dimanche 02 décembre 2012
Daniel Breton:
un lynchage politique honteux et
mesquin
par Robert
Barberis-Gervais
Ils ont obtenu la
démission du ministre de
l’environnement Daniel Breton. A
la période des questions suivant
la démission, des membres de
l’opposition libérale et
caquiste avaient l’air de hyènes
assoiffées de sang surtout
Jean-Marc Fournier qui fait
plutôt penser à un vautour.
Ayant obtenu la peau du
ministre, ils visaient plutôt la
première ministre qui aurait
manqué de jugement en nommant
Breton ministre, un des
Québécois les plus engagés et
compétents en environnement et
en développement durable des
richesses naturelles.
Ce fut un
spectacle dégoûtant où Pierre
Paradis lui-même est sorti des
catacombes et où l’ancienne
police Robert Poëti député
libéral s’est montré
particulièrement odieux. Pendant
les trois mois de la crise
étudiante, dans des entrevues
télévisées, Robert Poëti s’est
donné la mission de justifier
tous les agissements de la
police et de les excuser quand
ça devenait trop flagrant que la
police était responsable de la
violence.
Certes, Daniel Breton avait bien
des choses à se reprocher et il
aurait dû payer son loyer : avec
son salaire de ministre, il
était capable de débourser
10,000$ à son ancien
propriétaire. Cette négligence a
fait déborder le vase et lui a
coûté son poste.
En observant l’utilisation qui a
été faite de la morale à des
fins politiques partisanes, deux
citations se sont imposées à
moi. Une qui vient de l’Evangile
: « Que celui qui est sans péché
lui lance la première pierre. »
L’autre qui vient des Essais de
Montaigne : « Il n’est si homme
de bien, qu’il mette à l’examen
des lois toutes ses actions et
pensées, qui ne soit pendable
dix fois en sa vie, voire tel
qu’il serait très grand dommage
et très injuste de punir et de
perdre ». (Montaigne, Essais, 3,
III)
On connaît l’histoire. Les
Pharisiens ont amené à Jésus une
femme qui avait commis
l’adultère. Ils voulaient la
lapider comme l’exige la loi.
Jésus se mit à écrire sur le
sable. Puis il leva les yeux
vers les accusateurs et leur dit
: « Que celui qui est sans péché
lui lance la première pierre. »
Malicieux, l’évangéliste saint
Jean note que les Pharisiens,
piteux, se retirèrent, « les
plus vieux les premiers ». Et
Jésus dit à la femme :« Va et ne
pèche plus ». C’est une des
scènes les plus admirables de l’Evangile.
Quand Jésus chassa les vendeurs
du temple qui avaient fait de la
maison de Dieu un repaire de
voleurs, les Pharisiens
n’aimèrent pas ça.
Il y a un
rapprochement à faire entre les
vendeurs du temple et ceux,
entrepreneurs, ingénieurs,
avocats, fonctionnaires,
collecteur de fonds, politiciens
qui s’enrichissent
personnellement au lieu de
servir la population. Le 4
septembre, on a chassé le
principal responsable Jean
Charest mais le ménage est loin
d’être fini. Ses disciples
libéraux, il en reste pas mal
encore à l’Assemblée nationale.
Ces sépulcres blanchis qui comme
les pharisiens ont voulu lapider
Daniel Breton.
Ce qui m’amène à Montaigne. Les
moralistes à la petite semaine
auraient intérêt à méditer ce
qu’écrit Montaigne. « Il n’est
si homme de bien, qu’il mette à
l’examen des lois toutes ses
actions et pensées, qui ne soit
pendable dix fois en sa vie,
voire tel qu’il serait très
grand dommage et très injuste de
punir et de perdre. » C’est
tellement vrai. Nous vivons dans
un monde imparfait. Daniel
Breton a été pendable au moins
dix fois dans sa vie. Comme bien
d’autres. Mais il serait très
grand dommage et très injuste de
le trop punir au risque de le
perdre.
Il faut que Daniel Breton
continue à se battre pour faire
triompher ses convictions.
Quant à ses accusateurs, est-ce
que le député de Shefford
François Bonnardel qui veut voir
le rapport de sécurité de la
Sûreté du Québec sur Daniel
Breton a fait preuve de jugement
et d’éthique quand, député
adéquiste, il a eu comme
maîtresse pendant un an, une
adversaire politique, la
ministre libérale Nathalie
Normandeau qui a reçu 40 roses
de Lino Zambito ?
Et est-ce que Jean-Marc Fournier
a fait preuve de jugement et
d’éthique quand, ministre de
l’éducation responsable, il a
laissé se faire la dérive de
l’îlot Voyageur qui coûte des
millions aux contribuables?
Dernière heure, André Bélisle,
un compagnon de combat de Daniel
Breton, nous apprend que son ami
ne boit jamais d'alcool, ni
bière, ni vin, ni fort. Alors
quand son ancien propriétaire
frustré de ne pas avoir été payé
l'accuse d'avoir laissé traîner
des centaines de bouteilles de
vin vides dans l'appartement,
c'est du salissage sans
fondement.
(Voir: Vigile.net: "André
Bélisle, Daniel Breton, mon ami
et compagnon de luttes
victorieuses pendant les dix
dernières années" Tribune libre
de Vigile, 30 novembre 2012: "Au
fil des années nous avons gagné
toute nos batailles qui figurent
parmi les plus dures et les plus
déterminantes de l’histoire de
l’environnement au Québec :
pluies acides, loi 22 sur
l’accès à l’information sur
l’environnement, débat sur
l’énergie, Kyoto, Le Suroît,
Rabaska/ Cacouna, poursuites
bâillons/ SLAPP, gaz de
schiste".)
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