Tout ça
pour une banane !
On doit toujours
chercher à s’améliorer dans la
vie, faire en sorte de pouvoir
redorer son blason. Aujourd’hui,
force est d’admettre que les
dirigeants du marathon de
Montréal ont fait l’effort de
respecter les recommandations
émises l’an dernier par les
coureurs. Les résultats furent
positifs.
Rien à redire sur cette 24e
édition. Tout s’est
merveilleusement bien déroulé.
Les nombreuses toilettes au
garde à vous, dont la pénurie
avait fait les manchettes lors
de la dernière édition,
répondaient à la demande. Déjà,
on sentait que c’était dans la
poche. Après tout, on affiche
régulièrement sourire et
soulagement quand on quitte le
cabinet !
Moi qui croyais éviter la
chaleur à Mtl après avoir
traversé le four de Québec, j’ai
dû m’ajuster comme tous les
autres participants. Lors de la
première portion, un beau hasard
s’est offert, la rencontre d’un
grand ami, François Blouin, un
gars qui a le cœur sur la main.
Indisposé par une blessure, il
m’a accompagné pour les treize
premiers km, un plaisir
grandement apprécié. Sage, il
m’a laissé filer afin de ne pas
aggraver son genou. Excellente
décision puisque tout s’est
finalement bien déroulé dans la
réalisation de son demi
marathon.
Je devais rejoindre un autre
copain au terme de la course. Le
rendez-vous n’a jamais eu lieu
avec Éric Lalancette. Il a
littéralement cassé. Son temps
fut de 4h40. À partir du 19e
kilomètre, il n’arrivait plus à
avaler une goutte d’eau.
Phénomène étrange vous en
conviendrez. Il en a même glissé
un mot à son voisin, un médecin.
Celui-ci disait n’avoir jamais
rencontré un tel problème, ne
comprenant pas ce genre
d’indisposition. Chanceux qu’il
ait pu terminer sans souffrir de
déshydratation. Tu parles d’une
affaire !
Dans mon cas, plusieurs
interrogations surtout avec mes
fameux souliers. Inconfortable,
j’ai payé le prix par des
malaises aux pieds et aux
jambes. Bien sûr, la chaleur
mais elle affectait tous les
coureurs, pas vrai ? Puis, le
fait qu’il s’agissait d’un 7e
marathon cette année. À ce
sujet, ma compagne s’est chargée
d’émettre un commentaire
approprié : « Ton corps te parle
». Je dois lui donner raison.
Mais que dire de cette affiche
aperçue vers le 28e kilomètre
environ. Assise sur le bord du
trottoir, une jeune fille
passait son message avec humour.
Il disait : Tout ça pour une
banane ! J’avoue qu’à ce stade
du marathon, avec la fatigue qui
se fait sentir et notre mental
qui nous incite à se poser des
questions sur l’essence même de
la réalisation de ce défi, cette
courte phrase est venue
m’interpeler et m’a fait
réfléchir.
Or, à tête reposée, revenu de
mes émotions, j’ai trouvé ça
plutôt comique car nous savons
trop bien pourquoi on adore
courir un marathon avec toutes
les sensations que cela nous
procure. Elle voulait faire rire
et aura rempli son mandat en ce
qui me concerne.
Les années se suivent mais ne se
ressemblent pas. Félicitations
aux organisateurs pour cette
belle journée. À mon humble
avis, le marathon de Montréal
vient de gravir plusieurs
échelons dans l’échelle de
l’appréciation des participants.
La belle température aidant, les
spectateurs ont affiché présent
pour les 21 derniers km, où on
se sentait véritablement moins
seul comparativement à l’an
passé.
Bien entendu, il reste quelques
petits points à peaufiner mais
on parle ici de bagatelles. Les
administrateurs démontrent de
belles intentions pour l’avenir.
On s’aperçoit de leur désir
d’accorder davantage de prestige
à l’événement. Ils réalisent que
la frustration émise par les
Québécois l’an dernier se
voulait une démonstration de la
valeur qu’ils accordent à ce
week-end. Ils ont ainsi saisi la
balle au vol pour agir en
conséquence.
J’anticipe que Montréal
deviendra plus imposant que Las
Vegas dans la série Rock ‘n’
Roll comme on semble vouloir
espérer. Cela signifie que les
Américains devront plier sur
leur orgueil car ce n’est pas
évident de les voir refouler au
2e rang, d’autant plus que
l’ultime décision leur
appartient.
Je vais m’inscrire pour l’an
prochain et c’est avec fierté
que je poserai ce geste. Je sais
que déjà de nombreuses personnes
l’ont fait. Une réaction qui ne
ment pas et qui tend à exprimer
le plaisir ressenti dimanche
dernier.
Et cette banane, je l’ai mangée
après avoir croisé le fil
d’arrivée, à la santé de cette
belle jeune fille qui voulait
alléger l’atmosphère.
Statistiques de mon 56e marathon
Temps : 4 :00 :27
Classement général : 1009 sur
4596
Classement catégorie d’âge : 12
sur 66
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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