LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mercredi 16 juillet 2014 12:42

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE

L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

mercredi 16 juillet 2014

« Je ne prends pas de drogue ! »

Quand on ne s’attend à rien, on est surpris par tout. Un petit marathon, d’apparence tranquille, près de 300 participants seulement mais qui proviennent d’aussi loin que le Texas, le Colorado ou le Tennessee. La chaleur humaine émane d’un tel événement. On se sent coude à coude. Cela nous permet de faire la rencontre de merveilleuses personnes.

Quelques minutes avant le départ, j’ai croisé deux coureurs. L’un deux m’a regardé pour me dire : « Hey ! C’est toi le gars de RDS qui écrit des textes sur la course à pied. Tu m’as inspiré à venir ici. » J’ai littéralement figé. On n’est jamais préparé à un tel commentaire. Nous avons jasé après l’épreuve. Je les ai attendus afin de les saluer avec les membres de leurs familles. Éric Gervais et Hugo Charest ont donné le ton à ma journée.



L’an dernier, j’avais réalisé un temps de 4h16 sur ce trajet. Sans le dire ouvertement, j’espérais abaisser cette marque. À l’image de mon rendement à Providence il y a deux mois, j’ai poussé la machine sauf que cette fois-ci, je me butais aux Montagnes Vertes, des montagnes russes du début à la fin !

Déterminé et pas question de flancher, j’ai perdu complètement la notion de la distance parcourue après avoir franchi la moitié du parcours. Je dois préciser que je cours sans montre au poignet.

Cette attitude était voulue. Quand je me suis décidé à regarder une borne qui indiquait à quel mille je me situais, j’ai aperçu, à ma grande stupéfaction, le chiffre 25. Oh my god ! J’avais solidement réussi à entrer dans ma bulle. Avec un peu plus d’un mille à parcourir, je me sentais le cœur joyeux car je savais que j’allais battre mon temps de l’an passé.

Ce n’est qu’à l’arrivée, à la vue du chrono officiel que j’ai sauté de joie. 3h57, vingt minutes retranchées sur 2013. Les gens vont croire que je prends des substances illégales ! Ça n’a aucun sens. Même moi, je n’arrive pas à comprendre. Non, je ne me drogue pas !

Quelques instants plus tard, j’ai fait la rencontre de Bart Yasso (à droite), une icône pour la course à pied aux États-Unis. L’organisation du marathon l’avait invité à prononcer une conférence la veille. Un chic type qui prenait la peine de féliciter chaque coureur au fil d’arrivée.

Il manquait une personne. J’avais appris la veille que Simon Pelletier était inscrit au marathon. Simon, c’est le gars courageux dont je vous avais parlé il y a deux ans. Père de quatre jeunes enfants, il avait dû encaisser un choc terrible avec la perte de son épouse alors âgée au début de la trentaine. Afin d’oublier ce malheur, il avait opté pour la course à pied comme moyen d’évasion.

Au 5e mille, je l’ai salué et il semblait déjà souffrir. Conscient que ça pourrait être pénible pour lui, je me devais de l’accueillir. Il s’est pointé vers les 5 heures, sourire aux lèvres et heureux de son triomphe. Tout en parlant, il m’a confié que je constituais son inspiration. Je ne pouvais plus parler, la gorge nouée. J’ai dû prendre une couple de respirations et reprendre mon souffle après quelques instants. J’ai fini par le remercier, non sans effort pour contrôler mes émotions.

Dire que je ne m’attendais à rien de très spécial pour cette journée passée dans le cœur des montagnes où la tranquillité fait son œuvre du matin au soir.

Tout est arrivé comme ça, sans avertissement. Il y a des journées dans une vie où on reçoit beaucoup d’amour sans même l’avoir commandé.

Voilà ce qui fait que ça vaut la peine d’y faire confiance.


Daniel Lequin

danielmedaille@hotmail.com

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