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Jeudi 12 octobre, 2023
La Maison des jeunes n’est pas qu’une place pour « chiller »
(Stéphane Martin, 12 octobre 2023) – Les directions des Maisons des jeunes de Sorel et de Tracy profitent de la 26e édition de la Semaine des maisons des jeunes du Québec afin de réclamer un peu plus de reconnaissance et de soutien des autorités gouvernementales.
« On prend le jeune comme individu avec tout ce que cela comporte. Les intervenants sont comme des personnes significatives qui sont là pour rendre les ados actifs, critiques et responsables. Cependant, le lien significatif avec l’adulte est difficile à garder puisque nous avons de la difficulté à conserver notre personnel. Nous sommes sous-financés et il est impossible de concurrencer les salaires offerts dans le réseau de la santé », explique le directeur de la Maison des jeunes de Tracy, David McDermott.
Ce dernier mentionne que le travail des intervenants touche plusieurs volets d’intervention auprès des jeunes de 12 à 17 ans, dont le décrochage scolaire, la toxicomanie, l’éducation à la sexualité, la démocratie, et bien plus encore. « Sans le travail des intervenants, les maisons des jeunes ne pourraient pas mener à bien leur mission parce que c’est grâce au lien significatif, la relation de confiance et de respect qui se développe entre l’équipe d’animation et les ados, que la sensibilisation et la prévention sont possibles », ajoute Monsieur McDermott.
Selon des chiffres fournis par le Regroupement des maisons des jeunes du Québec, les différentes installations en province ne survivent qu’avec un budget moyen d’à peine 156 000 $ par année. Ce montant comprend les charges des salaires, du fonctionnement ainsi que des services et des activités aux adolescents des communautés desservies. Cela représente à peine le tiers de leurs besoins pour un fonctionnement de base.
« Ça fait plus de 40 ans qu’on existe et il faut encore expliquer notre travail à des gens qui ignorent notre existence. À la Maison des jeunes, on offre un lieu de rencontre pour les jeunes, on se sert du loisir et des activités pour faire de la prévention chez cette clientèle qui s’implique également dans la communauté. On prend le jeune où il est rendu dans sa vie et l’on tente de le faire évoluer afin qu’il s’épanouisse. Quand le lien est créé, il se confie sur des choses que personne ne sait », mentionne la directrice de la Maison des jeunes de Sorel, Lucie Champagne, qui ajoute que les maisons des jeunes sont souvent les seules ressources accessibles pour les jeunes le soir et les fins de semaine.
Des paroles qui écorchent
Madame Champagne profite de l’occasion afin de contester certaines paroles prononcées par le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, lors de sa dernière visite à Sorel-Tracy. Il était de passage pour l’inauguration d’Aire ouverte, une nouvelle ressource pour les jeunes de 12 à 25 ans dans la région.
Questionné par le SorelTracy Magazine afin de connaître la différence entre Aire ouverte et une Maison des jeunes, le ministre avait répondu qu’Aire ouverte était un endroit pour venir chercher des services de santé et non un endroit pour « chiller ».
« Ça m’a totalement déstabilisé et insulté. Je ne peux pas croire qu’un ministre dise une chose semblable en public. On ne peut pas dénigrer un organisme pour en valoriser un autre. On mérite autant de considération que les autres. C’est un manque de reconnaissance de notre milieu. C’est insultant pour les jeunes qui utilisent nos services, nos travailleurs et nos bénévoles qui s’impliquent après des jeunes. Je trouve que ce n’est pas digne d’un ministre », commente Lucie Champagne qui compte envoyer une lettre au ministre Carmant afin de lui faire connaître son insatisfaction. La correspondance sera signée conjointement par son collègue David McDermott.
« Ma crainte ne vient pas de l’équipe de déploiement d’Aire ouvert. Ce que je déplore, ce sont les choix ministériels pour invertir dans ce service au détriment de nous qui existent depuis plus de 40 ans », de conclure le directeur de la Maison des jeunes de Tracy qui, d’ici le mois de janvier, déménagera dans ses nouveaux locaux situés au sous-sol du Centre culturel de Tracy.