Ce
soir Il me vient une idée !
POÉSIES
Toute cette activité printanière, cette
régénérescence de la nature me donne des ailes pour que s’active en
moi tout ce qui s’était endormi, dans l’incommensurable éternel
recommencement que sont ces hivers, chez-nous à présent terminés.
Justement ce temps de relâche pour plusieurs accommode, et laisse
ainsi place à la paresse cette nonchalante, envieuse des êtres
actifs, car la rapidité n’est pas son fort, surtout non conforme à
ce qu’elle croit être une qualité!
Mais arrive la belle et chaude saison si délicieuse pour nous chers
humains réchauffant cette enveloppe corporelle après ce glacial
hiver.
Comment ne pas la bénir pour tant de bon apport! Nous voilà emballés
plein d’entrain, prêt pour tout ce qu’il plaira à chacun
d’entreprendre et, s’éloigner de cette inertie.
L’heure du rangement a sonné, l’inventaire nécessaire, bon, pas bon
et me voilà partie, je respire et tout respire, aérer, quand tout à
coup…oups…une feuille se glisse parmi les autres, je regarde elle
me plaît, je me dis pourquoi pas, il est temps qu’on en parle!
Ce soir il m’est venu l’idée de vous en faire part de quelques unes
de ces poésies toutes simples.
Nous vivons tellement vite, que l’on ne trouve plus de temps pour la
poésie et pourtant, elle sait si bien calmer tout en douceur. On
veut profiter de tout ce qui existe, on croit que seul le
matérialiste soit le seul responsable de nos bonheurs futurs; mais
elle la poésie elle conçoit elle innove dans l’harmonie des choses,
elle trouve les secrets cachés de nos âmes. Oui, cet art poétique
apprivoise le mental, l’imaginaire, l’évasion, harmonise le visuel,
le schéma, la caricature, le snobisme, admoneste sans trop de mal,
active la réflexion, l’introspection, la logique, parfois la
(Vérité).
La magnificence, la pureté ne doivent jamais être méprisées. Sachons
apprivoiser cet art pour notre plus grand bien,
LA DOUCE PÉNITENCE
Sur le point de se marier,
Un jeune homme va se confesser,
Avec sincère repentance,
Au vieux curé de son endroit,
Quand sa confession fut faite,
Le pénitent part, mais s’arrête,
Pour faire observer au pasteur
Qu’il ne lui donne, par erreur,
Aucune pénitence à faire…….
------N’allez-vous point, dit le bon père,
Vous marier dans un instant?
Allez en paix, mon pauvre enfant!……..
L’AMOUR VRAI
L’amour vrai ne craint pas le vent ni la tempête,
Sachant que son esquif peut résister aux flots
Et qu’un peu de soleil suffit à mettre en fête
La mer la plus rebelle et tous les matelots.
C’est ainsi qu’il s’en va, dans la rude existence,
Sans crainte et sans regret, toutes voiles au vent,
Vers le port lumineux des neuves espérances,
Comme cingle un bateau dans le soleil levant.
D`où l’on revient lassé des climats et des gens,
L’ennui ne jette pas de cendre en son sillage
Et sa marche est toujours une marche en avant.
JEANNE GRISÉ-ALLARD.
(Nostalgie dédié à mes petits-enfants)
LES COMMUNIANTES
Calmes, elles s’en vont, défilant aux allées
De la chapelle en fleurs, et je les suis des yeux,
Religieusement joignant mes doigts pieux,
Plein de l’ardent regret des ferveurs en allées.
Voici qu’elles se sont toutes agenouillées
Au mystique repas qui leur descend des cieux,
Devant l’autel piqué de flamboiements joyeux
Et d’une floraison de fleurs immaculées.
Leur séraphique ardeur fut si lente à finir
Que tout à l’heure encore, à les voir revenir
De l’agape céleste au divin réfectoire,
Je crus qu’elles allaient vraiment prendre l’essor,
Comme si, glissant sous leurs voiles de gloire,
Un ange leur avait posé des ailes d’or.
ÉMILE NELLIGAN
VIRILITÉ
Si tes rêves sont morts comme ces pâles feuilles
S’échappant du rameau qui sèche et s’affaiblit;
Si d’un morne chagrin ton âme se remplit
Et que le soir tombé, lorsque tu te recueilles,
Tu sens un doute affreux dans ton cœur s’agrandir
Comme le pan de l’ombre au fond du bois mystique;
Si ton âme voulait au lieu d’un saint cantique
Formuler un blasphème à force de souffrir;
Si l’existence enfin devient ton ennemi,
Jette un regard hautain sur son visage dur,
Et fort de ton courage, en un duel obscure
Mesure-toi avec la vie!
MILLICENT
À LA JEUNESSE
Aimez, ô jeunes gens, et respectez la vie.
Elle est bonne à celui qui va droit son chemin
Et qui ne garde au fond de son âme ravie
Que le rêve d’hier et l’espoir de demain;
Elle est bonne à tous ceux qui courent à leur tâche
Comme le laboureur qui se lève au matin,
Et retourne son bien sans plainte et sans relâche,
Malgré la terre dure et le ciel incertain.
Votre aube vient de naître à l’Orient tranquille,
Vos bœufs frais attelés se passent d’aiguillon,
Votre charrue est neuve et votre champ fertile,
Déjà, l’épi futur germe dans le sillon.
Au travail! Au travail! Faites votre journée;
Vous êtes au matin, laissez venir le soir;
Vous êtes en Avril, laissez venir l’année;
L’herbe d’ennui se fane où fleuri le devoir.
HENRI CHANTAVOINE
Bérengère
mardi avril 25, 2006