Lucien le
Guerrier ?« Nous devons être le
changement que nous souhaitons voir »
Gandhi
Hélas ! en dépit de mes réserves à l'égard de M.
Bernard Landry (déjà promptement exprimées en
http://www.ledevoir.com/2005/06/06/83443.html?304 ),
je ne vois personne au Québec, à l'heure actuelle, qui puisse se
révéler à la hauteur de la valeur et des capacités politiques de cet
homme d'envergure.
En conséquence, il me plaît de m'estimer aveugle.
Provisoirement, il faut l'espérer ferme.
Cela dit, et nonobstant la qualité de son labeur et le respect que
je lui porte sans détour, je me réjouis que M. Gilles Duceppe ait
renoncé à briguer les suffrages qui lui auraient permis, selon toute
vraisemblance, de remporter l'investiture à la présidence du Parti
Québécois. Pour moult raisons - qu'il aura sans doute reconnues
sagement lui-même en son âme et conscience - je ne crois pas non
plus, en accord avec lui, que c'était là l'homme tout indiqué pour
occuper, dans un avenir plus ou moins rapproché, les fonctions et de
Premier ministre et de Chef suprême des forces de Libération
nationale.
En outre, un bâtisseur de pays c'est autre chose qu'un honnête et
vigoureux chef de parti politique.
Quelque talentueux, déterminé et honorable qu'il fût.
Par ailleurs, il est certain que le temps des tergiversations et des
compromissions est terminé. Face au «banditisme d'État» incarné par
le Parti Libéral du Canada, dont les rênes du pays semblent à ses
propres yeux devoir lui revenir comme de droit divin, et une
Canadian Press intolérante et résolument hostile à la personnalité
propre du Québec depuis plus de trente ans (ce qui inclut pour une
part certainement non négligeable le groupe québécois (!) Gesca. Une
illustration - derechef à la faveur de M. Landry! - parmi le lot
«quotidien»:
http://www.soreltracy.com/liter/2004/avril/9av.html ), il nous
faut désormais, et impérativement, une femme ou un homme que rien
n'arrêtera d'ici l'avènement du pays.
Nous avons besoin d'un « Guerrier » au sens le plus noble du terme.
Qui convainc les citoyens de la grandeur de la tâche et de la
nécessité du pays à naître. Non pas un individu qui attend
passivement de présumées conditions favorables qui - à l'instar du
fruit mûr se détachant de l'arbre, mais en vertu cette fois de
quelque pensée magique - déferleraient du haut de la magnanimité de
je ne sais quelle Providence.
À cet égard, et a contrario de la pensée mollassonne de Jocelyn Létourneau (
http://www.ledevoir.com/2005/06/14/84119.html?304 ou
http://www.vigile.net/05-6/souv-6.html#4 ) - qui confond à
plaisir scientificité et idéologie, et dignité avec radicalité ou
extrémisme* -, je me rapproche assez des positions de Robert
Laplante (voir notamment
http://www.action-nationale.qc.ca/bulletin/05juin06.htm
et, plus largement, Chronique de l'Enfermement - Écrits sur la
minorisation du Québec:
http://www.action-nationale.qc.ca/04-1/rl.html ) et de
Pierre Graveline (
http://www.ledevoir.com/2005/06/02/83144.html?304 et
http://ledevoir.com/2005/06/03/83216.html , ou sinon:
http://www.vigile.net/05-6/graveline.html#1 ).
Et pour ce qui me concerne (je suis indépendantiste depuis trente
ans, mais j'ai cessé de m'associer au Bloc et au PQ depuis le second
mandat de Lucien Bouchard; lequel a littéralement balayé le
pays-à-bâtir sous le tapis dès... le 31 octobre 1995, sans compter
la question linguistique qui, contre toute intelligence des intérêts
ultimes en balance, l'a toujours laissé plutôt tiède), je ne
reviendrai au Parti Québécois que le jour où l'Indépendance (re)deviendra
pour l'Organisation «sa» raison fondamentale, sine qua non,
d'exister.
Chaque jour, tous les jours. Opiniâtrement et sans relâche. Jusqu'à
la réalisation définitive de ce projet collectif sans lequel nous
sommes appelés - j'en suis désespérément persuadé - à disparaître
comme peuple.
Maintenant, je vais sans doute étonner mes trois lecteurs.
S'il devait exister un Bouchard nouveau qui corresponde à ce chef
"réclamé" à la lumière des
exigences historiques actuelles, et que celui-ci se sente l'énergie
d'offrir à la nation un autre «septennat» (prochaines élections
d'ici presque trois ans au plus tard, le référendum... victorieux,
et, enfin, les premières pierres du pays nouveau à loger dans le
terreau du sol «matrimonial») - à quelques mois près, M. Bouchard a
le même âge que M. Landry -, eh bien quant à moi je serais disposé à
lui faire confiance de nouveau.
Car peu importe un
visage jeune, ou
nouveau, si les tripes d'icelle ou d'icelui ne sont pas trempées -
Rebel with a Cause -
dans l'acier de la fureur de vivre.
Jean-Luc Gouin
* Voir par exemple l'article suivant (ainsi que les textes en
escalier auxquels il renvoie avec pertinence):
http://www.vigile.net/ds-actu/docs4a/8-2.html#tlhp