Du colvert au vert…
tout courtDans la série « Aberrations
banlieusardes »…
Chaque
nouvel automne nous ramène, dans les ciels orange-mauve du petit matin,
de grands « V » criailleurs, et cette vision avive chez les « rampants »
(lire : les non-volants) que nous sommes la nostalgie des grands
départs, ou encore des espaces sans frontières…
Mais, trêve de poésie à cinq « cennes ». À
Longueuil Beach, donc au bord de l'eau… MAIS EN VILLE! des p'tits
Frontenac en habit de camouflage, bien embusqués dans leurs
caches au sol, osent répondre « par la bouche de leurs canons » à ces
cris de liberté langoureux venus d'en haut. Ouais! de courts chapelets
de détonations égrenés sans avertissement viennent, de loin en loin,
rompre l'harmonie coutumière de l'aube.
La chasse, non pas celle dite à courre, mais la
tout court : sans doute y a-t-il autant de « bonnes » raisons d'être
aveuglément pour qu'il y en a d'être férocement contre! La question
n'est pas de savoir s'il faut bannir la chasse, mais s'il est normal et
prudent d'en tolérer la pratique… en ville! J'espère simplement qu'on
n'attend pas, comme d'habitude, qu'un accident bête et malheureux se
produise pour enfin réagir.
Scène de chasse sur fond de tour penchée
Personnellement,
l'automne venu, je confine sagement mes promenades matinales à la base
de plein air de Longueuil, « à l'intérieur des terres », où je ne risque
pas, du moins en principe, d'essuyer une volée de plombs égarés, et d'où
je peux admirer, dans le ciel gris-bleu strié de longs et minces nuages
orangés, les grands « voiliers » piailleurs migrant plein sud… Mais
cela, sans pouvoir, hélas! me soustraire les tympans aux éclatantes
pétarades « décimeuses » produites par les mâles canardeurs tapis dans
leurs caches avec vue directe sur « notre » Stade olympique.
Épargner la cane en empoignant sa canne… de golf
J'ose suggérer aux chasseurs banlieusards de
changer de cible… et d'instrument. Oui! je les invite à s'inspirer de la
majorité des hockeyeurs frais retraités qui, on le sait, passent
volontiers de la glace au green, sans nous faire de dépression
post-forum. « Aventuriers du week-end, qui êtes en quelque sorte les
émules rigoureusement sédentaires de Pierre-Esprit Radisson et de Médard
Des Groseilliers, je vous en conjure : délaissez progressivement
votre calibre 12 pour un bâton… de golf, troquez la cartouche contre la
balle, puis apprenez à vous contenter de la “chasse” aux oiselets,
aigles et autres albatros sur les 18-trous du territoire
longueuillois! C'est pas une bonne idée, ça? »
Quand le chasseur de
ville aura-il enfin perdu un peu de ce « poids » politique qui,
envers et malgré toute logique, le maintient en place aussi fermement
avenue du Bord-de-l'eau, à Longueuil-sur-rive?
Assez, c'est assez!
Car, en pleine ville, sur les berges du Majestueux, me semb' que la mire
télescopique du chasseur se trouve pas mal moins à sa place que la
longue-vue de l'ornithologue amateur, non?! Ces détonations
intempestives et nullement « audiogéniques » qui, chaque automne,
déchirent le silence matutinal sont depuis longtemps anachroniques,
voire injustifiables… Décidément, il y a de ces droits acquis qui se
défendent plutôt mal!
Ah! parlons-en de ces fameux droits acquis,
obscurs mais intouchables, sacro-saints presque! À ce compte-là, pour
être conséquent, ne devrait-on point, dans les rues du Vieux-Montréal
(ex-Ville-Marie), autoriser le recours à l'ancestral mousquet pour se
défendre contre les vilains… avec ou sans plumes?!?