dimanche 18 novembre 2012
Tout le reste
est marmelade de pédagogue,
vraiment?
par Robert
Barberis-Gervais
M. Pierre Foglia,
à propos de votre chronique du
15 novembre, jour mémorable, (
36è anniversaire de la victoire
du Parti québécois en 1976) Les
Coquelicots, je vous fais part
de ma réaction. Vous écrivez:
"le véritable enseignement est
la transmission de
connaissances. Tout le reste est
marmelade de pédagogue."
D'accord pour la
transmission de connaissances.
Mais voici trois
exemples pour vous donner
l'occasion de nuancer votre
opinion sur la "marmelade de
pédagogue" en vous prouvant que
"tout le reste" a son
importance.
J'ai été professeur de
littérature au cégep de
Sorel-Tracy pendant 36 ans.
Voici le fruit de mon expérience
par trois exemples.
1- Les étudiants arrivent du
secondaire. Au programme: La
Princesse de Clèves de Madame de
La Fayette. Ça se passe au 16è
siècle. Mes collègues me disent:
es-tu fou? C'est trop difficile.
(Même Sarkozy n'y comprend
rien.)
Il y a 4 chapitres dans ce
roman. J'ai formulé 10 questions
sur chaque chapitre. De bonnes
questions. Par groupe de 2
élèves, en classe, on cherche
les réponses aux questions. Je
suis même allé jusqu'à leur
indiquer la page précise où se
trouvait la réponse. Ils ont
fait une analyse littéraire sur
un extrait.
Résultat: ils ont lu le roman,
l'ont compris et même apprécié.
Le prof d'éducation physique
Robert Gagné me dit: "Robert,
tes élèves discutent de la
Princesse de Clèves en culottes
courtes. Mme de Chartres
a-t-elle bien fait de dire non
au duc de Nemours?" (c'est la
gloire...)
2- Le Misanthrope de Molière.
Célimène flirte avec quatre
hommes en même temps. Cassette
vidéo. Je me dis quelle aubaine!
la pièce jouée par la Comédie
française.
Je m'aperçois qu'après une
demi-heure l'attention baisse.
Comment faire pour capter leur
attention? Alceste est jaloux.
Je leur demande de trouver dix
signes physiques que Célimène
préfère Alceste. Attention
décuplée.
3- On étudie l'Amélanchier du
docteur Ferron. Je leur montre
un film sur le Dr Ferron. On
voit la personnalité de
l'auteur. Je suis obligé de les
motiver en leur posant six
questions précises dont la
réponse se trouve dans le film.
Selon mon expérience de 40 ans
comme enseignant, je vous dis
qu'il ne faut pas opposer
transmission de connaissances et
pédagogie. Je vous le dis au nom
de tous les enseignants passés,
présents et futurs. Il y a aussi
évidemment la personnalité du
professeur qui est primordiale.
On ne peut séparer le contenu de
vos chroniques (les
connaissances) de la manière
dont vous vous y prenez pour
faire passer votre message:
votre marmelade de chroniqueur a
son importance.
J'ai le plaisir
de vous saluer.
Robert Barberis-Gervais,
Marie-Victorin, 15 novembre 2012
p.s.
A cause de vous,
j'ai lu "la fiancée américaine"
d'Eric Dupont. Bonne lecture
mais avec des longueurs. Quand
j'ai vu la couverture de la
deuxième impression avec votre
nom en gros caractères, "un
grand bonheur de lecture, Pierre
Foglia", j'ai été surpris en me
disant: ça été fait sans
demander la permission à Foglia,
j'en suis sûr. Vous le
confirmez. Mais pour le
marketing, c'est excellent.
Votre modestie qui est immense
vous impose que vous râliez.
Je trouve que
l'éditeur d'Eric Dupont, Mélanie
Vincelette de la maison Marchand
de feuilles est très
sympathique. Je vais bientôt lui
envoyer une copie de "La
Gibelotte et autres essais"
quand j'aurai fini de relire
(processus infini...). A suivre.
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