Les
ombres!
Je me revois
gambader près de la mer, sur la
plage, les pieds dans le sable
chaud, un soleil magnifique.
Sans tracas, sans souci, la vie
était belle. Près de mes
parents, je passais mes vacances
à Atlantic City, une période de
mon enfance, une partie de mon
adolescence.
Il fut un temps où cette ville
se classait parmi les plus
achalandées sur la côte Est des
États-Unis pour se détendre et
relaxer.
Mais jamais, au grand jamais,
j’aurais cru un petit lutin
sorti soudainement d’une
bouteille tombée à la mer que
j’aurais ramassée par
inadvertance et qui m’aurait dit
: « Un jour, tu reviendras dans
cette ville pour y courir un
marathon ! ». Je me demande
quelle aurait été ma réaction ?
Éberlué, je n’aurais rien
compris de ce message.
On ignore ce dont est composé
notre avenir. À cette époque,
j’ignorais totalement ce que
pouvait représenter un marathon.
Je me souviens que vers 11 ans,
je courais dans le champ situé
près de la maison familiale.
J’adorais ces moments mais j’ai
abandonné car l’effort devenait
trop lourd à supporter.
Pourtant, le dimanche 19
octobre, je me dirigerai avec
d’autres coureurs pour
participer au marathon
d’Atlantic City. Qui aurait cru
?
Le règne de
cette ville a considérablement
diminué depuis une vingtaine
d’années. Elle n’a jamais pu se
redresser. Des endroits tels
Wildwood ou Virginia Beach ont
fait mal. L’existence d’un
marathon va certes contribuer à
l’économie de cette ville qui en
arrache à bien des niveaux.
J’en serai à mon 8e et dernier
marathon en 2014, un 3e aux
États-Unis cette année et un 57e
en carrière. J’imagine que
l’odeur de la mer et les
paysages parviendront à me
replonger dans le temps où Peter
Frampton, Boston et Led Zeppelin
arrivaient à nous faire vibrer.
Pour
la première fois, je ferai le
voyage en autocar, avec un
groupe de coureurs, un aspect
que je vais découvrir et qui va
me plaire assurément. Le fait
d’éviter de me retrouver
derrière le volant après un
marathon et de pouvoir échanger
avec d’autres participants sur
le chemin du retour rendront
l’expérience plus agréable, j’en
suis persuadé.
Je suis de nature nostalgique et
mon cerveau s’engagera en marche
arrière, un comportement qui me
permettra de me tremper à
nouveau vers les années libres
de mon existence. Des souvenirs
vont remonter à la surface et
apporteront un aspect
particulier à cette
participation.
Qui sait si je ne reverrai pas
ce petit lutin pour lui dire
qu’il avait raison !
Toujours installées sur la plage
dans mes pensées, les ombres de
mes parents et de ma sœur,
sourire aux lèvres, les bras
levés bien haut, fiers de moi,
me salueront, sachant très bien
dans leur tête qu’un jour,
j’allais les surprendre.
Retour en arrière… mais dans une
toute autre formule.
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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