C’est fait !

Face à l’inconnu, je me
dirigeais droit vers un
précipice.
Jamais je n’ai été hospitalisé.
J’ignore ce qui m’attend et
c’est peut-être mieux ainsi.
Je comparais ce qui allait
suivre à un marathon. Je me
basais sur les exigences d’un 42
km. Or, je me suis aperçu que
c’est complètement différent.

Ma compagne Pasquale
fut d'une aide
indispensable à mon
rétablissement
durant les jours qui
ont suivi mon
passage à l'hôpital. |
Le
matin de mon opération, l’allure
d’un prisonnier qui retourne au
cachot, je traverse les couloirs
de l’hôpital, la mine basse,
inquiet, à jeun. Après une prise
de sang, j’emprunte les
escaliers qui me mèneront au 2e
étage, là où tout se passera. On
m’appelle rapidement. Dès cet
instant, je réalise que je ne
peux plus reculer. Je dois
franchir cette étape, je le
sais, c’est pour mon bien.
Dans la salle d’opération, on
m’installe sur la table étroite
et froide. Je suis nerveux. Un
infirmier que je connais me fait
une blague : « On va te
l’enlever Médaille cette petite
noix ». Je souris pour lui faire
plaisir car je sais qu’il tente
de me calmer.
Au moment où on tente de
m’installer l’épidurale, je fais
une baisse de pression. Je me
reconnais. La nervosité a pris
le dessus. Finalement, je pars
vers le cosmos. À mon réveil, je
suis étonné, je me sens bien. On
me conduit à ma chambre. Je suis
à côté de Mme St-Martin, 92 ans,
qui vient de se fracasser le
fémur alors qu’elle faisait son
lit et qu’elle s’est accrochée
dans une couverture qui traînait
au sol. Malgré tout, elle est
très éveillée.
On me donne du Fentanyl. Ouff !
Je vous confirme que ça gèle son
homme. Sauf que le lendemain, je
ressens de vives douleurs. On
ajoute une piqûre de morphine en
plus d’ingérer deux Tylenol aux
quatre heures. Et il y a ces
injections que je reçois dans
les jambes afin d’éviter des
caillots de sang. Je ne prends
jamais de médicaments dans la
vie, je n’ai jamais pris de
Tylenol, Je suis confus, livide,
absent et je perds l’appétit.
Les cinq journées suivantes
seront semblables. Ce n’est que
le matin de la 6e journée après
mon opération que je retrouverai
vraiment mon esprit et mon
appétit. Je n’avais jamais
ressenti un mal de tête avant
cette opération. Je sais
maintenant ce qu’il représente
et je sympathise avec les
personnes qui doivent les
combattre régulièrement.
Au moment d’écrire ces lignes,
je suis réveillé et bien
présent.

Le
retour à la course à
pied se fera
tranquillement et
avec sagesse. |
Dans
l’ensemble, tout s’est
admirablement bien déroulé pour
la chirurgie. Le médecin m’a dit
que j’avais peu perdu de sang et
que l’opération avait été, et je
cite ses mots : Spic and Span !
Si j’ai décidé de vous raconter
cette expérience c’est pour me
procurer une belle occasion de
remercier tout le personnel
médical qui a pris soin de moi
durant ce séjour à l’hôpital
Hôtel-Dieu de Sorel-Tracy. Un
merci tout spécial à Mylène
Deschêsnes qui a su me rassurer
et me réconforter avant
l’opération par ses paroles
justes.
Je ne peux également oublier les
nombreux témoignages
d’encouragement que j’ai reçus
via les médias sociaux et par
courriel qui m’ont fait prendre
conscience qu’il y avait
plusieurs membres de la
communauté des adeptes de la
course à pied qui se
retrouvaient derrière moi. Je ne
me suis jamais senti seul dans
cette aventure.
Merci à mes enfants et à ma
compagne Pasquale qui fut d’une
présence réconfortante à la
maison lors des premiers jours
pour prendre soin de moi.
Je rentre maintenant dans cette
période de réhabilitation.
Lentement mais sûrement, la
condition physique reviendra.
Les petites marches tranquilles
combleront mon intensité
habituelle et un jour, lorsque
je jugerai que je suis prêt, je
recommencerai à courir.
Je ne me fixe aucune date, rien
ne presse. De toute façon, vous
le savez, je ne cours jamais
avec une montre !
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com
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