Finances 00¾
L'« encavure »
plutôt que la bosse
Sans
jamais redoubler, j'ai usé mes fonds de culotte sur les bancs d'école
un bon bout de temps, jusqu'à l'aube de mon quart de siècle en
fait. Pourtant, je reste désespérément nul, archinul même, dans
tout ce qui comporte ou implique des chiffres. En effet, qu'ils
soient arabes ou romains,
les chiffres, c'est du chinois
pour moi! On pourrait dire que j'ai l'« encavure » des
maths, certainement pas la bosse…
L'argent,
on peut toujours en parler, c'est sûr, mais l'idée principale, à
ce qu'il paraît, c'est de savoir le compter et le « placer ».
On aura compris que, sur le plan financier, c'était mal barré pour
moi : j'étais comme qui dirait « fait à l'os! »… avant même
de toucher ma toute première paie, à l'âge de 15 ans. D'où, conséquence
logique, mon plus total désarroi dès qu'il est question de
finances… Pour le plus grand malheur de ma p'tite famille – sur
le strict plan matériel s'entend –, je persiste à lever dédaigneusement
le nez sur les deux mamelles siamoises qui font courir le monde et
tourner les têtes; en effet, je ne marche pas à l'argent,
premier téton, ni ne carbure au pouvoir,
l'autre membre dégoulinant de la paire nourricière. En effet, mes
ambitions et mes joies se situent ailleurs, à un niveau qui échappe
à toute opération de quantification… et, même une fois réalisés,
mes rêves et projets ne sont point, hélas! du genre à mettre du
beurre à profusion sur la table de la salle à manger! Que
voulez-vous, on ne se refait pas… Le doc Mailloux peut en penser
ce qu'il voudra : c'est manifestement pas son problème! Tant
mieux pour lui, vraiment!
Assurances, impôt, caisse
de retraite, hypothèque, rendement boursier, carte de débit,
succession, investissement…, voilà autant de termes rébarbatifs
dont la seule vue dans un journal ou la moindre mention dans une
conversation me filent de l'urticaire et mettent tout mon être en
mode « fuite en avant éperdue » : je tourne la
page ou change de sujet illico! Si j'ai réussi à survivre dans
cette jungle terminologique infestée de signes de piastre ($) et d'euro
(€), c'est grâce en grande partie à ma tendre moitié, qui
veille au grain. Cet aspect pratique – pour ne pas dire
« trivial » – de l'existence n'est pas vraiment sa
tasse de thé, à elle non plus, mais disons qu'elle est moins
« niaiseuse » (lire : plus douée) que son conjoint
pour ce qui a trait à la gestion de nos avoirs « communs »
(et comment!) bassement terrestres. En y pensant bien, je ne lui ai
guère laissé le choix, pauvre elle!
Pouvoir
compter… sur sa santé
Constat : Liberté
55, c'est pas pour bibi! Je devrai bosser au moins jusqu'à mes
65 ans. Remarquez que s'il est écrit queq' part que la santé
va m'accompagner tout au long de mon « marathon »
professionnel, eh bien! cette perspective d'une retraite très
tardive ne me « déflaboxe » pas le moins du monde, au
contraire! Je dirais même qu'elle me rassérène, ah ça oui!