Le temps ne fait rien à l'affaire
À propos de Bernard Landry en marge des affaires publiques
Jean-Luc Gouin, Capitale nationale
TRIBUNE LIBRE 15 juillet 2005
« On ne réussit qu'une seule chose : on réussit
ses rêves. »
Jacques Brel
En référence à la lettre publiée ce jour dans les pages du Devoir,
concernant l'appel «insistant» formulé à l'endroit de M. Bernard
Landry afin qu'il revienne sans plus tarder aux affaires de la
Nation,* je désire bien simplement, et ce à titre de citoyen à tous
égards «indépendant» et membre d'aucun parti politique (à tout le
moins depuis que M. Lucien Bouchard, ex-Premier ministre du Québec,
a balayé sous le tapis dès l'automne de 1995 le projet
d'Indépendance du peuple québécois, alors que ceux-ci - l'homme
d'État et le Peuple tout ensemble - n'étaient pourtant plus qu'à un
dérisoire 0,06% de la naissance à la Liberté collective), je désire,
dis-je, exprimer mon acccord plein, entier, aux «recommandations»
contenues dans ce geste de grande amitié pour ce pays encore à
bâtir.
Geste qui par ailleurs ne fait d'aucune manière ombrage aux
candidats déjà en lice pour occuper le poste convoité de la
présidence du Parti Québécois (j'éprouve un respect tout
particulier pour M. Louis Bernard, dont l'intégrité, les
convictions, la connaissance de l'appareil d'État, l'amour de la
Matrie et la haute compétence ne font de doute pour personne).
Quant aux arguments selon lesquels le retour de M. Landry à la barre
du navire de l'Indépendance révélerait au PQ une certaine difficulté
à se renouveler (ce que incidemment laisse entendre à plaisir, parmi
quelques voix, le groupe de presse POWER CORP./GESCA - La Presse,
Le Soleil et tous ces Droit et ces Tribune
attitrés au service la provincialisation permanente du Québec**)
relève du sophisme comme mode de pensée, auquel d'ailleurs nous ont
habitués depuis des années les Dubuc et les Pratte de ces lieux-là.
En l'occasion une question se pose, une seule : Quel est
actuellement au pays des Gaston Miron et des Pierre Bourgault la
femme ou l'homme susceptible plus que tout autre individu de
propulser avec force science, indéfectible détermination et
authentique sagesse la collectivité québécoise vers son destin le
plus noble? Tout le reste, ce me semble, n'est que remplissage.
Et pour ce qui concerne la prétendue question de l'âge, voire des
générations (le soussigné est encore un «jeunot» dans la
quarantaine), je répondrais pour ma part en prenant à revers le mot
de Georges Brassens dans «Le temps ne fait rien à l'affaire», et
selon lequel le temps n'a rien à voir, on s'en doutait, avec la
connerie. Des «cons», vérité des compagnons d'armes de La Palice, il
y en a des jeunes et des vieux. Indistinctement. Et pour longtemps
encore, on peut le présumer sans risque inconsidéré d'erreur (sans
compter, avouons-nous-le dans le secret, que nous le sommes tous, au
moins un peu, de temps à autre). Lesquels «qualifiés» se voient au
reste aussi judicieusement disséminés parmi les multiples
communautés humaines que le «bon sens», au dire d'un Descartes qui
avait quelquefois le sens de la dérision, n'est partagé entre tous.
Il en est de même - j'en suis toujours à l'âge - pour les (rares)
citoyens de qualité qui ont la carrure d'un authentique homme
d'État.
Pour l'heure, le Québec n'a pas besoin en priorité d'une Première
ministre chevronnée ou d'un gentillet Chef de l'Opposition
officielle. Aujourd'hui, c'est un Bâtisseur de pays que réclame la
nation française des Amériques. Et m'est d'avis que tout autre choix
constituerait un acte rien moins que suicidaire.
Or il serait peut-être temps, quelque trente ans plus tard, de
démentir Péloquin et d'apaiser Hubert Aquin dans ses quartiers
d'outre-tombe.
Et de cesser enfin comme peuple, au risque statico-statu
quo-statistique d'y réussir, de nous amuser à mourir à perpétuité.
*
http://ledevoir.com/2005/07/15/86169.html (initialement
paru la veille chez Vigile en :
http://www.vigile.net/05-7/souv-2.html#9 ). Voir également les
interventions avisées de Yves Beauchemin (
http://www.vigile.net/ds-medias/05-7/souv-1.html#4 ), Jean-Marc
Léger (
http://www.vigile.net/05-7/souv-2.html#5 ) et de Denis Monière (
http://www.vigile.net/05-7/souv-2.html#2 ).
** Province (du latin provincia) : « Dans l’Antiquité, pays
ou territoire conquis par Rome hors de l’Italie et gouverné selon
les lois romaines ».
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