un guerrier de la dignité

Un (bon) mot à Pierre Vadeboncoeur

 

Sereine suite des mondes, Henri Salvador !

 

Monsieur V,

 

 

Réf. : Le recueil de textes de PV dont fit état Michel Lapierre dans Le Devoir du 9 février 2008

 

 

Je visiterai cet ouvrage comme on parcourt, avec intérêt, une contrée mécon­nue de son propre pays. Ce qui à la rigueur peut se révéler excu­sable, n'est-ce pas, lorsqu'il s'agit en l’occurrence – équivalant à quarante fois la Suisse pour une popu­lation à toutes fins utiles identique – du dix-septième terri­toire national en impor­tance au monde.

 

Et ce, tant au plan de sa superficie que de la puissance de son économie.

 

Et ce en dépit aussi, et en quelque manière contre toute logique historique, de nos lourdes et sécu­laires entraves – tantôt structu­relles, tantôt conjonc­tu­relles. Et nonobstant que celles-ci, en notre temps, se nommas­sent Alain Dubuc ou André Pratte (Propa­gande Canada adossée à une docile et défé­rente francité, le tout sous couvert de l’« analyse » et de la « réflexion »), Jean Charest (Subordi­nation princi­pielle des intérêts du Québec aux intérêts canadiens), France Boucher (l'Office québé­cois de la langue française sciem­ment captif du ‘pays’ dudit monsieur Charest), Jocelyn Létour­neau (Édulco­ration de l'Histoire nationale au service de l’amnésie program­mée et de l'igno­rance consentie) ou Beryl Wajsman (Les légen­daires jouis­sances du « Québec Bashing » dans les pages ou de The Gazette de Mount Treal, ou du Suburban du West Island).

 

Aussi est-il encore permis, avec ce regretté Britannique (!) qui naguère accom­pagna sans doute votre jeune adulteté, monsieur, de se dire : Imagine !

 

Car vous êtes de ces hommes, Pierre Vadeboncoeur – à l'instar d'un Gilles Vigneault ou d'un Jacques Parizeau, par exemple –, dont la blanche cheve­lure (c'est devenu une marotte chez moi) constitue l'indice, voire le 'chiffre', de la véri­table jeunesse.

 

Je veux dire en cela : cette jeunesse inextinguible qui s'incarne à vie – et à la mort – chez l'authen­tique guerrier de la dignité.

 

(cela dit, il est vrai que la jeunesse aux cailloux rasés de notre époque ferait plutôt figure, actuel­lement, chez la gent mascu­line à tout le moins, d'autant de Samson émas­culant leur pilo­sité avec frénésie ; d'autant plus qu'elle sait majorer l'ano­mie consé­quente, cette belle jeu­nesse fière­ment dépour­vue du plus discret folli­cule en brous­saille à la Bourgault, d'une cécité volon­taire et sciem­ment entre­tenue que rappel­lent avec force osten­tation ces lunettes super­fé­tatoires sommeil­lant sur une calotte crânienne sans yeux)

 

Citoyen Vadeboncoeur, je vous salue avec respect et reconnaissance.

 

Jean-Luc Gouin,

un Québécois en Tunisie, ce 13 février 2008

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