LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : lundi 07 septembre 2015 11:03

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE

L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

lundi 07 septembre 2015

La puissance de l’ange



Dans la pénombre de la nuit, Étienne se dirige vers l’inconnu, la gorge nouée par l’émotion. Il réalise. Il sent une présence. Maxime rôde déjà.

Peut-être une décision sur le coup de l’émotion, mais nullement question de rebrousser chemin. La journée du marathon l’attend…nous l’attendons. À première vue, je le sens ému. Il cache difficilement ses peurs. Oui, Étienne ressent l’angoisse. On parle de normalité.

Il a du courage. Or, comme à l’appel d’un incendie, il se dresse avec puissance, prêt à toutes les éventualités. Je lui présente François. Rapidement, les deux se familiarisent. Notre geste a été grandement publicisé via les médias.

La direction du marathon Lévis-Québec avait même pris soit d’inviter les parents de Maxime et son frère. Conscients de leur présence, nous vivions des moments particuliers.

Durant le parcours, tout s’est déroulé normalement, sans anicroche…jusqu’au 30e km. Étienne a commencé à souffrir. Des douleurs persistantes aux hanches l’empêchaient de courir normalement. Avant le départ, nous avions conclu un pacte. On termine ensemble. Dès ce moment, j’ai pensé à Maxime. Je savais que nous aurions besoin de lui.



Nous avons marché à quelques reprises. Après quelques pas, il reprenait la cadence. Avec 5km à franchir, il a aperçu Gabrielle, sa sœur. Elle nous a confié qu’elle attendait au gros soleil depuis une quinzaine de minutes. Au soleil ? Pourtant, lorsqu’elle s’est jointe au trio, nous courions sous les nuages depuis le départ et il en fut de même jusqu’à l’ultime kilomètre où il a jailli soudainement, comme pour nous éclairer : La puissance de l’ange.

Dans le dernier droit, j’ignore comment il a pu trouver l’énergie, mais il a accéléré étonnamment. Je peinais à le suivre. J’ai dû lui dire de ralentir à quelques mètres de la fin, sachant que les photographes et les gens désiraient nous voir franchir la ligne d’arrivée.

« L’émotion est venue me chercher. Je ne pouvais plus parler. Mes jambes me faisaient mal. J’ai pensé beaucoup à Max et je l’ai senti à mes côtés tout au long du parcours. Tu ne peux pas t’imaginer combien je suis heureux d’avoir pu compléter cette épreuve. Je n’en reviens toujours pas d’avoir réussi à parcourir 42km », de dire Étienne le lendemain, lui qui s’est retiré après la course, incapable de se confier aux journalistes.

« J’ai eu froid, je ressentais des frissons lorsque je me suis assis après le trajet. J’ai même éprouvé de la fièvre en soirée. Mais, j’ai aussi décidé que j’allais en courir un autre ! Cette fois-ci, je m’accorderai un plus grand laps de temps pour m’entraîner. Je serai mieux préparé. »

De son côté, François fut d’un grand support. Tout au long du parcours, il n’a cessé d’encourager notre pompier en plus de prendre le soin de remercier chacune des personnes installées sur les trottoirs, pour les encouragements qu’elles nous lançaient.

Sans oublier l’un des responsables du Défi des pompiers de Shawinigan, Pierre Champagne, qui malgré un sérieux mal de dos, tenait à courir le 21km. Normalement, il lui aurait fallu éviter ce défi mais il l’a fait pour Maxime. Il a dû recevoir des soins le lendemain.

Tel que prévu, les parents et le frère de Maxime m’ont remis un chandail en mémoire de leur fils. J’ai regardé son père qui ne pouvait refouler sa tristesse.

J’avais le cœur gros, impuissant. J’ai dû prendre une gorgée d’eau pour faire passer le moment.

Que dire de plus ? J’espère ne plus jamais revivre un tel cauchemar. D’un autre côté, je m’interroge. Pourquoi un tel scénario ? Comment comprendre ma présence auprès de Maxime lors du drame ?

Un jour, un moment, un incident ou une phrase viendra éventuellement répondre à mes questions et valider ma présence lors de cette journée.

Ma participation à ce marathon me permettra-t-elle de fermer la boucle ? Je l’ignore pour l’instant. Ce dont je suis assuré, c’est que j’ai posé ce geste avec mon cœur.

Maxime, je t’invite au marathon de Berlin le 27 septembre prochain. J’aurai besoin de toi encore une fois. D’ailleurs, j’espère honnêtement que tu en prendras dorénavant une habitude.

Merci Max pour ta présence à Québec.

Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com

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