Crampé… ben raide !

Voici les
deux ambulanciers qui m'ont aidé
à me remettre sur mes deux pieds
après le marathon.
Puis-je me permettre de
prétendre que je dispose d’un
bon bagage d’expérience dans la
course à pied ? Alors, allez
comprendre. Je me suis fait
prendre au piège. Hey oui !
Mauvais dosage dans la portion
initiale ? Peut-être, je ne
pourrais vous le confirmer.
Toutefois, une chose est
certaine. J’en ai payé le prix à
la fin.
Je vous raconte.
Tout débute avec la rencontre
d’Olivier Robillard, 31 ans. Un
4e marathon pour lui et
certainement pas son ultime.
Quel chic type ! Je lui ai
d’ailleurs dit. Je décide de le
suivre, histoire d’établir un
brin de jasette ce qui nous fait
parfois oublier que nous
entamons un marathon. Je me
sentais vivant avant le départ.
J’ai donc abandonné Josée
(Prévost) derrière. Première
erreur. De ce fait, je suis
sorti littéralement de ma zone
de confort. J’en prends
conscience. À mes yeux, courir
avec un autre représente un
privilège.
Intelligent, calme, intéressant,
il me raconte sa petite
histoire. Aussitôt que
l’ouverture se s’offre à moi, je
m’empresse de l’aviser que
lorsque j’aurai franchi la
mi-parcours, le poids des années
se fera sentir et qu’il se
pourrait fort bien que je
ralentisse mon tempo.
Ma prédiction se réalise. Je
sens que mon rythme diminue. Je
lui conseille de filer devant
car je le vois qu’il déborde
d’énergie, qu’il dispose d’un
surplus d’essence. Il m’écoute
et me rappelle que nous nous
reverrons à l’arrivée.
Lentement, il disparaît de mon
champ de vision. Je réalise
alors que je lui dois cette
effervescence qui m’a conduit là
où je me retrouve. Malgré la
fatigue qui se fait de plus en
plus sentir, je considère que ma
progression s’avère raisonnable.
Or, l’ennemi numéro 1 des
coureurs me réservait une belle
surprise. Pourtant, tout semble
se dessiner pour que je termine
en beauté.
Rendu au 40e kilomètre, je
ressens dans la région du mollet
droit, un phénomène bizarre que
je ne connaissais pas. Il était
déjà trop tard. Le mal était
fait. Une première dans ma vie
de coureur, je suis victime
d’une crampe. Je souffre et je
comprends maintenant la douleur
de ceux et celles que
j’apercevais auparavant, qui se
tordaient, impuissants devant
cette agression.
Je dois obligatoirement
m’arrêter. Je suis épuisé.
Je panique un moment. Vais-je
être en mesure de repartir ?

Je suis en
compagnie de mes amis Patrice
Albert, Josée Prévost et Olivier
Robillard.
J’entame une marche sans trop
savoir comment cette mésaventure
se terminera. Puis, à ma grande
surprise, je parviens à courir
de nouveau, ce qui me permet de
franchir le fil d’arrivée
péniblement.
Heureux, oui, comme à
l’habitude. Je croyais m’être
débarrassé de ce handicap.
Réjouissances trop hâtives car
tout en cherchant mon monde avec
le souffle court, je signe un
mouvement catastrophique avec ma
jambe et là, c’est la perte de
contrôle.
Étendu au sol, incapable de
bouger un tantinet, je vois
apparaître soudainement deux
ambulanciers. Peu habitué à ce
genre de situation, je suis
inconfortable. Ma nervosité
grimpe d’un cran. Ils me
rassurent, me conseillent,
s’informent sur mon état en
général, un travail sympathique
de leur part. Jamais je ne
croyais vivre des moments
semblables.
La présence d’amis qui
m’entourent me procure de
l’assurance et bien sûr, celle
de Pasquale, qui me voyait pour
la première fois dans cet état
minable, me réconforte.
Après une quinzaine de minutes,
ils me relèvent et par miracle,
je me sens bien. Je reçois mon
congé. Youpi ! Je me dirige vers
mon auto, question de changer de
souliers pour améliorer mon
confort et visiter plus
amplement le site du Festival
des pompiers et inévitablement,
expulser l’acide lactique de mon
corps.
Dans un geste d’imprudence, je
compresse mon mollet à nouveau
et vlan ! Une autre crampe.
Incapable de me tenir debout, je
tombe dans les bras de ma
compagne. Heureusement qu’elle
était bien placée !
Le tout se termine autour d’une
bonne table au resto, entouré
d’amis. Je remarque mon chandail
et ma casquette
exceptionnellement tachés de
sel. Je m’interroge à savoir ce
qui a bien pu se passer ? Un
départ trop rapide, un manque
d’eau, la présence du soleil, le
dénivelé de la 2e partie, je ne
saurais vous dire.
Assurément, j’ai commis une
erreur de débutant. Pourtant, je
me fais un devoir de manger ma
banane quotidiennement à tous
les matins, ce qui vient
confirmer que malgré ça, il faut
parfois se servir de sa tête.
Félicitations aux organisateurs
car je suis convaincu que cette
course continuera de grandir.
J’ai eu le temps de le réaliser
car finalement, mon cerveau
n’aura jamais surchauffé !
Prochain marathon : Amos le 19
juillet.
Statistiques de mon 76e marathon
Temps : 4h06 :23
Classement général : 64 sur 144
Classement catégorie d’âge : 2
sur 6
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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