mercredi 24 octobre 2012
Pour une fois,
Pierre Foglia parle sérieusement
de politique
par Robert
Barberis-Gervais
Règle générale,
le célèbre chroniqueur parle de
politique d’une façon désinvolte
sans trop s’attarder sans doute
parce que ce qui s’y passe n’est
pas toujours pour lui digne
d’intérêt. Comment le blâmer
après neuf ans du règne de Jean
Charest.
Or ce samedi 20
octobre, Pierre Foglia a parlé
sérieusement de politique. Sa
chronique s’intitule : "La bombe
Malavoy".
A propos de l’apprentissage
d’une langue étrangère, il se
déclare d’accord avec madame
Malavoy sur ceci : "ce n’est pas
une bonne idée d’apprendre une
autre langue avant de maîtriser
minimalement la sienne. (…) Me
voilà tout content que revienne
la théorie des fondations avant
de construire le deuxième
étage."
Mais ce qui est surtout digne
d’intérêt, c’est le bilan global
qu’il fait des premiers 45 jours
au pouvoir du Parti québécois.
Le Sorel-Tracy magazine a publié
mon article intitulé : "vous
avez dit : improvisation ?" Avec
comme surtitre : somme toute un
bon gouvernement. Or c’est
exactement le même jugement que
porte Pierre Foglia et pour les
mêmes raisons. C’est trop beau
pour être vrai. Après lui avoir
reproché à maintes reprises la
légèreté de ses propos
politiques non appuyés
d’analyses sérieuses, c’est avec
plaisir que, cette fois-ci, je
constate qu'il donne vraiment
son opinion sans
entourloupettes.
Jugez par vous-même. Après
s’être dit d’accord avec Marie
Malavoy qui, selon lui, a eu
raison de parler de langue
étrangère, voici le bilan qu’il
fait des premières semaines
d’exercice du pouvoir du Parti
québécois.
Voici ce qu'écrit Pierre Foglia
(…) elle vous énerve tant que
cela, la valse hésitation du
gouvernement Marois ? (ndlr :
ici, il y a contestation du
cliché de l’improvisation). Bon,
il y a eu l’abolition et le
rétablissement de la taxe santé,
mais à part ça ? (ndlr : dernier
sondage Léger Marketing : 62%
considèrent que le dossier a été
mal géré et 21% bien géré mais
61% accueillent favorablement le
virement et sont en accord avec
la dernière proposition du
ministre des finances)
Le moratoire sur le gaz de
schiste, j’étais très très
content.
L’annulation de la loi contre
les manifs youpi. L’idée de
limiter à 100$ par année la
contribution à un parti
politique, je suis pour.
L’abolition de la hausse des
droits de scolarité, c’est bien
aussi parce que c’était promis.
Le désengagement du prêt pour la
mine d’amiante, parfait. La
fermeture de Gentilly-2, on nous
montre le désarroi
compréhensible des gens de la
région, mais on devrait aussi
dire que la population en
général est largement en faveur.
(ndlr : même sondage : 61% est
en accord avec la fermeture de
la centrale nucléaire et 26% en
désaccord)
Bref, après deux mois, je n’en
attendais pas tant de Mme Marois,
que j’avais trouvée plutôt
louvoyante en campagne. La voilà
élue et la voilà qui fonce. A
gauche toute à part ça…
Si j’avais su, j’aurais voté PQ.
Vous me faites penser, fait
longtemps que j’ai eu des
nouvelles de mes amis de Québec
solidaire. Peut-être qu’eux
aussi vont voter PQ la prochaine
fois." (fin de la citation)
Apprécions son sens de l'humour.
Si vous relisez mon billet :
"vous avez dit : improvisation
?" "somme toute un bon
gouvernement", publié sur STMN,
vous verrez que je dis
exactement la même chose que
Pierre Foglia. C’est une
coïncidence qu’il fait bon de
souligner. Surtout que le
journal où publie Foglia est
vendu à environ 300,000
d’exemplaires le samedi et que
Foglia est beaucoup lu. Ça fait
changement après tout le
négativisme entendu sur ce
nouveau gouvernement.
Après avoir appelée la chef du
Parti québécois "ma tante
Pauline", vous aurez remarqué
que le grand amateur de vélo
montre un certain respect pour
Madame Marois. Un respect
hautement justifié.
Pierre Foglia qui fait de
l’analyse politique sérieuse,
c’est un jour à marquer d’une
pierre blanche.
J’en profite pour le remercier
d’avoir attiré notre attention
sur le roman québécois "la
fiancée américaine" qui vient de
paraître où l’auteur Eric Dupont
né à Amqui montre une verve
intarissable comme raconteur
d’histoires abracadabrantes.
p.s. Je ne me mêle peut-être pas
de mes affaires, mais après
avoir lu l'opinion de mon ami
Paul Martin, ex-confrère au
cégep et celle d'André
Mandeville qui soulève de bonnes
questions dont il va falloir
tenir compte, je penche du côté
de l'opinion très articulée de
Jocelyn Daneau après avoir lu
les interventions de Sylvain
Simard et d'Elaine Zakaïb. Si
j'avais le droit de vote, je
voterais OUI au référendum du 28
octobre 2012. Du point de vue de
l'information, STM a fait un bon
travail journalistique: les deux
points de vue se sont bien
exprimés. Le progrès de Sorel
exige des investissements: il
faut prendre des risques pour
éviter la stagnation. Avec
l'attitude des opposants, il n'y
aurait pas eu de projet de
construction de l'amphithéâtre
de Québec. Ce n'est que mon
opinion et c'est vu de
l'extérieur, ce qui peut
impliquer des inconvénients mais
aussi des avantages.
robert barberis-gervais,
vieux-Longueuil, 23 octobre 2012
|