La main de
Dieu !
Accroché au mur, je l’ai
regardé. Puis, je lui ai touché
sans vraiment avoir des
attentes. Je filais droit vers
l’inconnu. Une intervention
chirurgicale, c’est un coup de
dé. Vous en conviendrez.
Huit semaines plus tard, je
marche mes 12 km à chaque jour,
à un rythme maximal, à mon
image, comme si je m’étais dit
qu’il ne reviendrait plus, qu’il
fallait que je le chasse
définitivement de mes pensées.
Oui, le positif, c’est
indispensable dans une démarche
semblable.
Ce premier rendez-vous post
opératoire avec mon chirurgien
m’inquiétait. Qu’allait-il me
dire ? Préparé mais un brin
angoissé dans mon subconscient.
Dès mon entrée dans son bureau,
je crois percevoir un sourire
derrière son masque. Avec son
accent particulier, il m’a
souhaité le bonjour.
« J’ai
de bonnes nouvelles pour vous »,
m’a-t-il dit rapidement, comme
s’il ressentait mon besoin
d’être rassuré.
Immédiatement, j’ai senti mes
épaules s’alléger. Voilà les
paroles que j’espérais. Alors,
il est entré dans les détails.
« Il
n’y a plus rien, aucune trace de
cancer chez-vous ».
Mes poumons se sont
littéralement vidés d’un grand
soupir de soulagement.
Inexplicable comme résultat. La
vie en aura décidé ainsi car
j’étais à sa merci.
Un passage obligé que j’aurais
voulu éviter. Pris dans
l’engrenage, il devenait
impossible de faire marche
arrière. Alors, je me suis dit
malgré tout que mon
investissement dans la course à
pied allait peut-être m’apporter
le salut indispensable pour la
suite.
Dorénavant, la vie sera bien
différente à mes yeux. Des
angles m’inciteront à m’arrêter,
apprécier mon entourage, mes
perceptions, mes visions. La
page s’est tournée mais tout
porte à croire que mon livre
personnel n’est pas encore
terminé sur cette planète.
Nous ignorons le nombre de pages
qu’il comporte et c’est mieux
ainsi. Cela nous permet de ne
pas déjouer notre avenir et de
réagir sur le coup, sans
préparation, sans anticipations
qui pourraient changer notre
itinéraire.
Officiellement, je reprendrai la
course à pied au début de la
prochaine année et
progressivement, je parviendrai
à revivre les sensations qui me
manquent tellement depuis
presque deux mois. Je suis
chanceux et je suis heureux de
pouvoir lever la tête et
regarder droit devant. J’ai
comme l’impression que je devrai
poursuivre ma mission, celle que
je me suis donné à l’origine.
Devant l’impuissance, nous
arrivons à éprouver un climat
d’assurance qui surgit
soudainement dans notre esprit.
Sans explication, nous devons
lui faire confiance et nous
remettre à lui. Sans chercher à
comprendre, ultimement, il nous
apportera l’explication s’il y a
lieu. La vie comporte certains
mystères que nous essayons de
déchiffrer sans vraiment les
assimiler
Ma compagne Pasquale a bien
résumé ce que je vis
présentement.
« Tu
repars une 2e vie à partir
d’aujourd’hui. Tu te dois d’en
profiter. Plusieurs n’ont pas eu
cette chance ».
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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