Quand le vieux
tacot tient encore la route !
Le bonhomme
a ralenti. En fait, il n’a
jamais été rapide.
Il
s’amusait. Il s’amuse encore.
L’autre
jour, concentré sur ma musique,
je gambadais à mon rythme, dans
ma zone de confort, porté par
les rayons du soleil printanier
et d’une chaleur qui commence à
nous caresser le corps.
Sans
entendre ses pas, une ombre
s’est approchée au dessus de mon
épaule droite afin de me
dépasser. Il s’agissait d’un
jeune coureur dans la trentaine.
Je le sais, je le connais car
j’ai eu le plaisir de le diriger
au hockey mineur, il y a belle
lurette.
« La
jeunesse », lui ai-je
immédiatement crié avant qu’il
ne s’éloigne. Hésitant à me
répondre, probablement à cause
de mon nouveau look hivernal, ma
barbe blanche que je n’avais pas
encore rasée à ce moment là, il
s’est retourné avec un large
sourire. Puis, je brûlais
d’envie d’ajouter : « Tu
représentes la relève. Il faudra
bien nous remplacer un jour ».
Il n’a pas
répliqué, probablement par
respect, de peur de m’offusquer.
Alors, j’ai compris combien je
devais me considérer
opportuniste de pouvoir courir
encore et d’apprécier le moment
présent.
LES
COUREURS ONT BEAUCOUP RÉFLÉCHI
Un vieux
modèle mais dont la carrosserie
tient encore la route, vous
savez, ceux que les curés
utilisaient à l’époque où
l’église gouvernait. On
imagine que même malgré l’âge,
les curés n’avaient jamais de
problème à liquider leur bolide,
tellement ils en avaient pris un
soin minutieux.
Lorsque
j’ai fait la découverte de la
course à pied et des endorphines
qu’elle me procurait, je me suis
rapidement dit que je ne devais
pas abuser de mon corps, qu’avec
tous les chocs qu’il devait
encaisser, je me devais de le
protéger pour courir longtemps.
De toute façon, je ne disposais
pas du talent pour réussir de
bons temps.
Aujourd’hui, je dois admettre
que je récolte de mes semences.
Au cours
des derniers jours, j’ai reçu
énormément de témoignages de
vétérans coureurs, certains des
élites, d’autres de vrais
mordus. Beaucoup ont modifié
leur attitude au cours de la
pandémie. La pause que ce
virus a causée partout dans le
monde a poussé les gens à
s’arrêter et à réfléchir.
POUR
RAPPORTER DES DIVIDENDES
Inévitablement, les remaniements
de comportement se sont
multipliés et vous seriez
étonnés de constater ceux et
celles qui ont changé leur fusil
d’épaule en rapport avec la
course à pied. C’est comme si
nous entrerions dans une
nouvelle ère, avec un esprit qui
présente une conduite
différente.
Quand ce
jeune coureur m’a croisé, j’ai
cru m’apercevoir qu’il n’avait
pas de montre au poignet.
Alors, je me suis reconnu. Je me
suis dit qu’un jour, d’ici
plusieurs années, il allait
encore courir et qu’arrivera
assurément le moment, où tout
comme moi, un autre jeune
répétera les mêmes gestes lors
d’un entraînement.
Le message
est clair. Votre investissement
doit rapporter des dividendes
pour plus tard. Tout comme un
REER, il faut en prendre soin,
ce qui vous permettra d’en
profiter tout au long de votre
vie et particulièrement à votre
retraite.
Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com |