Ça, mon fils, c'est d'la « publicécité »!
S'agit-il d'une tendance
lourde à laquelle aurait cédé en bloc le monde publicitaire? Les
« créatifs », branchés en permanence sur tout ce qui est ou se veut
in, pensent-ils avoir trouvé là une autre façon de titiller
l'attention du téléspectateur-consommateur? On le dirait bien à en juger
par le nombre et l'allure des annonces… justement « sans allure »… qui,
ces derniers temps, entrecoupent généreusement nos émissions de télé au
point de les étouffer aux entournures, comme un complet trop serré!
Je parle
de cette nouvelle (?) manie de nous balancer à la gueule des messages
qui « n'ont pas rap une saprée miette, t'sais veux dire?!» L'idée de
base étant de surprendre à tout prix, on a dû se souvenir que, pour
arriver à cette fin, tous les moyens sont bons, y compris un recours
systématique à l'absurde, vieux classique qui a fait ses preuves et
qu'on peut commodément ressortir du sac à malice en cas de panne
d'inspiration… Je veux bien, mais ne tombe-t-il pas sous le sens que
l'absurde perd toute son efficacité, donc sa pertinence, quand il est
désespérément niais, voire « plate à
mort », ne venant même pas près de faire naître l'ombre de la queue d'un
sourire sur le visage de ceux à qui le prétendu « message » s'adresse.
Vous savez, le genre « J'suis pas pharmacienne, mais comédienne! »
(Uniprix), ou encore la « tête de fruits » du par ailleurs excellent
Louis-José Houde (Loblaws), deux exemples affligeants parmi tant
d'autres, tout aussi subtils et « songés ».
Tout ça
pour dire que, du côté pubs, on est à des lieues de la substantifique
moelle – la cuvée automnale se révèle plutôt décevante, que dis-je?
franchement imbuvable : ça vous a un goût de bouchon, ce bouchon que,
chez les publicitaires, on semble avoir pris l'habitude de pousser trop
loin. Or, assez, c'est assez : je crie haro sur le « moronisme » érigé
en mode!
À bout
d'idées ou à court d'imagination, arrivé au stade où on ne voit pas plus
loin que le bout de son nez, et où, les yeux « bouchés ben dur », on ose
se laisser aller à lancer à peu près n'importe quoi en l'air – ou plutôt
on the air, c'est-à-dire sur les ondes –, ce n'est plus de la
publicité que l'on fait, mais de la « publicécité »! Pourtant, à l'étape
ultime de la « vente de l'idée » sur les écrans de télé, les tests dits
« à l'aveugle » ne sont-ils pas censés être contre-indiqués?
Vous
comprendrez que je ne vous dise point merci, m'sieus-dames qui nous avez
« pondu » ces perles anguleuses, sans éclat et ô combien friables! Que
vous nous laviez le cerveau, ça, je m'y suis résigné il y a longtemps –
de guerre lasse, sans doute –, mais que vous nous le ratatiniez sans
ménagement ni vergogne, là, désolé, je ne marche plus!
Meilleure chance avec votre prochaine batch d'annonces! Retrouvez
vite l'étincelle : c'est la grâce que je vous nous souhaite… Après tout,
n'y va-t-il pas à la fois de votre crédibilité et de notre simple et
sain « divertissement »?
Jean-Paul Lanouette