Ainsi donc, la CBC,
soucieuse de ménager la chèvre et le chou, c'est-à-dire de préserver
ses sacro-saintes
cotes d'écoute tout en déplaisant au moins grand nombre de Canadians
et de Canadiens
possible, la CBC, dis-je,
a décidé d'imposer le bâillon à son gueulard vedette, l'inénarrable
Don Cherry. Précisons tout de suite qu'il s'agit cependant d'un bâillon
d'un type très particulier, que l'on pourrait presque qualifier de
« bâillon de Damoclès », en ce sens qu'il sera
maintenu à une distance de sept secondes de l'organe de l'analyste :
rien, quoi, pour l'empêcher de respirer ni de déconner sur un mode
jugé « acceptable » par quelque censeur occulte.
Or, la censure –
d'autres, tel le sieur Foglia, de La
Presse, l'ont déjà exprimé ou expliqué plus expertement que
je ne saurais le faire – est un poison insidieux qui touche, puis
infecte tout le monde et sa sœur. Or, quand le remède se révèle
plus drastique, plus délétère que le « mal », il vaut
mieux s'abstenir de le prescrire et, a
fortiori, de l'utiliser, non?
Le col en
celluloïd versus l'appa
siliconé : triomphe de l'artifice ou de la bêtise?
Entre le téton à Janet Jackson et les calembredaines fielleuses de l'ami
Don, il y a à la fois tout un monde de différence et une absence
totale de… différences. En effet, si n'importe quel sein – fût-il
« embijouté » d'un soleil métallique comme celui de la
p'tite sœur de Michael – sera certes toujours infiniment plus
attirant et, n'en déplaise aux sépulcres blanchis, plus « télégénique »
que les amygdales d'un
analyste de hockey aux cols de chemise surdimensionnés, il
reste que nous avons affaire, en l'occurrence, à deux bêtes
médiatiques en quête maladive de visibilité. Dans l'un et l'autre
cas : n'importe quoi pour attirer l'attention, pour faire réagir,
pour faire parler de soi! Et, on l'a vu, ça marche!
Hélas! la réaction de
la CBC, non point aux
propos de « sa » grande gueule nationale, mais aux
plaintes suscités par lesdits propos, est tout aussi risible, voire
aussi pathétique que celle de CBS et de la NFL au tollé
empreint de pudibonderie soulevé par la portion de mamelle découverte
à la mi-temps de la « Super Boule ». Ça sent le politically correct et la sainte hypocrisie à plein pif! En un mot
comme en mille, j'aime pas, mais alors là, pas du tout!
Non mais, personne n'a
remarqué que Don Cherry est un clone de clown plus vrai que nature?
Pour une fois que l'habit fait le moine! Merde, depuis quand
censure-t-on les caricatures? Au secours! Chapleau.
Moi, les bouffons m'ont
toujours fait rire, même quand ils me traitent de Frog
ou de « pissou » à visière a
mari usque ad mare (d'un étang à l'autre). Suffit de savoir de
qui ça vient. Ce qu'ils font ou disent, j'ai pour principe de ne
jamais le « prendre pour du cash ».
Le festival Juste pour rire,
lui, ne subira jamais l'odieux du bâillon, pas même à
retardement; en effet, on ne laisserait pas faire ça, et avec
raison! Alors, si l'on choisit de garder le beau Don à bord, qu'on
lui permette de s'exprimer ouvertement, « pas attaché »,
comme il l'a toujours fait, sans laisser à personne le soin ni la
possibilité de charcuter sa substantifique prose ou de lui retirer
de la bouche ce pied énorme qu'il s'entête à y enfoncer
artistement!
Un baromètre,
oui messieurs-dames!
Tolérance, compassion
ou empathie de ma part? Nenni! Plutôt vif intérêt pour la chose
sociologique, sain et légitime désir de savoir, de mieux connaître
mon dissemblable. C'est pourquoi je m'oppose avec vigueur à ce
qu'on trafique de quelque façon ce parfait baromètre qu'est
Cherry, baromètre sinon des états d'âme profonds de l'autre
Solitude qui sévit de part et d'autre de mon p'tit monde, du moins
de ses humeurs cachées ou honteuses. « Montre-moi un peu ce
qui te fait rigoler, et j'aurai une sacrée bonne idée de ce que tu
penses. » Aussi, cause toujours, cher Don : je t'écoute
attentivement, que dis-je? religieusement…
On aura compris, j'espère,
qu'infliger un différé
de sept secondes à un bipède drôlement habillé
qu'on autorise à s'ébrouer sur les ondes, c'est en quelque sorte décocher
à Dame Liberté un direct
sur la margoulette. Vous savez, j'aime bien pouvoir juger par moi-même
de ce qui est « épais même dans le plus mince » :
pas besoin d'un censeur de la CBC pour ça… De toute façon, je le répète, la censure, c'est
toujours une mauvaise idée. Les imbéciles télévisuels, c'est
leur accorder trop d'importance que de filtrer leur prestation
verbale, généralement plus haute en décibels qu'en couleur.
« Mon gugusse à carreaux du Coach's
Corner,
c'est pas touche! O. K. là? »
À part le
fric, qu'est-ce que ça te donne, Ron?
En
passant et en terminant, Ron MacLean, vous savez ce dadais surpayé
pour agir (ou subir?) comme faire-valoir auprès de l'ineffable Don,
eh bien! j'en profite pour préciser qu'il me pompe l'air mille fois
plus que l'empesé du col, le Ron, même s'il ne dit rien de
choquant, lui. En fait, s'il me hérisse à ce point, c'est peut-être
parce qu'en définitive il ne dit rien qui vaille, se contentant
d'empocher l'oseille après avoir téteusement relancé l'aut'
« zouf » pour lui permettre de cracher son venin urbi
et orbi…
À prendre ici au sens
bassement « animal » du terme.
« Des goûts et des
couleurs, il ne faut pas disputer », ne manqueront point
de répliquer « les ceusses » qui, comme Don, se
fringuent chez Moores…
C'est là le nom de la
capsule indigeste servie par Don « la cerise »
Cherry, et cela, dans le cadre de l'émission Hockey
Night in Canada.