Un coureur
ordinaire à Boston !
J’ai reçu cette fameuse
enveloppe. Je l’attendais. À
chaque jour, j’ouvrais la boîte
aux lettres en souhaitant voir
apparaître le cigle de la
licorne !
Un vrai ti-n’enfant.
Je suis conscient, je réalise.
Les gens autour de moi ne
cessent de me la rappeler. Ils
me disent que je suis chanceux.
Je le sais. J’ai peine à croire
que j’y serai.
Dans cet envoi, on vous inonde
de renseignements. Le marathon
de Boston s’avère une
organisation prestigieuse. Tout
a été pensé. On vous en met
plein la vue.
Pour un coureur classé dans la
catégorie « ordinaire » comme je
le suis, il s’agit d’un
accomplissement incroyable.
Avec attention et minutie, je
scruté attentivement tous les
feuillets. L’eau à la bouche, je
me revois prendre l’autobus près
du parc à Boston pour arriver à
Hopkinton, côtoyer les coureurs,
attendre le départ, vivre cette
sensation particulière,
traverser le parcours en ne
voulant rien manquer, tout en
essayant de me concentrer.
Rien à faire. Boston ne se vit
pas comme un autre marathon. À
chaque jour, je regarde cette
lettre et je me surprends en
train de rêver. Cette
participation me donne des
ailes. Elle me permet de croire
en l’avenir. Je me dis que
malgré toutes ces belles années
vécues dans le monde de la
course à pied, j’ai encore un
bon bout à faire et de belles
expériences à traverser
Ma présence à Boston me fournira
un élan inespéré, un essor que
je n’avais pu imaginer. Voilà un
beau cadeau du ciel et
j’utiliserai tout mon temps pour
le déballer. Je prendrai des
pauses pour regarder autour de
moi, pour jaser avec les
personnes qui m’accompagneront
et surtout vivre le moment
présent.
Je
crois être prêt. Mais à cet
effet, on ne sait jamais. Il y a
les imprévus. Je me souviens de
ma première présence à Boston.
Je m’y retrouvais en compagnie
d’un ami. J’ignorais qu’il
ronflait. Durant la nuit qui a
précédé le marathon, je n’ai
pratiquement pu fermer les yeux.
Le lendemain matin, je me
sentais épuisé et énervé.
Attendant pour prendre le métro
avec un énorme verre de café,
j’essayais tant bien que mal de
me réveiller. Je me disais que
j’allais tenter de m’assoupir un
peu avant le départ à Hopkinton.
Oubliez ça ! Impossible de me
concentrer pour dormir.
J’ai couru le marathon sur
l’adrénaline et malgré tout,
avec un temps respectable dans
les circonstances.
En espérant que pour cette 119e
édition, tout se déroulera
normalement. Or, on ne sait
jamais. Difficile d’anticiper
l’inattendu.
Toutefois, pour le ronflement,
aucune inquiétude, car ma
compagne est ce qu’il y a de
plus silencieux !
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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