Inspiré !
Aux petites
heures du matin, nous roulions
en automobile vers Waitsfield
dans le Vermont sous une ondée.
Peu bavard, j’avoue que j’étais
songeur et surtout découragé.
Courir
le Mad Marathon sous cette pluie
ne m’enchantait guère. Je savais
ce qui m’attendait. Sur la
banquette arrière, Josée Prévost
ne semblait pas trop réaliser
dans quelle aventure elle
s’était embarquée. Pas question
pour moi de revivre Boston 2014
et cela même si la température
était moins froide.
Je ne croyais jamais qu’un jour,
j’allais y retourner. Après deux
expériences dans les Montagnes
Vertes, sous un gros soleil et
une chaleur accablante, je
m’étais pourtant juré de ne plus
y remettre les pieds.
Mais cette
fois-ci, me voilà dans de beaux
draps ! Non, je blague, car je
savais que j’allais vivre une
expérience particulière.
Il y a quelques semaines, la
propriétaire de la Maison de la
course m’indique qu’elle s’est
inscrite au Mad Marathon. Je lui
en avais déjà parlé l’an
dernier. Femme de défi, il n’en
fallait pas plus pour la
convaincre.
« Tu l’as déjà couru Daniel, je
crois ? », m’a-t-elle demandé à
nouveau tout récemment, sachant
très bien qu’elle connaissait la
réponse. « M’accompagnerais-tu
pour me conseiller ? »,
devait-elle rajouter. Je me suis
posé la question quelques
secondes avant d’accepter. Une
vraie guidoune !
J’admire énormément cette femme
mais retourner à Waitsfield pour
une 3e fois, fallait souffrir
d’un petit handicap au dessus
des épaules, pas vrai ?
Courir avec Josée, c’est un
plaisir, un privilège. Et du
dénivelé, amenez-en ! Aucun
problème, elle l’attaque avec
puissance. Elle m’a impressionné
sur le plan athlétique, mais que
dire de son aspect social ? À
maintes reprises, elle a dû
m’attendre sur les sommets, car
nous avions convenu que nous la
ferions ensemble cette course,
du début jusqu’à la fin.
Elle est parvenue à me faire
oublier les nombreuses
difficultés, simplement en
offrant toute sa collaboration
légendaire. La preuve, rarement
ai-je réussi à courir la 2e
portion d’un marathon avec un
temps inférieur ou comparable à
la première. Cette fois-ci,
malgré les montagnes, j’ai
conclu avec un temps presque
identique pour les deux demis.
Je n’en revenais pas.
Elle parlait aux vaches,
discutait avec les moutons,
photographiait les chevaux
sauvages, un selfie devant un
tracteur, bref un comportement
qui pourrait rendre jaloux
Justin Trudeau !
De mon côté, j’ai positivement
profité de sa présence, de son
dynamisme, son entrain et sa
bonne humeur. Pour me distraire,
elle n’arrêtait pas de me poser
des questions, sur mon père, ma
mère, ma carrière, etc. Je n’ai
pas vu le temps passer. Il y a
des kilomètres que je n’ai même
pas réalisé avoir couru ! Et
dire qu’elle voulait que je la
guide ! C’est plutôt le
contraire qui s’est produit.
Finalement, c’est sous un ciel
nuageux que nous avons traversé
ce marathon, sauf pour les deux
derniers kilomètres où Dame
Nature nous réservait une belle
douche d’eau froide. En somme,
le facteur chance fut de notre
côté.
Finir devant le légendaire Bart
Yasso, disons que ça procure un
petit velours. Personnage
impliqué dans le milieu de la
course à pied, principalement
aux États-Unis et reconnu à
travers le monde, il semble
apprécier cette organisation et
les magnifiques panoramas qu’on
y retrouve sur le parcours.
Mais, à sa défense, on doit
reconnaître que Bart à vieilli.
Vous savez, je l’aime bien
finalement le Mad Marathon. Il y
a ce petit quelque chose de
spécial comparativement aux
autres. Unique en son genre,
l’un des plus beaux itinéraires
et des mieux planifiés, il nous
attire par son charme. Mais
après trois participations,
disons que je vais tirer ma
révérence avec un sentiment de
fierté personnelle. Toutefois,
je me ferai un devoir de le
recommander, sauf pour ceux et
celles qui me diront qu’ils
veulent participer à un premier,
car ce n’est certes pas un choix
logique.
Avec douze marathons courus l’an
dernier, Josée s’enligne pour
réaliser un calendrier 2016
aussi intense. De plus, dimanche
prochain, elle se rendra dans la
région de Toronto pour un 50km.
Rien ne l’arrête, rien ne
l’intimide.
Elle dispose de cette force de
caractère qui lui permet de
traverser ces challenges. Son
degré de tolérance supérieure à
la normale chez les femmes la
rend unique en son genre. Elle
prêche véritablement par
l’exemple. Courir lui fournit
l’opportunité de s’évader, de
remettre parfois les pendules à
l’heure, une nécessité.
D’agréable compagnie, je
conserverai ce marathon parmi ma
liste de souvenirs impérissables
et des plus sensass. À bien y
penser, j’ai pris la bonne
décision. Je m’en serais
tellement voulu si j’avais
décidé d’abdiquer. On se
reprendra Josée….peut-être
quelque part en Italie, qui sait
?
Statistiques de mon 67e marathon
Temps : 4h15 :55
Classement : 129e sur 321
Catégorie d’âge : 3e sur 16
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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