De glissade en lapalissade
Jean Charest et l'Indépendance du Québec
Ce texte s'est vu en partie publié dans
Le Soleil (Québec) et
Le Devoir (Montréal)
des 11 et 12 juillet 2006 respectivement
Il brillait comme un soleil
Sa chevelure était blonde
Il n'eût pas eu son pareil
S'il eût été seul au monde
Monsieur de La Palisse, anonyme (XVIe s.)
Tout récemment à Paris, à l'antenne de TV5, le
premier ministre du Québec, M. Jean Charest, confessait à propos de
l'Indépendance du Québec ce que tout Québécois informé, réfléchi et
de bonne foi sait de longue date (à commencer par les Pierre
Bourgault dès 1960, puis les René Lévesque et les Jacques Parizeau -
alors futurs premiers ministres - avant même que ne se close cette
fabuleuse décennie de la Révolution dite tranquille):
«Oui, nous avons les moyens. Personne ne remet en question la
capacité du Québec financièrement [...] sauf que la vraie question
est la suivante: qu'est-ce qui est dans notre intérêt, à nous?»
Or nous entendons ici deux messages sinon contradictoires au plan
logique, incompatibles au plan éthique.
D'abord, parvient à nos oreilles une vérité que n'aurait pas reniée
les fiers compagnons de Jacques de Chabannes, sieur de La Palisse, à
la faveur des tout premiers moments de celui-ci dans l'ailleurs
qu'ici. Vérité au reste, on en conviendra aisément, qu'il n'est pas
totalement inopportun de rappeler au souvenir de temps à autre. A
fortiori de la bouche même d'un homme qui, il y a quelques
années à peine, déclarait à gorge déployée sur la place publique (et
ce sans s'esclaffer ni même s'empourprer de la fossette): «On
n'en veut pas de Souveraineté !!!».*
Le second message est moins « reluisant », comme on dit au pays de
Gilles Vigneault. Pour ainsi dire en filigrane, notre premier
ministre actuel affirme en effet, du même souffle et dans la même
phrase, que la liberté et la dignité restent, quant à elles, mais
surtout quant à lui, des valeurs négociables.
Ce qui révèle chez M. Charest, soyons francs faute d'être Français
(quelqu'un perdra-t-il au change?), moins l'étoffe d'un véritable
chef d'État que celle d'un authentique marchand de tapis.**
Jean-Luc Gouin
LePeregrin@yahoo.ca
Capitale nationale, 10 juillet 2006
*
Voir :
www.vigile.net/pol/101jlg/alerte.html
**
Son empressement à apporter une forme de « démenti
» à sa déclaration dans les heures qui ont suivi (http://communiques.gouv.qc.ca/gouvqc/communiques/GPQF/Juillet2006/09/c8822.html
) - style : «Citer mes
propos signifie par définition les dénaturer...»
- constituera pour le coup, outre la dimension décidément ridicule
du geste, l'ultime démonstration chez cet homme de l'incapacité à
assumer avec noblesse et grandeur, sinon panache, les prérogatives
constitutives de sa fonction.