Wal-Mart et La Presse…
Annonce mal déguisée ou lettre d'amour?
La pub
pleine page que s'est payée Wal-Mart lundi dernier (jour
de la Saint-Valentin!?!) dans certains de nos grands quotidiens, dont
La Presse, continue de provoquer bien des remous, alimentant
ad nauseam les conversations de bar et de bureau. Or, cette
prétendue lettre ouverte aux « associés » walmartiens s'adressait en
fait à l'ensemble de la population, c'est-à-dire toutes les personnes
perçues comme des clients réels ou potentiels. Ce que nous avions sous
les yeux, c'était donc une « annonce », oui! une vulgaire pub comme je
l'indique d'ailleurs d'entrée. Mais, cela, d'autres que moi l'ont déjà
dit ou écrit.
Je vous
le demande : n'est-il point étrange, voire anormal qu'on puisse faire
passer n'importe quoi, ou presque, dans les journaux… pour autant qu'on
soit disposé à y mettre le prix et, bien sûr, qu'on ait le portefeuille
assez garni pour acquitter la douloureuse? Vous me direz que, s'il
s'agit de publicité et que « ça » respecte les règles de l'art en même
temps que les normes déontologiques établies, il ne devrait pas y avoir
de problème. Je veux bien…
Mais,
depuis quand et, surtout, selon quelle logique, nos journaux
acceptent-ils de publier contre tarif (que j'imagine exorbitant en
l'occurrence) un texte qui « se veut » une lettre ouverte à un segment
précis, bien délimité de la population? En principe, une lettre ouverte,
quel qu'en soit l'expéditeur ou le destinataire « officiel », n'est-elle
pas « publiable » gratis si l'objet de ladite lettre est « d'intérêt
public » et susceptible d'accrocher l'œil du lectorat?
Comme je
doute fort que La Presse, ainsi que les autres journaux,
ait offert toute une page « gracieusement » à la direction de
Wal-Mart pour qu'elle puisse rassurer ses « associés » (à cette
fin, ne dispose-t-elle pas d'un bulletin interne?), je me dis qu'il y
des gens, « pis des deux bords », qui nous prennent pour de parfaits
imbéciles : d'une part, Wall-Mart, qui essaie de nous
faire croire à une « lettre d'amour » à ses employés, d'autre part,
La Presse, qui vend de l'espace-pub pour ce qui
s'affiche pourtant comme tout autre chose que de la publicité.
Dans le
cas qui nous occupe, il n'y a pas trop de mal. Les sabots étaient
tellement gros que tout le monde ou à peu près a « vu venir ». Mais je
ne peux m'empêcher, comme lecteur, de ressentir un certain malaise face
à cette farce qui a fait rire jaune une bonne partie de la belle (?)
province.
Le
lundi, on se tape l'annonce-lettre en page A 4, et, deux jours plus
tard, on la déguste à nouveau, servie cette fois dans sa version
« arrangée » façon Chapleau. Mon cher Journal, je suis désolé
d'avoir à te le dire, mais, ce que tu as « fait » cette semaine, on
pourrait presque appeler cela « prendre le beurre et l'argent du
beurre », ou, si tu préfères, « manger à tous les râteliers ».
Remarquez, c'est peut-être moi qui ai l'épiderme
ultrasensible. N'empêche que…
Jean-Paul Lanouette