« En
passant... »
Textes de Jean-Paul Lanouette
Économies
de bouts de… métro, ou incitatif zéro!
L'autre
coupe Longueuil
Tous
les ans, avant le début officiel de l'été, la Société de
transport de Montréal (STM) nous refait le coup de la mesure réductrice,
et nous, à la veille de la Saint-Jean-Baptiste, subissons avec la
docilité légendaire du mouton cette «coupe» qui nous est cavalièrement
imposée. Je parle du raccourcissement intempestif
des rames de métro sur la ligne jaune (Berri – Longueuil). Je
comprends que la STM veuille réaliser des économies, mais est-il
justifiable que ce noble dessein s'accomplisse au détriment de la
qualité du service, ou plutôt, en l'occurrence, du confort minimal
de l'usager?
Il
faut savoir que, le reste de l'année, les personnes qui ne prisent
guère le traitement ou l'effet «boîte de sardines» peuvent se réfugier
dans les voitures de tête et de queue, toujours moins densément
peuplées. L'exécution de cette douloureuse amputation ne
pourrait-elle pas, au moins, être retardée d'une semaine ou deux,
histoire de laisser se vider toutes les écoles et s'amorcer pour de
vrai la période des vacances? Ou encore, plus simplement, ne
serait-il pas envisageable de conserver l'intégrité des rames
durant les heures de pointe, quitte à les écourter de
moitié pendant les périodes creuses de la journée?
Ce
matin, sur le quai de Longueuil, côté queue, il s'en fallait de
peu que ne fussent requis les services «compacteurs» de pousseurs
style lutteurs de sumo… comme dans le métro de Tokyo! À bord, il
faisait chaud : « Vivement le départ qu'on en finisse! » Pris en
sandwich entre un sac à dos monumental et, tenez-vous bien, une espèce
d'attaché-case format
juridique avec poignée à rallonge tubulaire télescopique,
le tout monté sur roulettes (ouf! on n'arrête pas le progrès!),
ouais! ainsi coincé, je me faisais «barouetter» joyeusement…
sans rien à quoi m'agripper en cas de décélération soudaine et
brusque, sinon mes voisins immédiats ou compagnons d'entassement.
À
rallonger au plus coupant!
En
temps normal, c'est avec enthousiasme que j'encourage mes congénères,
à savoir les banlieusards travaillant à la ville, à délaisser
leur auto pour goûter aux charmes du métro. « Fini les bouchons!
» que je leur dis. Mais, l'été venu, qu'on ne compte plus sur
moi, à la STM, pour vanter les mérites du transport souterrain.
Pour employer un langage de marin : avec des rames tronquées de la
sorte, impossible d'affronter le moindre gonflement du flot de
passagers sans risquer le mal de mer!
À
moins d'être un incurable nostalgique du tramway, que mon grand-père
appelait ironiquement (ou affectueusement?) «boîte à caresses»
pour des raisons dont l'évidence saute aux yeux, l'automobiliste a
donc tout intérêt à rester peinard dans sa bulle climatisée, si
«tortuesque» soit-elle à l'embouchure des ponts… Moi, je n'ai
pas le choix : je ne conduis pas! Alors, de retour demain sans faute
dans mon wagon-sauna bien plein! La fête du Travail nous ramènera
les voitures manquantes. J'ai presque hâte!
Y
aurait-il, ma foi, un lien quelconque à établir entre raccourcissement
du métro et allongement
des poignées de valises?!? Car Lavoisier avait bien raison qui
un jour décréta : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout
se transforme. »