LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : jeudi 23 avril 2015 12:48

7 000 pages par jour

 

NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE

L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

jeudi 23 avril 2015

Pris au dépourvu au marathon de Boston !
Ouf !  J’ai encore appris. Leçon d’humilité.



Je dois vous avouer que malgré toute l’expérience acquise au fil des années en course à pied, j’ai été pris au dépourvu.

Jamais je n’avais été confronté à la fois à des éléments climatiques tels le froid, un vent de face du début jusqu’à la fin et de la pluie, lors de la 119e édition du marathon de Boston, lundi dernier.

Hanté dès les premiers pas par la peur de souffrir d’hypothermie, je n’ai jamais pu vraiment entrer dans ma bulle. Quelques minutes avant le signal du départ, la pluie s’est abattue pour nous poursuivre jusqu’au terme de l’épreuve, prenant quelques pauses discrètes, question de nous permettre de refaire le plein de chaleur.

Conditions exécrables, qui à ma grande stupéfaction, n’ont pas empêché les spectateurs de nous encourager avec vigueur, tels des héros, nous permettant ainsi de vivre l’ivresse de cet événement unique au monde. Je n’en revenais pas.

J’aurais tellement voulu exprimer ma gratitude, mon admiration mais j’étais gelé, parfois les doigts engourdis, que j’ai préféré conserver mon énergie afin d’éviter la catastrophe que j’appréhendais tout au long du parcours.

Au 30e kilomètre, transi, je me suis appuyé la tête sur le mur intérieur d’une toilette en me demandant si j’allais être en mesure de franchir la ligne d’arrivée !

Sans contredit ma pire expérience en 58 marathons. Moi qui imaginais avoir traversé le pire avec la chaleur du marathon de Québec et les montagnes de Waitsfield ! Cet état de souffrance et de stress ne m’a pas empêché de constater le courage de personnes beaucoup plus éprouvées.

Que dire d’un couple unijambiste que j’ai croisé avec 5km à faire, de voir la jeune fille pleurer alors que son compagnon tentait de la soutenir afin qu’elle retrouve l’énergie pour terminer. Je devais apprendre en soirée à la télévision de Boston qu’il s’agissait de Rebekah Grégory, celle dont je vous avais parlé il y a quelques semaines, victime de l’attentat à la bombe de 2013, accompagnée de son coach, qui a finalement pu réaliser son rêve. Quel courage !

Que dire de Maickel Melamed, un vénézuélien souffrant de dystrophie musculaire, accompagné de guides, qui a pris 20 heures pour franchir la distance et qui est arrivé à 5h00 au petit matin, sous une pluie torrentielle et sous les yeux des caméras de la télévision. Quel courage !

Sans oublier tous les bénévoles aux points de ravitaillement qui encourageaient sans retenu, avec le sourire. Impressionnant.



Des participants endossaient des chandails avec le nom de Martin Richard et le numéro 8. Intrigué et croyant peut-être qu’ils couraient pour honorer un adepte du Québec, je me suis approché d’une participante aux alentours du 20e km pour lui demander en français qui était Martin Richard. Surprise, elle m’a regardé avec un air interrogatif. Je n’ai pas insisté. J’ai compris que je détenais la moitié de la réponse en regardant le bulletin de nouvelles. Martin Richard, un jeune américain âgé de 8 ans, est décédé lors des attentats de 2013.

Rassurez-vous, aucun coup de chaleur n’a tété recensé mais on a dû soigner de nombreux cas d’hypothermie. Croyez-le ou non, j’y ai vu deux coureurs qui ont franchi toute la distance torse nu. C’est à n’y rien comprendre !

J’anticipais vivre ma 3e participation en prenant le temps de la vibrer. J’ai dû modifier mon attitude. Imaginez, je n’ai même pas arrêté au collège Wesley pour faire l’accolade à une étudiante, ne respectant pas ainsi une vieille tradition !

Marathon à oublier ? Non, car dans la vie, il faut apprendre à composer avec l’inconnu et s’ajuster. Les expériences ne sont pas toujours agréables à traverser mais elles nous permettent de comprendre, d’apprécier la chance dont nous disposons pour franchir les missions que nous voulons bien nous accorder.

De retour à l’hôtel, je n’ai pas perdu de temps pour me retrouver sous une douche chaude, certes la plus longue de ma vie.

Preuve que surmonter des embûches nous emmènent à savourer la simplicité effacée par l’habitude et la gratitude fournies par la routine de la vie. Quand on doit survivre, la perception diffère.

Statistiques

Temps : 4h15 :27
Classement général : 19562 sur 26610
Classement catégorie d’âge : 621 sur 899


Daniel Lequin

danielmedaille@hotmail.com

Bookmark and Share

PUBLICITÉ

 

Le SorelTracy Magazine
une filiale des Productions Kapricom
Tous droits réservés -
© 2000-2012