Petit garçon sans micro
Ce petit garçon, micro à la main, décrivant les moindres gestes
L’espace-temps s’arrêterait un jour, le laissant triomphant
Plus grand que nature vêtu d’une veste
Le plus grand reporter, grande joie d’enfant
On aurait pu dire ou entendre de lui
Son père est si fier de lui
Devant la caméra égarée
Il a vécu et finit par atteindre sa destinée
Puis vint l’âge adulte muni de ses réalités
Désespérantes et parsemées d’échecs cuisants
Le petit garçon ne voyait plus ses rêves émaillés
De déception subtile à tristesse de grand
Le sentiment que son cœur croule sous la pression
Une fleur qui s’effrite entre ses mains
Plus envie de parler à personne, même pas au micro
Plus envie d’entendre la cloche qui sonne, trop l’air idiot
Tel le boxeur dans son arène, il visite le plancher
Son regard tend vers le ciel, il a compris
C’est le son de la fin du combat, il a commis
L’acte d’avoir tout tenter, sans trop réussir
Ce petit garçon micro à la main
Se regarde avec des yeux d’adulte et voit bien
Que son rêve est demeuré dans sa cave
Où il était roi au-delà des contraintes
La gorge serrée dans un cœur qui durcit
Même la mélancolie n’a plus d’odeur
Seulement le temps et la lumière qui pâlit
Le temps et le quotidien auront raison de son heure
Si au moins son père lui avait dit
Tu auras les chances de ta vie
Mais tu devras sûrement les voir s’éteindre
Et te rabattre sur mon épaule
Me laisser te dire que tu as échoué
Mais qu’il te reste son doux baiser
Celui de la femme que tu as mariée
De l’amour qui te verra mourir
De cette bouche, de son sourire
Il ne te reste que ça, le poète malfamé
Le papier, le souvenir, la douleur
Personne ne se souviendra de toi
Tel destin d’un petit garçon, micro à la main
Qui a tenté en vain
De montrer au monde qu’il valait quelque chose
De voir au-delà de la froideur des hécatombes
Au gré des carrés qui s’essoufflent de son calendrier
Le petit garçon perdit son micro, l’espoir
Il perdit…
Le moment clé les deux pieds dans l’étrier
Son âme dans le sillon du repli
Les larmes montèrent dans ses grands yeux noirs
Il avait tout dans sa vie d’adulte, chaque soir
Mais dans l’enveloppe cachée par l’utilité
Impossible d’oublier, le petit garçon micro à la main
Celui qu’il avait oublié, même nié
Dans quatre, trois, deux, un…
Mesdames, Messieurs, public en délire,
Le voici,
Le petit garçon sans micro
le.passant@hotmail.com |
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