« En
passant... »
Textes de Jean-Paul Lanouette
Par
le court texte qui suit, je vous livre sans ménagement ma réaction
courroucée à une autre de ces «provincialeries» dont nous avons
le secret!
Mirae canis non
gratus,
ou
L'indésirable Providence
Décidément,
on a le tour de faire dur au Québec! Le fait-on exprès, ou si
c'est inscrit de façon indélébile dans un de nos gènes
dominants, à savoir celui qui est responsable de l'apparition de
l'insidieux SBB (syndrome du «boss de bécosse») chez certains
petits fonctionnaires frustrés, très règlement-règlement, et
toujours en mal de power trip à
exercer sur le dos d'honnêtes citoyens?
Que
je vous explique. Imaginez, Ronald Bigras, un confrère de travail
qui, depuis une couple d'années, avec sa compagne Catherine, sert bénévolement
de foyer d'accueil à de futurs chiens-guides Mira, Ronald, donc, se
voit interdire l'accès de tout terrain de camping ou parc «provincial»
(à prendre ici au sens ô combien «habitant» du terme) s'il a le
culot de s'y présenter en compagnie de la belle Providence,
chien-guide en devenir. Petit, mesquin, minable, aberrant, voilà
autant d'épithètes peu flatteuses que m'inspire cette position «officielle».
Encore une fois, on se fait damer le pion et donner des leçons de
savoir-vivre par le fédéral, qui, lui, accueille à bras ouverts
sur ses terrains campeurs et marcheurs tenant en laisse un jeune
chien au cou ceint du rouge foulard de la Fondation Mira.
J'éprouve
respect et admiration pour les gens comme Ronald qui investissent
temps et énergie dans l'acclimatation, ou plutôt la «sociabilisation»
d'un apprenti chien-guide… dont ils devront se séparer après s'y
être forcément grandement attachés. Il me semble que le moins que
l'on puisse faire, c'est de tâcher de leur faciliter l'existence un
brin, en évitant, dans toute la mesure du possible, de leur mettre
des bâtons dans les… pattes. Grand amateur de camping, Ronald
doit-il renoncer à ce plaisir estival… ou tout simplement se résoudre
à «rapporter» Providence chez Mira?
En
passant, ces jeunes chiens qui se préparent à vivre au service
exclusif de handicapés visuels ou moteurs sont déjà mieux élevés
que bien des bipèdes. Il n'y a donc pas lieu de craindre de dégâts
de leur part : l'environnement n'est aucunement menacé, croyez-moi!
Ohé!
Québec! Un peu de jugeote et d'empathie, que diable! (La)
Providence vous le rendra.
Jean-Paul Lanouette
jplanouette@sympatico.ca