Se faire plaisir avec San-Antonio…
Il y aura
de cela bientôt sept piges (déjà!), Frédéric « San-Antonio »
Dard passait, comme qui dirait, la plume à gauche…
Ouais! fini le crépitement de sa vénérable IBM à
boule,
boule qu’il arrivait à chauffer à blanc par son esprit tournant à la
vitesse de la lumière! La machine à écrire s'est hélas tue à jamais le 6
juin 2000… pour cause de « refroidissement définitif » de l'opérateur!
Heureusement qu'avant que de clamser le mec a engrangé des mots
pour mille vies, des mots qui continueront longtemps de nous titiller la
rate tout autant que la matière grise.
Or, vous le
savez, la meilleure façon de rendre hommage à un écrivain disparu, ce
n’est pas de lui élever une statue. En effet, le mieux, c'est évidemment
de le lire, encore que dans le cas de m’sieu Dard, il soit
davantage dans l'ordre des choses de le rire. C'est pourquoi, à
titre de fana fini de Sana, j'ose recommander aux ceusses
qui aimeraient « découvrir » ce trépassé – que l'on célèbre avec raison
dans toute la francophonie sainement délirante – de se faire un cadeau
sans prix et de se farcir Le Standinge (« polar de gare » publié
au Fleuve Noir en format poche).
L'inénarrable inspecteur Bérurier, transformé aux fins
d'enquête en professeur de bienséance à l'école de police, y atteint des
Everest de folie débridée en nous proposant son guide « irraisonné » de
l’étiquette, par lequel il nous entretient des « vraies » bonnes
manières, c’est-à-dire des règles à observer… depuis le baptême (et même
avant!) jusqu’aux funérailles… – Dites, elle est quand même drôle,
celle-là, quand on y pense : l’homo soi-disant sapiens
amorce son séjour sur terre dans une boîte (son berceau), rêve de
se déplacer dans une caisse de l’année (son « char »), aspire à
bosser dans une boîte stimulante (sa ou son job), pour se
retrouver, en fin de parcours, toujours dans une boîte (son cercueil)!
De quoi trouver l’existence… emballante, non?
Le Standinge,
donc, ça nous parle de la vie d'une façon unique que je ne me reconnais
pas le droit, et encore moins le talent, d'essayer de décrire. La langue
de San-Antonio s'apprivoise étonnamment vite, quoi qu'on en pense ou
puisse dire : elle est beaucoup plus tremplin que barrière!
Pas besoin de dico si, au début, on n’y entrave que dalle, car le
contexte est suffisamment « riche » – et comment! – pour éclairer le
néophyte le plus timoré. Si au bout de vingt pages, vous n'êtes pas
accro, vous ne le serez jamais. Dommage!… pour vous!
M’sieu Dard, je l'aimais bien, et je vous invite à
regretter, tout comme moi d’ailleurs, de ne pas avoir fait plus tôt la
connaissance de ce joyeux déconneur qui ne jouait pas qu’avec les mots,
mais aussi – et surtout, n’en déplaise aux purs intellos – avec les
idées…
En passant, et en terminant, j’exhorte nos trois chefs de
parti, plus « provinciaux » que jamais, à faire du Standinge leur
livre de chevet, du moins le temps qu’il faudra pour décrocher de leurs
rêves de petite grandeur, de même que de leurs lubies aux étourdissants
parfums de power trip! « Parlez moins, lisez plus; ainsi, nous
n’aurons peut-être pas besoin de nous taper, par votre faute,
d’autres élections c’t’été, t’sais veux dire?! »
Jean-Paul Lanouette, futur ex-retraité (j’espère entécas!)
P.-S.
– Rassurez-vous : il ne s’agit point ici d’un message retenu et payé par
l’éditeur (Fleuve Noir). Je désirais tout simplement « donner au
suivant », ou plutôt redonner à grande échelle ce qu’un regretté
ami et collègue traducteur, Martin Trudel, m’avait mis entre les mains
en 1976, soit « mon » premier San-Antonio : Vas-y, Béru! Si rire
tout seul dans le métro ou dans votre lit – au côté de votre conjoint ou
jointe endormi(e) – ne vous effraie pas, faites-vous ce plaisir : allez
sans tarder vous « cri » (quérir) Le Standinge à la biblio de vot’
coin, oubedon chez votre libraire favori. J’attends vos mercis!

L’homme préférait voir s’aligner les mots sur une feuille de papier
plutôt que sur un écran d’ordi.