La soupape
a sauté !
Choix à
l’aveuglette. Oui, j’ai agi sans
vraiment vérifier.
Quand
je suis arrivé au collège
Brébeuf afin de participer au
marathon du Mont-Royal, je
croyais en toute sincérité que
j’allais courir dans les
sentiers faits de petites
roches, avec des montées douces
et agréables.
Il n’en fut rien.
Dès qu’elle m’a vue, quelques
minutes avant le départ, Marlène
Couture m’a regardé, toute
étonnée. Puis, elle m’a dit :
As-tu commencé à courir en trail
? Je n’ai pas vraiment compris
ce qu’elle voulait me signifier.
J’ai réalisé après quelques
kilomètres.
Ouf ! Dans quelle aventure me
suis-je embarqué ?
Visiblement pas prêt, aucun
entraînement spécifique en
montagne et encore moins en
sentier, je me posais de
sérieuses questions après un
premier tour, sachant que le
marathon en comptait trois !
Comment pouvais-je passer au
travers d’un tel martyre, moi
qui habitué au bitume et
d’entrer dans ma bulle, devait
surveiller où je déposais chaque
pas pour éviter de retrouver mes
souliers dans la boue ou déposer
mon pied sur une roche et
glisser les quatre fers en l’air
!
Obligatoirement, il me fallait
jouer de prudence. Heureusement,
je pouvais me fier sur une
experte, une habituée des
sentiers, Josée Prévost.
Solidement expérimentée dans ce
genre de souffrance, elle fut
d’une grande aide, tentant du
mieux possible de me conseiller,
de m’orienter et de
m’encourager.
Or, j’avais tout à apprendre.
Sauter les yeux fermés dans un
marathon en sentier quand votre
unique distance à vie fut un 11
km, ce n’est vraiment pas
sérieux. Que voulez-vous, il
m’aurait fallu regarder plus en
profondeur le trajet ou demander
davantage d’informations.
Je n’ai pas l’habitude de virer
les talons ou d’abandonner. Si
je me sens en mesure
physiquement de le traverser, je
vais le faire, tout en
respectant les recommandations
de mon corps et à ce sujet,
Josée a dû m’attendre à quelques
reprises au sommet d’ascensions,
moi qui pompait l’huile à chaque
fois pour la rejoindre.
Il m’a fallu 4h55 pour compléter
le trajet par un 4 degrés
Celsius et de fortes bourrasques
de vent. Ce que j’ignorais,
c’est que l’on fermait boutique
après cinq heures ! Disons que
l’opportunisme s’est retrouvé de
mon côté. D’ailleurs, vous
auriez dû voir la foule lorsque
j’ai franchi la ligne d’arrivée.
Pas un chat. Oups ! Excusez, il
y avait m’a compagne qui
m’attendait depuis une heure,
inquiète, elle qui croyait que
j’allais me présenter autour des
quatre heures.
L’organisateur Patrick Daigle
m’a confié après l’épreuve que
pour une recrue, cette décision
était audacieuse, m’expliquant
que courir en sentier dans une
montagne par surcroît
représentait beaucoup plus de
difficultés qu’un marathon sur
route.
Je l’ai cru dur comme fer, moi
qui peinait toujours à retrouver
mon souffle !
Je l’ai essayé et je peux vous
confirmer que je ne suis
vraiment pas un gars de sentier.
Je ne bénéficie pas des atouts
nécessaires pour vivre ce genre
d’expérience. J’adore les
marathons…sur l’asphalte !
Un autre aspect non négligeable
est le fait que je courais un 3e
marathon en l’espace de six
semaines, une première dans mon
cas. Exagération ? Assurément.
Je ne suis plus une jeunesse,
vous savez ?
Bravo à ceux et celles qui l’ont
complété sur les 72 inscrits,
félicitations à l’organisation
qui a remis 10,000$ à l’hôpital
Sainte-Justine de Montréal,
merci Josée Prévost pour tes
encouragements et merci à ma
compagne pour sa grande
patience. Finalement, je me
demande véritablement si ce
n’est pas cette dernière qui
mérite le plus de reconnaissance
dans toute mon aventure !
Statistiques de mon 71e marathon
Temps : 4h55
Classement général : 43 sur 48
Classement catégorie d’âge : 1
sur 2
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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