Le miracle
!
Naître une 2e fois dans une vie.
Geneviève Gouin se remet de ses
émotions. On la sent ébranlée
lorsque l’on ressasse ces
souvenirs.
Infirmière depuis vingt ans,
elle a découvert la course à
pied dans une période négative
de son existence. À peine remise
d’un épuisement professionnel il
y a sept ans, elle décide un
beau matin d’imiter les gens
qu’elle voyait un peu partout
dans son patelin suite aux
recommandations de son médecin
qui lui avait parlé des
endorphines provoquées par la
course à pied.
« Je me
suis dit, c’est maintenant que
ça commence. » Que
dire de toutes les sensations
qu’elle pouvait ressentir ! À
cette époque, elle travaillait
au bloc opératoire de l’hôpital
Hôtel-Dieu de Sorel-Tracy et le
fait de courir lui permettait de
relaxer, de se remettre de son
désarroi. Quel bonheur pour
cette jeune femme de 38 ans !
« Après
la naissance de mes deux
enfants, (Justine, 10 ans et
Renaud, 12 ans), je voulais
perdre un peu de poids et
changer mon alimentation pour me
sentir plus énergisée »,
relate-t-elle. Or, une vraie
malchance l’attendait dans le
tournant.
En mars 2015, une tempête de
neige s’abat sur le Québec.
Voulant aider ses parents partis
en voyage, elle s’est rendue à
leur résidence pour pelleter.
Une torsion du dos provoque
alors une indisposition, rien de
plus. Dans les jours suivants,
elle arrive à poursuivre la
routine. Deux semaines plus
tard, le mal s’est aggravé. Un
anesthésiste qu’elle connaissait
l’a incité à subir un examen
plus approfondi.
« Ça
fait longtemps que je pratique
ce métier mais je n’ai jamais vu
une hernie discale aussi
imposante ». Il
devait ajouter la phrase fatale
: « À
mon avis, tu ferais mieux
d’oublier la course à pied pour
le reste de ta vie ».
Catastrophe.
Le monde de Geneviève venait
subitement de s’écrouler.
« Je me
suis dit que je n’allais pas
baisser les bras. »
Elle a pris du repos mais
tentait du mieux qu’elle pouvait
de se garder en bonne condition
physique en pratiquant d’autres
exercices. Les douleurs intenses
sont réapparues à un point tel
qu’elle devait se déplacer avec
une marchette en plus
d’ingurgiter de puissantes doses
de morphine et de médicaments
semblables. Rien n’arrivait à la
soulager.
Puis, on lui conseille de
recevoir une 2e injection de
morphine. Le lendemain, elle
s’écroule sur le plancher de sa
cuisine, sans être en mesure de
se relever. Elle panique, en
sanglots. Heureusement, sa fille
Justine est sur les lieux.
Celle-ci parvient à communiquer
avec la mère de Geneviève qui la
rejoindra.
Quelques jours plus tard, un
miracle se produit.
Le mari de Geneviève est au
travail et par inadvertance, il
entend parler d’un médecin, le
chef de la neurochirurgie à
l’hôpital Charles-Lemoine à
Longueuil, le docteur Jacques
Demers qui a opéré avec succès
une connaissance. En soirée,
Geneviève raconte son histoire
par courriel à ce médecin. Trois
jours plus tard, elle obtient un
rendez-vous et se fait opérer
rapidement par la suite.
« Il
m’a sauvé la vie ! J’aurais pu
devenir invalide car semble-t-il
qu’avec ce genre de problème, la
médecine ne peut plus rien faire
si tu attends 4-5 mois. Au
réveil après l’intervention
chirurgicale, je ne souffrais
plus. »
Graduellement, elle a recommencé
à courir et présentement, elle
peut facilement se rendre
jusqu’à 10km !
«
J’avais vendu mon tapis roulant.
Je me souviens, je pleurais à
chaudes larmes lorsqu’il est
sorti de la maison. Le docteur
Demers m’a redonné la vie à
condition que je continue de
courir comme avant. Je pense
sincèrement que l’on se fait un
cadeau lorsque l’on court ».
Par conséquent, il n’y a plus
rien entre ses vertèbres L-5 et
S1.
« Je
reste toujours prudente. Je ne
veux pas jouer avec le feu.
L’important est de courir et la
distance m’importe peu. »
Il faut comprendre que durant sa
jeunesse, Geneviève s’était
résolue à ne pas faire de sport
puisque les jeunes se moquaient
de sa démarche peu élégante
quand elle courait.
« Je
crois que courir, c’est ma
planche de salut. Je me sens
tellement bien. Je n’aurais
jamais imaginé qu’un jour,
j’arriverais à surmonter ma gêne
pour courir. Je me suis fait un
merveilleux cadeau. »
Elle a perdu 25lb. Son mari
Steve se dit tellement heureux
pour elle.
« Je la voyais dépérir à un
certain moment et je me disais
qu’elle ne méritait pas cette
malchance. Elle m’a inspiré.
Maintenant, on court ensemble.
Elle m’a initié car je n’aimais
pas courir. Parfois, je suis
incapable de tenir son rythme et
je la laisse filer »,
dit-il en riant et en la
regardant, les yeux remplis
d’admiration.
« Il y
a des gens autour de moi qui
n’arrivent pas à comprendre
comment je fais pour continuer à
courir après ces jours sombres.
J’en ai besoin, peu importe
l’endroit où je me retrouve.
Quand l’occasion se présente,
j’en profite, »,
explique celle qui rêve de
racheter un autre tapis roulant
et de courir un 10km dans une
course organisée.
Chanteuse dans un groupe, c’est
la chanson du pur bonheur
qu’elle interprète à tous les
jours car elle a retrouvé la
joie de vivre.
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
|