Presse, Ploutocratie, Oligarchie et Propagande
De la suggestion à la sujétion chez
Gesca (ou ailleurs…)
À mes compatriotes
Luc Lavoie
(Québécor) et
André Pratte
(Gesca / LaPresse)
Point d’ancrage :
Collectif, « Manifeste
pour une information de qualité »,
Le Devoir du 26 janvier 2008 (également chez
Vigile)
Il m'apparaît franchement
symptomatique qu'aucun représentant du groupe
Gesca
n'ait daigné apporter son écot à cette prise de position publique
pertinente, et hautement appropriée dans le contexte actuel de la
mainmise sur l’information par un très petit nombre d’individus, au
reste influents et tous bien nantis du portefeuille.
Quand on sait (car il s’agit bel et bien
en l’occasion de « faits éditoriaux » récurrents à demeure au fil des
ans, et des décennies, et non point de vagues impressions plus ou
moins étayées) combien ce puissant conglomérat de presse n'est plus,
dans le cadre de la sempiternelle « Question nationale », qu'un
vulgaire organe de « promotion » de la canadian Confederation,
et qu’en outre il voue son équipe éditoriale (d’une proverbiale
fidélité aux intérêts de la maison) à la banalisation permanente de
cette dite Question québécoise, et ce jusqu’au déni
systématique de tout problème réel ou sérieux, il ne faut pas
s’étonner en effet, et en dernière analyse, que toute volonté
d’information éclairée et honnête, et qui soit au surplus la plus
objective possible, ne se voit pas susceptible de séduire ce
groupe d’intérêt ou de figurer – tout « citoyen » corporatif qu’il
fût par ailleurs – sur la liste de ses « priorités d’entreprise ».
À titre d’illustration « immédiate » de
cette politique du déni (et d’orientation massive de l’opinion, par
voie de conséquence), je signalerai le « formidable » travail
accompli dans La Presse – à la faveur des dernières semaines et
en regard au contentieux linguistique québécois – par les André Pratte,
les Lysiane Gagnon, les Alain Dubuc (et autres Yves Boisvert, pourtant
habituellement moins primaire, ou obstinément idéologique, que ses
collègues de la rue Saint-Jacques dans les dossiers de cette
catégorie), voire les Salvet et les Marissal du Soleil, en
capitale nationale, qui ne dédaignent pas non plus à l’occasion, on le
voit de nouveau, participer activement de cette harmonieuse « pensée
unique » qui, il faut bien le dire, n’est pas sans rappeler The Brave
New World d’Aldous Huxley.
M’enfin… nationale.
Ouvrons une parenthèse. Plus depuis que le ministre
Philippe Couillard
– ce grand homme investi, comme chacun sait, d’un haut sens de l’État et
de la nation – a estimé que cette graphie occupait trop d’espace sur les
affiches aux abords de la Cité ainsi que dans les entêtes des courriers
officiels. French Canadian un jour, French Canadian
toujours. Fût-on aller jouer du scalpel jusque dans les sombres
officines de la saudite Arabie. Désolant. Déprimant. Bien sûr. À
pleurer. Mais refermons tout de même la parenthèse. Pour l’heure.
Et c’est sans compter,
revenons à Gesca/La Presse et alii, les « arrivages »
extérieurs (?...) enclins à conforter ponctuellement les positions
de ladite maison. Lesquels arrivages, incidemment, se voient toujours
publiés (c’est infaillible !) en grand nombre et en priorité par
opposition aux opinions divergentes (dont les versions originales
proposées, pour leur part, et comme pour ajouter l’insulte à l’injure,
se retrouvent le plus souvent tronquées et/ou édulcorées en quelque
manière). Ainsi, cette longue
lettre fort bavarde et lénifiante à souhait
produite dans les dernières heures dans les pages de La Presse,
qui ne contient aucun argument structuré, rationnel ou nouveau
susceptible d’enrichir le débat, et qui est signée par nul autre que
cet équipier de
Secor,
monsieur
Marcel Côté
(et tant pis au passage pour la réputation de la firme « conseil »,
qui de la sorte témoigne que le flatus voci conserve ses adeptes
jusqu’aux plus hauts échelons de l’entreprenariat) – cet idéologue
« québécois » bien connu du Canada first and foremost qui n’en
est plus, hélas, à un geste ridicule près en dénonçant cette fois-ci
le parti pris (!) des chercheurs dont les conclusions, pour le coup,
ne confirment guère les préférences « intellectuelles » de ce
pourfendeur infatigable de la libération nationale du Québec. À sa
décharge il faut dire que le tir sur l’ambulance a de tout temps, et ce
depuis de nombreuses décennies, constitué une activité fort prisée
par la « colonie » des ami(e)s de ce monsieur.
Bref et en clair, et je terminerai
là-dessus, un organe dit d’information (et de réflexion comme par
surcroît) de la nature de Gesca m’apparaît – et je soupèse ici
mes mots avec rigueur et minutie – constituer une honte au sens fort de
ce vocable dans une démocratie du type dont se targue le
nevermine-country des Jean Charest et des Stéphane Dion.
Jean-Luc Gouin
29 janvier 2008