La « danse en ligne » des millions
Oyez, oyez, contribuables et
contribuables (rectitude politique
oblige, je m'adresse successivement aux femmes et aux hommes,
même si, sur le plan grammatical, je serais tout à fait fondé à me
contenter d'un seul « contribuables » pour interpeller les deux sexes)!
N'en avez-vous donc point ras le pompon, chers « payeurs et payeuses de
taxes », des dérapages non contrôlés, des sauts mal calculés et des
« plonges » trop bien camouflées de nos grands élus, ces bienheureux
mortels qui hantent les trois ordres de gouvernement de notre beau pays
(fédéral, provincial et municipal)?
Or, force est de le reconnaître : c'est par notre faute,
par notre très grande faute… que ces as du patinage de fantaisie
« évoluent » des années durant dans le paysage et peuvent y laisser leur
marque indélébile, multipliant pirouettes, cabrioles et autres « sparages »,
histoire de jeter plus élégamment de la poudre aux yeux de leurs
commettants (c'est vous et moi, ça!).
« Comment ça, notre faute?», demandez-vous. C'est bien
simple : nous sommes en quelque sorte les artisans de notre propre
malheur à cause de l'appui – fût-il forcément trompeur – que nous leur
permettons, mal an pis an, de recueillir auprès de nous, électorat ô
combien « captif » – oui! captif au sens de « qui n'a pas le choix ».
Voici un exemple qui illustre parfaitement ce que je veux dire : au
marché, le sans-le-sou affamé qui, pour le même prix, se voit offrir un
superbe concombre, un navet de belle taille ou un radis
tout rabougri optera le plus souvent pour l'un des deux premiers
légumes… même si, au fond, il préfère les radis. Que voulez-vous, il
faut bien survivre! Capice?
Revenons plutôt à nos tondeurs de moutons… Ne
devient-il point lassant, à la fin, de les voir sévir à divers titres,
tous plus ronflants les uns que les autres (les titres), sans démordre
jamais? Pourquoi alors les laisser présider de la sorte – c'est-à-dire
de façon « crassement » maladroite, quand ce n'est pas carrément
malhonnête – à nos destinées, souvent avec l'aide pas vraiment
désintéressée de leurs « amis » ou, si vous préférez, grâce à leur belle
« complicité »? Et cela, en toute impunité, ou presque, à moins qu'un
certain Gomery… – il est toujours permis de rêver, pas vrai?
J'ose vous le demander : le temps n'est-il point venu, et
depuis « un sapré boutte », de commencer à s'étonner un brin que les
dignes représentants de cette belle « race de monde » semblent
s'arranger pour nous coûter le plus cher possible, tant dans leurs rares
bons coups que par leurs gaffes monumentales servies à répétition?!?
Voici une liste hélas non exhaustive – loin s'en faut –
de « réalités » qui, comme dirait Bernard-le-latiniste avec
componction, contribuent à nous rendre la vita
franchement horribilis. Il est évident qu'ici la loi du
nombre fait en sorte que l'on ne saurait décemment parler de « cas
isolés ». En fait, on se rapproche dangereusement du modus
operandi.
Ø
Commandites polycopiées
(sorte de non-travail à la chaîne grassement rémunéré), ou manœuvres qui
ont fini par faire « scandale », enfin!!!
Ø
Abyssal fonds d'assurance-emploi
« libéralement » détourné de ses fins premières
Ø
Lourd registre des armes
légères (est-il « permis » d'en rire?)
Ø
Du pain et des jeux servis
« à la canadienne » : danseuses et pizzas pour importer. Un sgro
(sic) contrat?
Ø
Enfer de la drogue et
paradis fiscaux, ou narines blanchies et argent sale
Ø
Milieux humides asséchés
par promoteurs immobiliers pleins de… liquide
Ø
Mondialisation à tout-va et
délocalisations sauvages
Ø
De la sweat shop au
terrain de basket professionnel, ou le drôle de parcours d'un running
shoe
Ø
Emplacements potentiels du
CHUM re-contre-vérifiés par des chums
Ø
Championnats aquatiques
vraiment « à l'eau » et un maire longtemps frileux qui se mouille un peu
tard
Ø
Démolition ou bien, pour
user d'un langage enfantin, « remolition » d'un Stade pur béton
aux allures de gouffre, question de lui trouver une nouvelle vocation
Ø
Fruits amers (mirabelles)
pour Anne (la p'tite Dorval), ou incompréhensible déménagement
d'aéroport qui nous fait « avancer en arrière »
Ø
Du gaz dans l'eau : le
Suroît or not?
… Le tout « agrémenté », comme il se doit, d'études, de
comités, de consultations et autres tergiversations, sans oublier les
incontournables dessous-de-table, ni les toujours civils (lire : si
vils) renvois d'ascenseur, ni le « graissage de pattes »
institutionnalisé…
Voilà autant de
mots, ou plutôt – comme je le disais plus haut – de tristes « réalités »
qui impriment un rythme endiablé à cette danse qui n'en finit plus de ne
pas finir, tout en s'affichant sans vergogne, à pleine largeur de pages
de journaux : la valse des millions de dollars… perdus, gaspillés,
détournés, dilapidés, mal utilisés, « garrochés » par les fenêtres,
etc., par nos humbles serviteurs! Et, l'avez-vous remarqué, c'est
toujours les mêmes « partenaires », ou à peu près, qui, au fur et à
mesure du dévoilement des magouilles, « révoluent » de moins en moins
gracieusement sur la piste de danse – maintenant trop bien éclairée pour
leur goût – et où, spectateurs aussi écœurés qu'impuissants, nous les
voyons tenter d'ultimes entrechats d'une inélégance inégalée. Toutes ces
manigances livrées en vrac, ç'a de quoi vous filer le tournis et vous
laisser franchement nauséeux, non?!
Cette odieuse valse à mille temps y a mis le temps.
Assez, c'est assez! En passant, on ne devrait pas parler de
« valse » des millions, mais de « danse en ligne », les
incompétents, les magouilleurs et autres « crosseurs » de haut vol
« s'exprimant » de préférence l'un derrière l'autre, toujours prêts à
recueillir miettes et gros morceaux, ou même, s'il le faut, à frapper
dans le dos.
Entéka, moi, j'en ai plus que
ma joyeuse et puissante « dose » de toute cette « hommerie » –
exceptionnellement, dans le seul souci de nous épargner le pas beau mot
de « femmerie », j'ose décréter qu'un terme renvoyant de façon
aussi explicite aux hommes englobe également les femmes, qui, en
l'occurrence, pourront difficilement m'en tenir rigueur.
Jean-Paul Lanouette