dimanche 23 août 2009

TLMEP à la radio? Mille fois non merci!

          La crème glacée, c'est vraiment délicieux, on en convient tous. Idem pour les gros cornichons bien croquants. Mais les deux servis dans le même plat : ouache! beurk! et pouah! Par cette métaphore gastronomique, ou plutôt par ce cauchemar pour papilles gustatives, je désire illustrer une vérité de La Palice : « Deux bonnes choses, une fois amalgamées, ça n’en donne pas forcément une meilleure, bien au contraire! »

          Où veux-je en venir? À ceci : mêler radio et télé, ce n’est pas une bonne idée! Début 2006, certains bonzes radiocanadiens avaient songé à « montrer » à la télé le morning man le plus « écouté » de la radio : René Homier-Roy. Ouais, radio et télé servis en simultané! Ainsi, on voulait nous proposer, que dis-je, nous imposer un C’est bien meilleur le matin en version Son et Image. « Non, pitié! » que je criais in petto. Allah fut grand, et l’idée fut écartée. OUF! On l’avait échappé belle! Mais pour combien de temps?

          Trois ans et demi plus tard, je demeure tout aussi réfractaire à une radio littéralement visible. « Écoutez pour voir!» qu'on nous dit depuis des années, à la radio de Radio-Canada. Eh bien, justement, il me suffit d'écouter pour voir. La radio télévisée, ce n'est déjà plus de la radio – de la vraie radio, s’entend –, ni tout à fait de la télé digne de ce vocable. Une radio animée se doublant d'une télé statique, un hybride mal né, une sorte d'entre-deux indigeste, voilà ce qu'on a déjà songé à nous faire avaler au petit-déjeuner, moment où nous sommes pourtant le plus en appétit! C’est sûr : je n’aurais pas regardé cette radio-là, ni écouté cette télé nouveau (?) genre…

          Car il faut bien s'en rendre compte : une radio qui ose se montrer à la télé, c'est une radio qu'il faut essayer d’« adapter » à la télé. La présence en studio de caméras – fussent-elles ultralégères et mobiles à souhait –, ça se sentira toujours à la radio, et, surtout, ça s'entendra!

          Ma plus grande crainte dans tout ça? Il n’y a pas de pub à la « radio-Canada », alors qu’il y en a en masse à la « télé-Canada ». À votre avis, il se passerait quoi si la radio décidait de se faire voir? Poser la question, n'est-ce point y avoir déjà répondu?

          Tenez, je « vois » ça d'ici : la grande Insatiable (lire : la publicité) qui pousse sournoisement un premier tentacule par la porte ainsi entrouverte par des gestionnaires affamés. Ce qui commencera en douce par de brèves capsules et d’innocents messages clins d’oeil dégénérera bien vite en sarabande style party Molson Ex Light – de quoi nous « meubler », en douleur autant qu'en couleur, quelque vingt minutes de chaque heure… MINIMUM! Ça vous « déflaboxe » une intimité radio, ça, m’sieu-dame!

          Vous me voyez venir de loin avec mes gros sabots, j’imagine…

De « m’as-tu-vu » à « m’as-tu-écouté »…

          Et si l’on inverse le processus, c’est-à-dire que l’on place le cornichon sous la crème glacée plutôt que dessus, est-ce que ç’a meilleur goût? Pas sûr, hein?! Alors, un Tout le monde en parle (TLMEP) dont on élargit l’auditoire en lui ouvrant le micro de la radio, ça me coupe l’appétit net!

          Comme il n’y a jamais eu de pub à la « radio-Canada », est-ce que ça signifie qu’il n’y aura plus d’annonces à la télé pendant TLMEP, afin de ne pas indisposer les indéfectibles « auditeurs » de mon espèce, pour qui une radio libre de tout pub est un principe sacré? Voyons donc! À part moi, y a-t-il quelqu’un d’assez naïf pour rêver pareil scénario?

          De grâce, ne faites pas entrer le loup aux grandes dents (la pub) dans la bergerie! Et le cheval de Troie, ça vous dit queq’ chose? L’incursion de Guy A. Lepage à la radio de Radio-Canada, par la grande porte SVP, constitue un dangereux précédent! Guy A. passant de « m’as-tu-vu » à « m’as-tu-écouté » : tout le monde va en souffrir! En raison de la voix nasillarde du bonhomme (un canard enroué, c’est pas très « audiogénique »)? Peut-être un peu. Mais à cause surtout d’une inéluctable défloration, par la publicité, de nos seules ondes radio encore « vierges ».

          C’est pas sorcier : pour « écouter » TLMEP, va falloir nous farcir vingt minutes de pub, d’annonces maison ou de chansons tronquées par heure de radiodiffusion. Est-ce là l’inévitable prix à payer en temps de crise?

          Alors, Guy A. et son TLMEP… à la radio itou? Désolé, mais même pas question pour moi de laisser la chance au coureur! Dites, avez-vous seulement jamais « vu » la foulée d’un coureur contraint d’enfiler une paire de palmes, ou, pis encore, « entendu » les déplaisants « flic-flac » qu’il produit immanquablement en se déplaçant ainsi chaussé? Chacun ses ondes, les « performances » seront sauvegardées, pourrait-on dire. Y’a des mélanges de genres à éviter. La bonne télé ne fait pas nécessairement de la bonne radio, et vice-versa! En un mot comme en mille images, radio télévisée et télé radiodiffusée ne sont pas plus appétissantes l’une que l’autre!

          À bon « entendeur »… et à bon « regardeur », salut!

 

Jean-Paul Lanouette

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