Par la
magie déjà dépassée du câble, je suis relié à une quarantaine de
« postes » ou chaînes, dont la moitié à peine sont parfois
« regardables », c'est-à-dire dignes d'échapper au zapping
systématique. Pourquoi diable continuerais-je de suivre la « parade
technologique », alors que j'ai peine à trouver quoi que ce soit
d'enrichissant ou de simplement « intéressant » dans le télé-horaire,
volumineux répertoire regorgeant d'émissions douleur? Ne parlons
même pas de toute cette téléréalité insipide qui
tapisse la programmation quasi « mur-à-mur »,
et que je refuse de me taper – quand le reflet est plus fidèle
que l'original et me renvoie l'image trop nette d'une tribu de
« chromés » et autres m'as-tu-vu pathétiques dont les ânonnements et
borborygmes sont à prendre au premier degré, je décroche. Point à la
ligne.
En un mot
comme en mille images, cet étalage monocorde et monochrome qu'on nous
propose ad nauseam, ça m'incite étrangement à remonter du
sous-sol la p'tite 12 pouces noir et blanc tout empoussiérée et « fil-d'araignée-isée »…
bien davantage, en tout cas, qu'à passer au mirifique numérique, qui me
promet : image couleur grand format claire et nette (pas l'ombre de la
queue d'un flocon de neige!), son stéréo plus saisissant qu'« en vrai »,
capable de vous isoler
le vrombissement d'une mouche égarée dans ce monde du silence religieux
qu'est tout terrain de golf arpenté par le Tigre-des-bois (Tiger Woods),
« artiste à casquette » suivi de son incontournable meute d'adorateurs. La
vraie vie, quoi!... mais avec d'la pub, et en masse! Car, il ne faut
pas l'oublier, nous v'là rendus dans le 46:14 – non! c'est pas
une dimension d'écran, mais la proportion émission / pub que
vient finalement d'autoriser le CRTC : 14 belles grosses minutes
d'annonces par heure… Ayoye!!!
Ouais! tout ça me file non pas
le cafard, mais l'envie de me « décâbler » et de me mettre illico
(rien à voir avec l'option du même nom –
illico avec un i « commercial » – offerte par Vidéotron)… de me mettre
en quête d'ancestrales
« oreilles de lapin » qui ne manqueront pas de remettre un peu de
neige dans mon écran, un peu de friture dans mes
haut-parleurs stéréo et, qui sait, un peu de la satisfaction de
mon regretté père sur mon visage, cette satisfaction qui irradiait
« jadis » de sa personne quand il avait enfin réussi, ou à peu près, à
stabiliser l'image dédoublée et souvent déformée… On prend son plaisir
où l'on peut, pas vrai?
Qui donc osera décréter
in la petite boîte à images, et out le
maxi-écran d'à peine trois pouces d'épaisseur? À quand, messieurs-dames,
une « mode raisonnable »? Hélas! tant que la juxtaposition de ces deux
mots – mode et raisonnable – sera perçue comme un
oxymoron
de la plus belle eau, il n'y a pas d'espoir possible! Et pourtant…
« Ben voyons, chose! Faut pas
aller cont' le progrès!» me fera-t-on valoir. Après les outremangeurs,
voici donc les outreconsommateurs, tout aussi insatiables!