De Mirabel à Trudeau –
« Avancez en arrière! »
Passer de Mirabel à Dorval-Trudeau, pour le simple curieux en mal de
tourisme « rampant » (ou terre-à-terre), c'est comme choisir de fuir
le centre commercial ultramoderne pour aller se réfugier dans le
souk traditionnel… Tant qu'il s'agit uniquement de fouiner dans de
petites boutiques, de « magasiner » pas trop loin d'la ville tout en
se payant une mince et illusoire tranche d'interculturel à deux
sous, ou encore un beau souvenir chromé du Canada… made in China,
j'dis pas : c'est plus convivial,
plus chaleureux en fait d'expérience, presque « à dimension
humaine », quoi!
Mais, quand l'idée première, c'est d'aller prendre l'avion dans un
endroit qui s'y prête, endroit qui satisfasse pleinement aux
exigences du XXIe siècle, alors là, je cesse illico de
comprendre. Car, je vous le demande : aux yeux de celui qui
s'embarque pour un ailleurs plus ou moins lointain, la convivialité
à tout prix n'est-elle point, logiquement « entéka », moins
recherchée et moins souhaitable que ce que les Français
appelleraient ze priority, à savoir la sacro-sainte
efficacité? – t'sais veux dire?!? Ce retour à Dorval, la queue (et
le reste de l'« aéroplane ») entre les jambes, c'est une source
inépuisable d'emmerdements assurés… pour le voyageur. Quelqu'un
voudra ou pourra-t-il m'expliquer le « rationnel » de tout ça, comme
on dit si bien dans les ateliers de gestion 101 pour « boss-de-bécosse »
en quête de vision.
Or,
lorsqu'une décision, un geste défient toute logique, il faut se
demander à qui profite le « crime ». Donc, qui diantre pouvait bien
avoir intérêt à rendre Montréal invisible sur la mappemonde des
grandes destinations en enserrant son aéroport dans un « corset
urbain » du nom de Dorval? « Tiers-mondiser » nos installations
aéroportuaires, ça arrange qui au juste? Sortir Montréal de la
« cour des grands » au chapitre des arrivées et départs
internationaux, pour y faire entrer… disons Toronto-la-pure (?),
c'était-y ça, l'idée géniale sous-jacente? Y avez-vous seulement
pensé : Trudeau se faire damer le pion par Pearson… On aura tout vu!
J'en connais au moins un qui doit se retourner dans sa bière…
Passer de Mirabel à Dorval-Trudeau, pour le voyageur « ailé », c'est
se faire dire cavalièrement d'« avancer en arrière » sans poser de
questions, c'est devoir se résoudre à effectuer un bond prodigieux
dans le passé. « Québec sait faire! » a-t-on déjà osé clamer… Faire
quoi au juste? Des gaffes? Ah, ça oui! Surtout quand il est « aidé »
par son grand frère, le Canada…
Chantons en chœur, avec Céline ou n'importe quelle finaliste de
Star Académie : « Fly me to the moon… »