Le jeu des
comparaisons
Pathétique
parfois d’entendre des histoires
de certains coureurs qui sonnent
faux à nos oreilles. Elles
émanent de sentiments négatifs
qui en principe, ne devraient
pas être. Comment expliquer ces
chutes morales qui suivront des
expériences incroyables dans la
course à pied ?
La fameuse dépression
post-marathon indispose parfois
les coureurs. Qu’est-ce qui peut
bien se passer dans leur tête ?
Les intentions de franchir cette
distance s’avèrent importantes à
prime abord. Quand un coureur
annonce à son entourage cette
bonne nouvelle, il ressent
immédiatement la reconnaissance.
On lui adresse des félicitations
et on ne rate pas l’occasion de
l’appuyer, de l’encourager. On
lui dit qu’on ira le voir sur
les lieux pour le soutenir,
l’admirer.
Il constate alors qu’il est
devenu le centre d’attraction,
une vedette. Tout au long de son
entraînement, on scrute sa
progression. Il se sent aimé.
Quand arrive le jour J, il
devient la star de la journée.
Il traverse des situations
enivrantes. Les quelques jours
qui suivront sa réalisation
demeureront tout aussi
captivants. Il reçoit les
félicitations de tout le
monde…même de la part de
personnes qu’il ne connait même
pas !
Puis, apparait la grande
noirceur. Il se retrouve isolé à
nouveau car sa vie habituelle
reprend. Son marathon aura été
difficile à réaliser, trouver du
temps pour l’entraînement,
surveiller le mieux possible son
alimentation, etc. Il n’a plus
vraiment le goût de refaire ce
programme. Il n’arrive plus à
retrouver sa motivation,
maintenant qu’il a réussi son
exploit.
En fait, il faut se demander
s’il aime vraiment la course à
pied et s’il a franchi le
marathon pour impressionner les
autres. La course à pied est un
sport individuel très exigeant.
On doit être prêt et aimer cette
discipline. Ce qui prime avant
tout est de reconnaître qu’il
faut courir pour soi, son
bien-être, sa santé…et le
plaisir viendra. On ne doit
surtout pas dépendre des autres,
sinon, il deviendra très
difficile de trouver une source
différente de motivation qui
nous permettra de poursuivre.
Souvent, les coureurs vont se
mettre de la pression avec le
fameux jeu des comparaisons. Ils
regarderont de l’autre côté de
la clôture afin de vérifier les
méthodes des autres coureurs. Je
pense que l’on se dirige droit
vers notre perte quand on agit
de la sorte.
Quand on court, on doit laisser
faire les autres et se
concentrer sur notre plaisir,
nos petits défis. Il faut
s’amuser et ne rien prendre au
sérieux. S’égarer dans le jeu
des comparaisons nous poussera à
un désintéressement graduel.
La course à pied est un sport
magnifique et il faut apprendre
à bien le connaître afin de
l’apprivoiser correctement. La
préparation psychologique
comporte un rôle crucial,
particulièrement pour la
longévité de la pratique.
Savoir respecter les capacités
et le talent des autres nous
fournira les moyens pour courir
longtemps et éviter ces
dégringolades dramatiques qui
pourraient facilement être
évitées.
Heureusement, la plupart des
coureurs ne sont pas affectés
par ce déclin. Voilà pourquoi la
course à pied a pris autant
d’ampleur. Et dire que les
médecins n’hésitent pas à
recommander ce sport pour
permettre aux gens d’agrémenter
leur vie !
Les adeptes de
la course à pied vivent parfois
des rechutes après des moments
d’extase. On doit éviter le
piège avec le jeu des
comparaisons.
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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