SorelTracy Magazine - Dimanche, 22 Décembre 2024

Mardi 10 Décembre, 2024

Par Michel Pagé

L’Arbre de la tradition: Un Conte du temps de Noël

‘’ Grand-père, raconte-nous une vraie histoire !’’ Le grand père resta estomaqué, il se rendit compte qu’il n’en savait pas spontanément… Il dit, tout solennel :

‘’Je me souviens du temps où la tradition régénérait de génération en génération des racines collectives pour le Bien de tous et de chacun… La tradition aide à conférer un sens à l’existence, à vouloir continuer une vie unique…’’

‘’C’est quoi grand-père la tradition? Demanda le plus jeune.

La tradition…. La tradition c’est comme les racines d’un arbre. Tu vois bien cet arbre là-bas, ou celui-ci tout près de toi. Pose tes mains grandes ouvertes sur le tronc… Ressens-tu les vibrations de la sève qui coule en l’arbre?

La sève ça fait le sirop, eh, Grand-père?

Oui mon grand, tu connais bien la magie des saisons. Eh bien l’arbre, il a des racines. Sans elles, il ne pourrait pas vivre, il ne pourrait pas développer un beau feuillage et grandir comme toi avec tes cheveux qui te donnent l’air d’un petit Prince prêt à s’envoler d’un rêve à un autre! Et puis, quand les racines et le feuillage, la ramure on dit, sont parfaitement en équilibre, tellement beaux qu’on ne pourrait pas imaginer quelque chose de mieux, ils forment un être unique, alors on dit que c’est la nature de l’arbre d’être tel qu’il est.  La tradition c’est le sol et les racines qui nourrissent l’arbre, le font fort, résistant et en santé.

L’arbre est plein de vibrations de vie, même si on ne le voit pas bouger. Rien n’est immuable; on a l’impression que tout est immobile parce que l’évolution est lente et que l’arbre de vie demeure bien enraciné, bien droit. Mais ses racines le meuvent vers l’avenir, d’arbre en arbre. C’est la gloire du destin de l’arbre-radar qui dans sa croissance se souvient en continuité, dans les temps et les temps.

Je me souviens du temps où – père et enfants- allaient dans le boisée de la ferme familiale, choisir un sapin, le cueillir, le ramener en traîneau… En un tel moment se reforge la légende d’un peuple; l’enfant s’inscrit dans le rite de la Nature, dans un ordre rassurant et significatif; il s’instruit de la tradition; il pourra s’y ancrer, y trouver des repères puis la devancer, la hâler jusqu’à la prochaine génération…

Je me souviens encore de la table familiale dressée à Noël et aux autres fêtes-phares de la tradition – Pâques, l’Action de Grâce -. La mère de famille réservait une chaise et plaçait une assiette en attente d’un invité qui viendrait à l’improviste, d’un nécessiteux, ou dans l’espoir du retour d’un enfant prodigue. Cette tradition inscrit l’espoir, l’espérance, la compassion, la communion, la solidarité avec la communauté malgré la solitude.  On attend toujours d’être invité, on attend toujours l’invité. À l’arbre de la tradition, on accroche l’espoir d’un dialogue renouvelé, de liens renoués…

Voilà que le père, à l’orée d’un âge plus que certain, se met à rêver comme devers sa jeunesse de la belle Éléonore et des enfants s’élançant vers lui dans un déferlement de rires poussifs et lumineux…. Le voilà à s’initier à connaitre l’art d’être grand-père au regard plongé dans celui de l’enfance, à montrer le chemin à l’horizon, pour que l’espérance habite des monts et des vaux, d’enfants en enfants, dans les siècles et les siècles!

La famille, c’est le chant de la terre des hommes! Dit le grand-père aux petits enfants.

Il entonna un chant, Un Canadien errant : Un Canadien errant banni de ses foyers parcourait en pleurant les pays étrangers… Aux courants fugitifs, il adressa ces mots…

 

Puis, ils allèrent couper un sapin à l’orée du boisé, ce serait leur arbre de Noël. Ils seraient bien ensemble, dans les saisons et les saisons à venir.

 

Michel Pagé
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