lundi 19 août 2013
Philippe
Couillard et le mythe du Parti
libéral, parti de l’économie
par Robert
Barberis-Gervais
Si la journaliste
de Radio-Canada Martine Biron
avait été en devoir pour couvrir
le discours de clôture de
Philippe Couillard au congrès
des jeunes libéraux en fin de
semaine dernière, elle aurait
dit : « Maintenant que Philippe
Couillard a remplacé Jean
Charest à la tête du Parti
libéral, on se serait attendu à
un ton plus civilisé. Mais, au
contraire, le chef du Parti
libéral a montré beaucoup de
hargne dans ses attaques contre
le gouvernement du Parti
québécois ».
Martine Biron a été blâmée pour
avoir prononcé ce jugement de
valeur sur un discours de
Pauline Marois : ses propos ont
été considérés par l’ombudsman
de Radio-Canada Pierre
Tourangeau comme non conforme
aux normes journalistiques. Mais
pour apprécier la pertinence de
cette décision de l’ombudsman,
il peut être éclairant
d’appliquer à Philippe Couillard
les qualificatifs utilisés par
Martine Biron à propos d’un
discours de Pauline Marois
prononcé au Conseil national du
Parti québécois, donc d’une
réunion partisane comme celle
des jeunes libéraux.
Laissons de côté la civilisation
et la hargne bironienne, et
examinons le contenu des
attaques du nouveau chef du
Parti libéral contre le
gouvernement Marois. Notons en
passant que les rédacteurs du
discours de Couillard sont
certainement les mêmes qui
rédigent les questions que les
libéraux posent à la période des
questions à l’Assemblée
nationale. On reconnaît leur
style inimitable fait de
raccourcis démagogiques oublieux
du « record » libéral, en
français, du bilan gouvernement
Charest pendant plus de neuf ans
caractérisé essentiellement par
le déficit caché de 1.6 milliard
dont a hérité le gouvernement
Marois, par la corruption
encouragée à tous les niveaux
par le délai de deux ans avant
la création de la Commission
Charbonneau et par les
nominations partisanes à la
tonne.
Les promesses du Parti québécois
en campagne électorale ont été
faites dans la perspective d’un
gouvernement majoritaire.
Quiconque oublie ce détail qui
n’en est pas un se place dans
une position qui ouvre la porte
à toutes les démagogies faciles.
Et toutes les oppositions
libérales, caquistes et
solidairistes ne s’en privent
pas. Sans oublier ceux qui se
qualifient de « vrais
indépendantistes » et qui nagent
dans la politique fiction. A
cette cohorte d’opposants, il
faut ajouter maintenant les
écologistes anti-pétrole qui se
préparent à faire une lutte
féroce aux projets d’oléoducs
que le gouvernement Marois est
en train d’évaluer sans oublier,
éventuellement, les projets de
Pétrolia sur l’île d’Anticosti.
Philippe Couillard ne peut aller
sur ce terrain des oléoducs
puisqu’il les approuve. Alors,
il reproche au gouvernement
Marois de ne pas avoir tenu sa
promesse d’abolir la taxe santé.
Or, la taxe santé est une taxe
libérale. Et l’opposition
libérale a fait barrage à
l’abolition de cette taxe pour
2012 en s’opposant à la
condition de la réalisation de
cette promesse, soit
l’augmentation des impôts des
plus nantis en 2012. Elle a jeté
en effet les haut cris contre
cette hausse d’impôts parce
qu’elle aurait été,
disaient-ils, rétroactive. Quand
il énonce ce reproche sur la
taxe santé, Philippe Couillard
n'est pas très crédible. Comme
lorsqu'il reproche au
gouvernement de vouloir
augmenter les tarifs
d’électricité…comme les libéraux
voulaient le faire.
Après s’être fait traiter
d’apprenti-sorcier par Michel
David du Devoir sur le sujet de
l’acceptation possible par le
Québec de la Constitution de
Trudeau de 1982, Philippe
Couillard a eu la sagesse de ne
pas parler de Constitution. Il a
donc répété ce mythe
soigneusement entretenu du Parti
libéral, parti de l’économie et
parti créateur de la richesse
nécessaire pour financer les
programmes sociaux.
Ses sbires ont inventé une
formule : "au parti libéral, on
a le coeur à gauche, le
portefeuille à droite".
Le Parti libéral est certes le
parti de l’économie avec les
coûts augmentés de 30% pour tous
les gros travaux
d’infrastructures à cause de la
collusion et de la corruption
comme le démontrera bientôt le
Commission Charbonneau quand
elle abordera le chapitre du
Ministère des Transports. On a
bien hâte de voir monsieur Béton
Franco Fava de Québec passer
devant la Commission : ce que
nous avons vu de lui à la
commission Bastarache est
prometteur.
Le Parti libéral est certes le
parti de l’économie, on l’a vu à
l’occasion du fiasco de
l’exploration des gaz de
schiste, fiasco admis par
Monsieur Gaz de schiste
lui-même, Lucien Bouchard.
On l’a vu par la crise sociale
volontairement provoquée par
Jean Charest pour déplacer le
centre d’intérêt des électeurs,
de la corruption vers les
étudiants. C’est sûrement le
parti de l’économie, ce parti
qui par sa stratégie
d’affrontement avec les
étudiants, a coûté 90 millions
de dépenses causées par la crise
du printemps érable. Sans
compter les sommes considérables
perdues par les restaurants et
les commerces à cause des
manifestations et de la violence
parfois encouragée par des
actions policières.
Philippe Couillard se prépare
aux élections. Il ne se
présentera pas dans un comté
avant les élections générales.
Le Parti libéral est responsable
de l’existence de la taxe santé
et le Parti libéral voulait une
augmentation des tarifs
d’électricité. Alors, docteur
Couillard, ces reproches faits
au Parti québécois ne tiendront
pas la route longtemps. Quand au
Parti libéral, parti de
l’économie, c’est un mythe qui
est facile à dégonfler.
Ça prendra plus que ces attaques
sur le gouvernement Marois qui
vont lui revenir dans la face
comme un boomerang pour nous
convaincre que le Parti libéral
a du coeur. Qu’il ait son
portefeuille à droite, ça on le
savait.
En terminant, le nouveau Parti
libéral s’enveloppe d’un manteau
de solidarité en proposant de
réserver de nouvelles places en
Centre de la petite enfance (CPE)
aux familles défavorisées. Sur
les garderies, le Parti libéral
essaie de se refaire une vertu à
peu de frais après le patronage
éhonté des ministres Tony
Tomassi et Michelle Courchesne,
sans souci des besoins réels et
sans respect des normes, en
faveur des garderies privées en
échange de financement du Parti
libéral.
Les propositions vertueuses des
jeunes libéraux ne nous feront
pas oublier le passé libéral sur
les garderies comme sur
l’économie. Car la construction,
n’est-ce pas, à 30% de coûts
supplémentaires, ça fait partie
de l’économie…libérale. Ce n'est
pas moi que le dis c'est Jacques
Duchesneau qui a eu récemment
l'élégance de féliciter la
première ministre pour son
intervention rapide au
lac-Mégantic et sa compassion
envers les sinistrés. Selon des
analystes politiques, cette
nouvelle image de Pauline Marois
devrait lui valoir une
augmentation de 7 ou 8 % dans le
prochain sondage
Léger-Marketing.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
lundi 19 août 2013
barberis@videotron.ca
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