L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

mardi 24 octobre 2017

Le triomphe pour Maxim, la civière pour Mario !



Je venais tout juste de cueillir mon dossard. En train de prendre un p’tit goûter à Saint-Jérôme voilà que le cellulaire faisait des siennes.

C’est Mario (Saint-Amand). Il est grippé. La raucité dans sa voix me le confirme. Incommodé par une forte fièvre, il se demande s’il pourra courir le marathon dans 24 heures.

« J’irai chercher mon dossard tantôt ».

Je suis inquiet. Pourra-t-il se présenter à la ligne de départ ? Et si oui, dans quelles conditions ?

Je devais accompagner l’humoriste Maxim Martin qui, il y a plusieurs mois, m’avait fait la demande pour son premier marathon à vie. Vous savez ce qu’il a vécu au cours des dernières semaines avec le décès de son gendre Clément, happé mortellement en vélo sur le Mont-Royal. Je n’osais insister.

Lors de notre dernier entretien téléphonique, il me rappelait que dans les circonstances, avec un relâchement au niveau de l’entraînement, il se posait des questions sur ses possibilités physiques de traverser cette expérience. « Je vais courir avec la photo de Clément que je grefferai sur mon chandail », s’est-il contenté de me dire.

Or, depuis cette séquence, plus aucune nouvelle de lui, silence radio. Je risquais donc de me retrouver seul, sans mes deux acolytes, moi qui rêvais depuis longtemps de vivre cette expérience unique : Accompagner deux artistes !

À ma grande joie, mes deux lurons ont fait leur apparition, presque par miracle, alors que je me préparais à entreprendre le marathon du P’tit train du Nord. Comblé, je suis convaincu que je traverserai de beaux moments.

Quelques kilomètres après notre départ et considérant son indisposition, Mario semble fringant, alerte. Je suis surpris. Il s’échappe.

Je reste avec Maxim car il aura sans aucun doute besoin de ma présence. La première portion nous fait voir un parcours facile car on descend. Agrémenté d’une température idéale et d’un décor majestueux, nous filons le parfait bonheur.

Maxim s’interroge sur la stratégie qu’il adoptera. D’un commun accord, nous fonctionnerons au feeling. Tout va bien mais j’anticipe le dernier droit sans lui dire mot.



Je sens qu’il est heureux. Il respire bien et sourit tout en expédiant quelques blagues quand l’occasion se présente. J’effleure discrètement le sujet de Clément. Difficile pour sa fille, se résume-t-il à me dire. Le long du parcours, les gens le reconnaissent et l’encouragent. Cette gratitude lui procure des ailes. Il les emmagasine.

Au 22e km, satisfaction car il vient de traverser une barrière psychologique. On s’entend que le reste du marathon se jouera dans la tête. Son silence viendra le confirmer quelques kilos plus tard. Au 28e, ses jambes s’alourdissent. La souffrance fait son entrée. À quelques reprises, il s’arrête pour marcher et grâce à sa détermination, il fera fi pour continuer.

Le chrono ne compte plus. Il veut le finir. Clément entre en jeu. Il lui avait demandé de l’aider sachant qu’il en aurait besoin. Il répond car Maxim persiste et se bat merveilleusement bien. Je suis surpris par son attitude. Il a compris.

On termine dans la joie. On se fait un câlin. Celui-là, je le sens plus chaleureux. L’émotion est à fleur de peau. Il discute alors avec un ami. Ému, ébranlé, il tente tant bien que mal à contenir ses émotions. Puis, il me lance comme ça : Je vais aller me faire toucher légalement », en prenant la direction des physiothérapeutes.

Au même moment, j’aperçois ma compagne et ses amis. Un beau petit bec suivra. C’est réconfortant. J’en profite pour lui demander des nouvelles de Mario. « Il est arrivé mais je pense qu’il ne va pas bien. » Je prends la direction de l’infirmerie. Je le retrouve allongé sur une civière, entouré d’ambulanciers.

Je déteste voir de telles scènes, davantage quand c’est un ami. Ça ne devrait jamais arriver. J’avise les personnes de bien le soigner car c’est mon ami et je l’aime bien. Mario tente de blaguer mais je n’aime pas ce que je vois, couché avec une grosse couverture sur le corps.

Je le quitte après quelques minutes. Je suis secoué.

Un marathon émotif, de la joie avec Maxim mais de la peine avec Mario.

Deux athlètes, deux humains formidables qui me procurent des sensations inédites dans une passion qui me fait voir des facettes inexplorées jusqu’à ce jour.

Merci les gars. On se reprend, OK ?



Statistiques de mon 80e marathon

Temps : 4h17 :21
Classement général : 634 sur 927
Catégorie d’âge : 35 sur 53


Daniel Lequin

danielmedaille@hotmail.com

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