Monsieur le ministre,

Re : Déclarations publiques récentes de Me Michel Robert, Juge en chef de la Cour d'appel du Québec


Monsieur le ministre, en dépit de ma colère, que j'ai peine à contenir, je serai presque concis.

Tout membre de la magistrature québécoise, à l'instar de tout citoyen, a droit à ses opinions politiques, voire partisanes. C'est là pure formalité dans toute démocratie qui ne se contente pas d'en porter nominalement l'appellation.

Dans l'exacte mesure bien évidemment, mais vaut mieux en l'occurrence le préciser tout de même, où ces «préférences citoyennes personnelles» n'interfèrent d'aucune manière dans l'objectivité des jugements retenus et formulés par le magistrat. Et ce, tout au long de sa carrière.

Or il s'avère que pour cet ex-organisateur du parti libéral, cette intégrité et ce sens de l'objectivité juridique ne constituent pas des qualités compatibles avec quelque inclination ou sympathie que ce soit pour la Cause de l'Indépendance du Québec - Cause pourtant noble, hautement recevable au plan politique aussi bien qu'intellectuel, et indiscutablement démocratique dans toutes ses dimensions enfin.

Voilà par conséquent une affirmation qui révèle non seulement un manque flagrant de jugement (ce qui déjà instille un premier frisson - déstabilisateur - sur la colonne vertébrale de dame Justice), mais qui témoigne également, et sans détour, d'une posture partisane absolument inconciliable avec les importantes responsabilités qui incombent à cette personne au sein de notre collectivité nationale.

S'il n'est pas excessif de prétendre que de manière générale l'on peut assez aisément soulager le partisan de son couvre-chef de juge, en revanche le juge Robert a sans conteste fait la démonstration qu'il n'est pas toujours aussi aisé de soulager le juge de sa casquette de partisan.

Et le cas échéant, c'est bien regrettable. Parce que impardonnable.

Ces déclarations du citoyen Michel Robert ont à mon sens totalement discrédité le juge. Aussi maintenir désormais celui-ci dans ses fonctions, c'est déshonorer sinon profaner, d'emblée, l'ensemble du système judiciaire québécois.

Par voie de conséquence, monsieur le ministre, le simple commettant que je suis réclame avec énergie la suspension immédiate et définitive du juge Michel Robert.

Respectueusement,

Jean-Luc Gouin
LePeregrin@yahoo.ca
Québec, nuit du 28 avril 2005