Le
court texte qui suit se veut une réplique à un article de Jean
Dion («Problème de pois») paru dans Le Devoir du
mardi 22 juillet 2003. Dans cet article, le chroniqueur se met en
frais pour répondre à l'interrogation fondamentale suivante : «
Pourquoi il est à pois, le maillot à pois? »
Nous
rappelant d'entrée que le maillot en question sert à « honorer le
meilleur grimpeur du Tour de France cycliste », mister Dion, qu'il
conviendrait plutôt d'appeler mystère Dion, «flâse» ensuite
jusqu'en fin de chronique… pour avouer candidement au p'tit
curieux 110 % fictif qui lui demandait le pourquoi des pois sur le
maillot : « Je n'en ai pas la moindre idée. »
Y'é
ben crapaud, le Dion : remonter pratiquement à l'invention du tire
«balloune», celui-là même qui allait détrôner à jamais le tire
«plein» (sauf sur les
tricycles n'ayant point pignon sur roue), ouais! nous raconter mille
histoires accessoires pour finalement négliger l'essentiel… J'le
prends juste pas! Y'a d'quoi déchanter, que dis-je? de quoi déjanter!
Mû
par le souci de trouver réponse à la question ainsi éludée par
le journaliste sportif susnommé, je vous livre incontinent le fruit
de ma propre réflexion sur l'on ne peut plus ponctuel sujet des
pois textiles :
Pois
sur la conscience
Vous êtes un vilain, Monsieur Dion sans «de»
: nous tenir en haleine de la sorte bien au-dessus de notre selle
pour, en fin de course, nous faire «déclipper» (déchausser) des
deux bords à la fois et, du même coup, perdre les pédales, littéralement!!!
Comme vous dites : « Ayoye! la barre! »
Ouais! nous laisser en plan, dans le plus opaque des
brouillards, en ce qui a trait à l'origine du maillot à pois,
c'est indigne de vous, ça! Y'en a qui, à bien moins, se sont vu
infliger le supplice de la «roue» ou ont fini à la «potence»!
Vous mériteriez presque qu'on déversât de la poix bouillante sur
votre clavier d'ordi. Magnanime, je me contenterai plutôt de répondre
à votre esprit de bottine par un esprit de chaussure à clip :
peut-être, à mon tour, réussirai-je à vous faire perdre les pédales;
vous comprendrez alors qu'il est encore plus périlleux d'atterrir
sur les deux que de filer sur une seule (gosse)...
Je vous imagine pourtant contrit et repentant, avec comme un
pois sur la conscience. Non? Alors, rassurez-vous, je vais vous
faire sauter ça en criant «bine», moi, Monsieur!
Non mais… pour nous pondre cette non-réponse à
l'existentielle interrogation que vous avez vous-même soulevée
concernant le maillot du meilleur grimpeur (en passant, il doit être
populaire auprès de la gent féminine, celui-là!), fallait-il que
vous eussiez les mirettes bouchées par la purée de pois pyrénéenne,
celle-là même d'où, au terme d'une épique chevauchée, émergea
en vainqueur le preux chevalier Lance-au-bras-fort,
plus faible que fort d'une avance de 40 secondes sur Ulrich-le-Teuton. Aveugle, vous l'étiez certes, car des
explications possibles, il n'y en a pas qu'une, mais des tas.
Soucieux d'éclairer la lanterne rouge du dernier de vos
lecteurs, je suis allé faire un tour du côté du site Web consacré
au maillot à pois (www. polka dot
com) – il y a tout lieu de supposer que le créateur du
site en question a baptisé celui-ci en s'inspirant du style dit «en
danseuse» adopté par bon nombre de coureurs confrontés à des
pentes de 13 degrés «en montant»… Hélas! si l'on y trouve tout
plein de trucs intéressants, dont une recette de soupe qui cloue
littéralement sur place une mixture en conserve bien connue de
marque Habitant (pouah!),
il faut rester sur sa fringale quant à l'essentiel; en effet, rien
sur le pourquoi ni sur le comment du maillot à gros points rouges!
Force m'est donc de me résoudre à vous proposer – à vous
ainsi qu'au peloton des cocos et cocottes qui aspirent à en connaître
un rayon sur le vélo –, oui! à vous servir sur grand plateau les
interprétations fantaisistes (à peine!) qu'a suscitées chez moi
votre dernière chronique. On va enfin, peut-être, trouver des
pistes de solution, découvrir à quoi ça rim
un chandail pareil… Joli programme, n'est-ce pas? Embarquez dans
ma roue : c'est parti, mon kiki!
Ø
Le chandail à pois, ça serait-y pas un peu comme le
secret de la Caramilk (de
Cadbury, société qui a racheté les chocolats Poulain, «
l'instigateur de la caravane du Tour », avez-vous appris aux
ignares que nous sommes)? En d'autres termes, les pois
sur le maillot et le caramel
dans la «palette», n'est-ce point idem? Impossible, en effet, de ne pas établir de rapprochement entre ces
deux «réalités» somme toute triviales, tant elles semblent
assujetties à la même logique bassement épicière. Dès lors, on
se dit que l'explication véritable de l'une et l'autre
manifestation (pois et caramel) doit être
à ce point inintéressante, tellement «drable» en fait… qu'il
vaut mieux en faire un mystère, voire un mythe… à entretenir
auprès d'une populace bon enfant et commodément crédule. Y'a pas
à dire, on nous prend vraiment pour des gourdes faciles à «emplir»!
Ø
Soyons un peu plus sérieux, mais pas trop tout de même
: c'est connu, en altitude, il y a moins d'oxygène. Faire
l'ascension d'un col hors catégorie à vélo, c'est forcément
s'exposer à des hallucinations. Tout devient à pois devant soi, y
compris et surtout le chandail du meneur. « Tant qu'à faire, aussi
bien y apposer des pois pour de vrai, sur ce maillot-là! » a-t-on
pu se dire dans les hautes sphères du cyclisme. C.Q.F.D.
Ø
La tendre moitié de Georges Bouton, génie de la mécanique
qui faisait tandem avec votre ancêtre à particule (Albert de
Dion – voir la première note infrapaginale), la bergère de Georgy
Boy, donc, ne voulait pas être en reste dans les salons de la
haute. « Votre mari a fondé le journal du Tour de France. Eh bien!
le mien fournira les maillots aux coureurs; tenez, nous avons
justement à la maison un restant de coupon de tissu pour rideaux…
» Ce qui fut dit fut fait. Or, compte tenu de l'expression «grimper
aux rideaux», il était normal – et quasi fatal – que le tissu
de dame Bouton, qui se trouvait être à
gros pois rouges sur fond blanc (pas la dame, mais le tissu), il
était normal, dis-je, que ledit tissu servît à confectionner le
maillot destiné à souligner la haute performance d'un… grimpeur.
C'est sans doute ainsi que, taillé dans un vulgaire coupon,
le maillot à pois est devenu un ticket
pour les sommets! « Ç'a ben du bon sens, même si ç'a pas grande
allure », pas vrai?
Voilà ma musette déballée. Prochaine étape : la vraie
explication..., que je continue d'attendre de votre part, tout en la
cherchant sans relâche de mon côté. Toutefois, devenu plus sage
à cause de vous, je reste désormais en roue libre, l'arrière-train
bien campé sur ma selle ergonomique dite «anatomique», stratégiquement
rembourrée de gel comme il se doit… là où l'on ne veut pas que
ça fasse mal : assis, c'est moins risqué pour l'intégrité des
deux gros «pois» enserrés dans mon cuissard. T'sé veux dire?
Debout
sur les pédales? Non merci! Plus jamais… Une voix de soprano, ça
ne me tente pas, «pantoute»! Monter haut à vélo, je veux bien,
mais monter haut en chantant, pas question : j'débarque!