Jacqueline
Gareau…en lien avec l’univers !
« Quand on est
extrême, un chemin sans embuche
ne se trace pas ».
Jacqueline Gareau sous un autre
angle, je l’anticipais, je le
désirais. Reconnue mondialement
suite à l’histoire rocambolesque
survenue au marathon de Boston
en 1980, alors que la
Newyorkaise Rosie Ruiz lui avait
subtilisé la victoire en
trichant, elle représente une
icône dans le milieu de la
course à pied au Québec. Son
talent fut indéniable. « J’ai de
l’usure, j’ai exagéré moi aussi
», me dira l’athlète de 62 ans à
un certain moment lors de notre
conversation.
Trempée depuis une quarantaine
d’années dans ce sport, elle
demeure encore active, très
active et souligne que ce
comportement incite les gens à
ne pas l’oublier. « Je crois que
l’on m’aurait déposé sur une
tablette assez rapidement sinon
». Elle fait également référence
à Gérard Côté qui a pourtant
gagné Boston à quatre reprises
mais a disparu de la carte au
cours des dernières années de sa
vie.
Jacqueline a changé. Ses visions
diffèrent. Je l’ai rencontrée
dans son patelin à Sainte-Adèle.
Elle s’est confiée au retour
d’un entraînement, attablée,
mangeant ses deux petits cocos !
« Aujourd’hui, j’insiste sur
l’équilibre dans la vie. C’est
beau la performance mais j’en
vois qui…. ».
« Ma carrière a débuté dans le
plaisir. Les compétitions
m’attirent moins maintenant mais
j’aime encore me tester. Bouger,
j’en ai besoin. Je médite en
courant. Je suis assez spirituel
tu sais. J’ai des dialogues avec
cette grande puissance. Avoir la
gratitude, j’honore cet aspect à
tous les jours. Je veux me
sentir enraciner tel un arbre,
davantage quand je me retrouve
dehors », souligne la championne
du marathon de Montréal en 1987
et de Los Angeles en 1984.
À son avis, courir n’est pas si
simple que l’on peut prétendre.
« Je trouve que l’on tombe
rapidement dans la distorsion
aujourd’hui. Les gens s’en
mettent beaucoup trop sur les
épaules pour atteindre une
performance personnelle. Prenez
le temps de vous asseoir pour
voir ce dont vous avez besoin.
Il faudrait que la nouvelle
génération s’oriente vers le
bien-être et non insister
nécessairement sur le succès.
Ils ne doivent pas négliger le
reste car les bons moments,
c’est éphémère, ça ne fait que
passer dans une vie ». Ses
propos me font réfléchir.
Elle confirme en établissant un
parallèle. L’exaltation d’une
victoire au marathon de Boston
apporte son lot de frénésies
mais à ses yeux, l’équilibre des
chakras représente une valeur
supérieure pour l’être humain. «
Nous accentuons trop notre vie
sur le matériel. On doit revenir
à la base, aux vraies valeurs.
Être bien peut représenter une
simple marche avec nos enfants
au lieu d’un entraînement par
exemple. Il faut apprendre à
bien choisir. »
À l’âge de 40 ans, elle courait
encore deux fois par jour. La
naissance de son garçon a
constitué un virage majeur dans
sa vie et lui a fait prendre
conscience. « Je me souviens
très bien, je courais un 10km en
Caroline aux États-Unis. J’avais
réalisé un temps de 34 minutes.
Wow ! J’étais contente, mais…
Avec un bébé de six mois, je me
suis demandé si je me retrouvais
au bon endroit. Je me suis posé
la question à savoir si je
courais par habitude ou si
plutôt, je ne serais pas mieux
près de lui. J’ai compris. »
Humaine, elle avoue avoir perdu
son équilibre, qu’un jour, elle
est tombée bien bas. « Mon père
était un anxieux. Cette
caractéristique fut mon démon.
J’ai hérité de ses bibittes. Par
surcroît, mon enfant était hyper
actif. Je ne disposais pas
naturellement du livre de
recettes pour ce genre de
situation. La zénitude, je l’ai
atteinte mais parfois, je
l’égare. Je dois la travailler à
chaque jour. »
Jacqueline doit se rendre en
Inde cet automne. « Tu sais, si
nous vivions là-bas, nos besoins
seraient assurément différents
des nôtres. Ce qu’il faut, c’est
de les combler. »
Depuis son retour au Québec
après plusieurs années vécues au
Colorado, Jacqueline dit se
sentir très bien et appréciée
par les gens. Elle accepte toute
cette reconnaissance, les
hommages, les honneurs mais ce
qu’elle désire vraiment, c’est
que l’on se souvienne d’elle
comme étant l’exemple d’une
personne qui s’est fait un
devoir de projeter une image de
santé.
Elle caresse présentement un
rêve. Elle précise qu’il s’agit
d’une ébauche. Elle aimerait
créer une fondation afin de
partager son expérience. Elle
peaufine ce projet.
Au moment de quitter, par une
étreinte, j’ai senti toute
l’énergie d’une personne qui
aura donné son maximum durant
toute sa vie. J’ai eu comme
l’impression que Jacqueline a vu
le jour pour performer et que
son magnifique talent lui aura
permis d’aboutir à ses attentes.
Sur le chemin du retour, j’avais
le sourire aux lèvres…et un
surplus d’énergie !
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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