Face à
face avec la mort !
Mes mains
tremblent. J’ai peine à me
concentrer. Je ne croyais jamais
vivre une expérience semblable.
Je suis ébranlé, sous le choc.
Ce dimanche, sous l’invitation
de l’un des organisateurs Carl
Bouliane, j’ai pris part au
Demi-marathon des pompiers de
Shawinigan. Je désirais
expérimenter la Course du
bonheur, une idée merveilleuse
qui donne l’opportunité à une
personne handicapée de goûter
aux joies d’une distance de 21.1
km.
En compagnie de cinq jeunes
pompiers de Shawinigan, j’ai
pris le départ afin de constater
sur place ce beau geste de
charité. Bonheur, joie, blagues
agrémentaient la randonnée.
Miguel, dans son fauteuil
roulant, dormait d’un profond
sommeil. Il n’aura jamais rien
vu. Son père, d’origine
salvadorienne, affichait sa
fierté en regardant l’un de ses
quatre enfants s’envoler de la
sorte.
Juste à visionner la scène des
préparatifs avant le début de la
course, j’en avais les larmes
aux yeux, réalisant toute la
chance que j’ai eu dans la vie
d’avoir trois enfants en pleine
santé.
Mais,
nous ignorions le destin
tragique qui nous attendait. Le
pompier Maxime Fournier,
21 ans seulement, s’est écroulé
subitement à 1km de la fin. Le
dernier souvenir de cette
séquence est le lourd impact de
ses pas derrière moi. Je croyais
alors qu’un autre coureur
voulait me dépasser. J’ai
immédiatement eu le réflexe de
me recroqueviller.
Son décès a été constaté sur
place. Un malaise cardiaque.
Mais que s’est-il passé ?
Depuis, je ne fais qu’y penser.
Lorsque les membres du groupe
ont appris la nouvelle, je les
ai accompagnés dans un local où
ils devaient recevoir de l’aide.
Les pleurs venaient rompre le
silence. Avant de quitter, les
responsables ont pris soin de me
demander si je me sentais bien.
J’ai tellement apprécié ce geste
de leur part.
Depuis, je me pose un tas de
questions. Au cours de mes
marathons, j’ai malheureusement
eu l’occasion de côtoyer la
mort. On voit les coureurs
allongés au sol et on apprend
par la suite leurs décès.
Il s’agit d’un 2e adepte qui
perd la vie de façon similaire
en l’espace de quelques jours au
Québec. Le destin a frappé et on
ne peut rien faire. Lors
d’événements semblables, on doit
se ressaisir et ne pas oublier
les beaux moments que nous avons
pu vivre ensemble.
Je ne connaissais pas Maxime
avant cette course mais ce que
je viens de traverser restera à
jamais graver dans ma mémoire et
dans mon coeur.
Maxime, j’ai eu la chance de te
connaître. Je me souviens de
t’avoir donné une tape dans le
dos à un certain moment durant
la course afin de te signifier
toute l’admiration que je
ressentais de te voir
t’impliquer de la sorte. Je me
souviens également de t’avoir
remercié de m’accueillir parmi
ton groupe, sachant que j’allais
traverser de beaux moments.
Dorénavant, tu m’accompagneras
lors de mes éventuels marathons.
Je suis assuré que je sentirai
ta présence à mes côtés et tu
sauras bien me protéger.
Je vais d’ailleurs te dédier mon
prochain marathon à Québec à la
fin du mois d’août. Tu auras
tout le temps pour bien
t’entraîner. Je vais le courir
en ton honneur.
Nous en profiterons pour jaser,
pour blaguer, pour se raconter
des anecdotes.
La vie m’a permis par un pur
hasard de te mettre sur mon
chemin. Ce n’est pas pour rien
que l’on s’est croisé. J’en suis
des plus reconnaissants.
J’arrête d’écrire car je ne vois
plus très bien les lettres de
mon clavier.
Je t’aime Maxime et n’oublie
surtout pas notre rendez-vous.
Mes plus sincères condoléances
aux membres de la famille de
Maxime ainsi qu’à toutes les
personnes et les pompiers qui
ont eu la chance de le connaître
Sur cette
photo, Maxime est devant moi
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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