons franchi la ligne
d’arrivée, une jeune fille, les
yeux émerveillés, s’est
approchée de lui. Il fallait
qu’elle lui dise combien elle
l’admirait d’avoir couru ce
marathon. Elle avait tellement
raison.
Dominic croyait ressentir de
l’émotion lors des derniers
kilos. « J’étais trop en
douleur. Je tentais juste de me
concentrer à finir ». Que dire
de la présence de son grand ami,
le caméraman Martin Bouffard (à
gauche sur la photo) de
Radio-Canada qui avait réservé
toute une surprise à Dominic.
La veille du marathon, il lui a
envoyé un message texte pour lui
annoncer qu’il l’accompagnerait
dans son marathon. Martin
s’était entraîné pour cette
mission sans aviser Dominic.
Vous vous imaginez le bonheur
qu’il a ressenti ?
La participation de Martin fut
exceptionnelle, unique même.
Personnellement, je n’avais
jamais rencontré un tel
verbomoteur humoristique sur un
parcours. Même lors des derniers
kilomètres, où règne un silence
inquiétant et où on entend
uniquement les pas des coureurs
épuisés qui tentent du mieux
qu’ils peuvent de se concentrer,
Martin s’amusait et il nous a
déridés par ses propos drôles
qui ont atteint leur cible. Il
est parvenu à détendre le lourd
climat qui règne lors de cette
dernière étape du marathon.
Dominic a compris que pour celui
qui n’avait jamais vécu la
souffrance d’un marathon, il
devenait difficile de vraiment
la faire réaliser à une personne
qui n’a jamais éprouvé cette
douleur.
Sa compagne Annie l’attendait un
peu avant le fil d’arrivée. Ses
mains tremblaient tellement.
Elle affichait un sourire qui
trahissait son énorme bonheur.
Je la soupçonne de s’être
ressaisie pour ne pas pleurer.
Il fallait voir la belle
accolade qu’elle lui a réservée,
quelques mètres après l’arrivée.
Mon 47e marathon, je l’ai dédié
à Dominic et j’en suis des plus
fiers. Il m’a servi une grande
leçon, une leçon de vie et
d’espoir. On n’a pas le droit de
se laisser abattre lors des
moments difficiles de la vie et
que le corps humain, cette
merveilleuse machine, possède la
possibilité de rebondir avec
brio.
Ce que vient d’accomplir Dominic
restera à tout jamais gravé dans
ma mémoire. Merci mon ami pour
ton exemple, j’en suis encore
tout bouleversé.
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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